Concernant Goliath. Le Goliath de la Bible. Celui qui s’est fait tuer, un caillou à la tête, par David. Le géant. Goliath de Gath, quoi.
S’il n’était pas le géant sanguinaire qu’on se plaît à imaginer depuis toujours.
Si, en fait, Goliath de Gath, c’était un chic type?
Le genre de personne qui ne se voit pas, qui ne s’est jamais vu, porter l’arme et l’armure. Qui ne s’est jamais imaginé au combat… Le genre de personne qui se trouve mieux dans la paperasse, dans la gestion, dans des tâches administratives.
Qui, sans sa condition de géant, ne serait jamais passé à l’histoire.
Qui aurait été choisi par les Philistins justement, parce qu’il était grand. Pour effrayer l’ennemi. Ou parce qu’on estime que, nécessairement, si l’on est grand, on a un vif avantage au combat, quel que soit notre entraînement, notre tracé de vie…
« Je suis Goliath de Gath, héros des Philistins. Je vous lance un défi : choisissez un homme et qu’il vienne se battre contre moi. S’il parvient à me tuer, alors nous vous serons assujettis. Mais si je parviens à le tuer, alors vous nous serez assujettis. » Une rengaine qu’il doit répéter chaque matin. Jusqu’à ce que quelqu’un vienne… Si quelqu’un vient.
Dans son Goliath (chez L’Association), Tom Gauld, vous l’aurez compris, tourne à l’envers le mythe biblique de David et Goliath. Ce n’est pas l’acte héroïque de David qu’on y célèbre. C’est plutôt le destin tragique du géant qu’on relate…
On compte les jours jusqu’à ce que David arrive, jusqu’à ce que l’inéluctable se produise.
On écoute le géant réfléchir à sa condition. Nous partager ses craintes, ses conseils, ses réflexions. Son inconfort et sa tristesse aussi. Ses espoirs…
Un dessin minimaliste. Efficace. Dans sa capacité à suggérer plutôt que de souligner. Un récit bien rythmé, bien pensé. Qui réussit à explorer à fond son concept de départ, à l’exploiter. Un livre bref, également, qui va droit au but… Un moment qu’on aurait, peut-être, aimé prolonger un brin…
Mais bon, reste que cette relecture du mythe de David et Goliath est réussie. Une agréable (et un brin austère) réflexion sur le destin, la vie, la mort…