Le projet était né, dit-on, d’un commentaire Facebook.
Une illustration de Noël postée par Pascal Blanchet. Un commentaire d’India Desjardins signalant qu’elle aimerait bien écrire, un jour, un album de Noël illustré par Pascal Blanchet.
Puis est venue la proposition de La Pastèque d’éditer ledit ouvrage.
Avec le Noël de Marguerite, voilà qui est chose faite.
L’histoire d’une vieille dame qui a peur. Peur de sortir de chez elle. Peur de tomber malade. Peur de se blesser… Peur d’être un fardeau pour ses enfants. Elle préfère passer Noël, seule, dans sa maison, plutôt que de les empêtrer de leur présence. Elle les sait heureux, c’est suffisant.
Une histoire sur la vieillesse, sur l’isolement.
Mais pas une histoire sur la tristesse, cela dit : la dame imaginée par India Desjardins n’est pas à prendre en pitié.
On découvre donc, au fil des pages, son quotidien, sa demeure. Cette dernière, aux couleurs chaudes, devient presque l’un des personnages de l’histoire. Sa taille, accentuant peut-être un brin l’impression de solitude… Son caractère, empli de « vieilleries », de ce genre d’objets qu’on retrouve bien souvent dans ce type de demeures… Son confort, venant apporter une brique au raisonnement du personnage, qui choisit de s’y enfermer, de s’y emprisonner…
Un univers bien rendu par le trait de Pascal Blanchet, qui, après nous avoir offert des récits sans paroles (La Fugue, Rapide blanc) et, plus récemment, un récit porté par la musique (Nocturne), s’attaque ici à un format peut-être plus « classique » de récit illustré. Au fil des pages, le dessin illustre et complète certaines séquences, offre des contres-poids plus humoristique à certains instants plus denses, ou prendra l’avant-plan lors de moments charnières où c’est le regard, c’est l’émotion, c’est l’instant, qui est porteur du récit.
Un récit épuré. À la manière d’un conte de Noël, à la manière d’un conte pour enfants aussi (pour des enfants petits ou grands).
Un travail croisé, entre l’illustrateur et la scénariste, qui mise sur le réalisme dans ses choix narratifs. Rien d’extraordinaire, sinon l’extraordinaire du réalisme. Rien de magique, sinon la magie du quotidien et du hasard qui le peuple. Mis en scène par le trait joyeusement rétro de Pascal Blanchet, qui semble prendre plaisir à explorer une multitude de perspectives pour permettre au lecteur d’explorer cette maison, sous toutes ses coutures, regard de haut en bas, de bas en haut…
Une lecture fort agréable, bien mise en image. Un autre ajout fort respectable au catalogue de La Pastèque, courtoisie de Pascal Blanchet et d’India Desjardins.
Et si vous avez envie d’entendre l’illustrateur parler de ces différents éléments, expliquer, explorer ses choix et ceux de sa collaboratrice, et bien, ci-bas, une courte entrevue (15 minutes environ) réalisée avec lui, au fil de la semaine dernière…