La nouvelle année est déjà bien entamée…
Si bien qu’il n’est presque plus le temps pour les récapitulatifs et les palmarès… Mais bon, in extremis, je me permets de vous partager le mien. Après mûres réflexions, j’ai choisi de le consacrer entièrement à la production faite au Québec (éditée ici ou ailleurs).
Donc, je me lance…
Mentions honorables
- Névada – Première partie, de Xavier Hardy, Fabien Dreuil et Simon Leclerc (Glénat). Un premier tome bien prometteur, à l’ambiance Western bien actualisée, une montée dramatique vers une explosion qu’on attend encore. Une première lancée qui valait certes le coup d’œil, mais qui ne connaîtra malheureusement jamais sa fin, de par les aléas de l’édition.
- Fantastic Plotte, de Julie Doucet (L’Oie de cravan). Une réédition solide de ces planches produite à la fin des années 1980 et au début des années 1990 par Julie Doucet. Des planches incontournables, qui n’ont, pour ainsi dire, pas vieilli. Une occasion de découvrir ou redécouvrir ces récits humoristico-trash d’une artiste au style, à l’époque, déjà très assumé et affirmé.
- L’Amérique ou le disparu, de Réal Godbout (La Pastèque). Une adaptation efficace de ce récit inachevé de Franz Kafka, que nous a offert en début d’année Réal Godbout. Un trait précis et fin. Un dessin classique et détaillé qui vient servir un récit oscillant entre tragique et comique, entre absurde et initiatique.
Voilà pour les mentions honorables…
Et pour mes cinq sélections, voici, dans le désordre…
Poulet grain grain
Alexandre Fontaine-Rousseau et François Samson-Dunlop
La Mauvaise tête
Des intellectuels prennent le chemin de la campagne pour aller y élever des poulets. Après Pinkerton, nouvelle virée réussie d’Alexandre Fontaine-Rousseau et François Samson-Dunlop vers le discursif et le pseudo-intellectualisme.
Un livre volubile que j’ai apprécié tout particulièrement, justement, pour ses échanges et ses dialogues, ses chartes et ses graphiques, ses argumentaires improbables, ses discours aussi absurdes qu’enflammés.
Une BD empreinte d’ironie et d’humour, une critique savoureuse des réflexions de certains bien-pensants et un récit qui fait rire, tout simplement.
Non-aventures
Jimmy Beaulieu
Mécanique générale
Pour amorcer le retour en selle des éditions Mécanique générale, on a proposé ce titre, cette brique : Non-aventures : planches à la première personne de Jimmy Beaulieu.
L’amalgame de ses récits autobiographiques édités (justement) chez Mécanique générale auxquelles viennent se greffer de nouvelles planches, l’ouvrage s’est, pour moi, rapidement imposé comme l’un des incontournables de 2013. Regard introspectif sur la vie, sur l’amour, sur la BD. Plaisirs. Tristesses. Joies. Peines.
Bref, tout ce qui compose la vie dans son plus quotidien. Un autobiographique efficace, maîtrisé, rythmé, qui amène le lecteur à plonger, plein pied, dans l’intimité de l’auteur pour y nourrir sa propre réflexion.
Les Deuxièmes
Zviane
Éditions Pow Pow
Les Deuxièmes, pour moi, je l’ai perçu un brin dans la veine du Apnée que Zviane nous avait offert il y a quelques années chez Pow Pow. Une BD tout en silence, tout en ambiance.
Les Deuxièmes, c’est une BD sur l’intimité, sur fond d’orage et de grisaille. Des planches au fil desquelles ont sent la pluie qui tapotent sur les fenêtres, desquelles ont sent aussi l’aise et le malaise qui émane de ses deux protagonistes. Sur fond de musique, comme à l’habitude. Sur fond de sexe aussi : regard nécessaire pour saisir la nature de la relation entre cet homme et cette femme.
Une création tout en équilibre, au fil d’un trait qui, d’album en album, continue toujours à s’affiner. Un tour de force, Les Deuxièmes? Peut-être. Chose certaine, un album bien réussi, à l’ambiance qui persiste chez tout lecteur un tantinet perméable.
La Colère de Fantomas, t1 : Le Bois de justice
Julie Rochelieau [dessin] et Olivier Bocquet [scénario]
Dargaud
La Colère de Fantomas, c’est mon coup de cœur du début d’année 2013. Retour de Fantomas dans la sphère littéraire, sous la plume du Français Olivier Bocquet et le trait de la Québécoise Julie Rocheleau.
Le scénario? Efficace. Bien habité. Et également plus que bien appuyé par le dessin de Julie Rocheleau. Le lecteur souhaitant des ambiances fortes et saturées y sera servi. Rouges. Noirs. Bleus. Un dessin qui apporte un côté surréaliste, ambiant, glauque par moment, qui vient camper l’univers (un peu cauchemardesque) de la série.
Et qui rapidement vient nous happer, dès la couverture, dès la première page, pour nous plonger dans l’univers de cet antihéros.
Promise, t1 : Le Livre des derniers jours
Mikaël [dessin] et Thierry Lamy [scénario]
Glénat
Je connaissais surtout l’auteur de Québec Mikaël pour son travail sur des séries jeunesse : couleurs vibrantes, ensoleillées… Dire qu’il a réinventé son style graphique pour Promise est un euphémisme.
Pour ce huis clos sur fond de deuil, de sentiments coupables et de possession scénarisé par Thierry Lamy, Mikaël nous offre un trait sombre empreint de grisaille, venant définir ou accentuer l’ambiance proposée par ce scénario dense, rythmé et intriguant.
Un point de départ solide pour une série qui, on l’espère, réussira à garder le momentum entamé par cette lancée.