Ce que Michel Viau a livré avec son bouquin BDQ – Histoire de la bande dessinée au Québec, tome 1 : des origines à 1979, c’est, essentiellement, un ouvrage de référence incontournable.
L’essence du livre, c’est une chronologie, détaillée et fouillée, de l’histoire du 9e art en province. Pas une analyse, cela dit. Non. Une chronologie, tout simplement. Comme le signale-t-il lui-même, au fil d’une discussion que j’ai eu le plaisir d’avoir avec lui (voir plus bas), il s’agit d’un point de départ. D’un inventaire. D’un travail qui pourra en inspirer d’autres – des analyses, des études stylistiques ou artistiques, etc. À ce stade, l’important est de savoir ce qui a été fait, qui l’a fait et quand. Car, jusqu’au lancement de l’ouvrage, il n’existait pas, à ma connaissance, d’ouvrage aussi exhaustif sur la question.
Bien entendu, tout ça n’est pas arrivé de nulle part : après tout, le point de départ de BDQ, c’est la somme du travail accompli par Michel Viau au fil des 20 dernières années. Un travail utile, pertinent, intéressant, certes, mais également disséminé çà et là, au fil des publications, des magazines… Un travail qui méritait, donc, de se trouver uni dans une même brique : félicitations d’ailleurs à l’initiative du journaliste Jean-Dominic Leduc et de sa boîte d’édition Mém9ire de ce côté.
Sa chronologie, Michel Viau la débute en 1759. Pourquoi? Simple : avant, il n’y avait pas d’imprimerie en Nouvelle-France. Un interdit, en fait, en matière de publication, me disait-il. Et après? Des caricatures, essentiellement. D’abord entre collègues militaires, puis dans la presse canadienne… Il faudra attendre un brin pour trouver les traditionnels phylactères… Et attendre un peu aussi pour tomber en format « strip », retrouver les cases BD traditionnelles. Au Québec, il faudra attendre aussi un peu plus longtemps pour trouver les premiers professionnels (Albert Chartier, premier caricaturiste, qui gagnait sa vie uniquement de la caricature). Et encore un peu plus pour finir par trouver une véritable professionnalisation de la bande dessinée telle qu’on la connaît aujourd’hui (amorcée, justement, avec le magazine CROC en 1979 – d’où le choix chronologique du livre) (petite mention au passage – si vous voulez retomber, en aval ou en amant de la lecture de BDQ, Viau et Leduc ont d’ailleurs livré l’automne dernier le plus qu’honorable Les Années CROC sur l’histoire du magazine).
Évidemment, échanger autour de tels titres, c’est aussi, d’une certaine manière plonger dans l’histoire qu’ils racontent, dans les faits, dans les anecdotes.
Plutôt que d’écrire in extenso sur la question, j’ai plutôt pris un petit moment (un peu plus de 20 minutes) pour échanger avec lui. Pour dresser, justement, les « faits saillants » de cette chronologie qu’il propose au fil de BDQ. Voici le résultat :