Vous avez sûrement vu le film passer, en avril dernier : le mythe de Noé, dans sa version imaginée par le réalisateur et scénariste Darren Arronofsky.
Peut-être avez-vous eu l’occasion de lire au fil des dernières années la version « bande dessinée » du projet, au fil de ses quatre tomes : Noé, scénarisée par Darren Arronosfky et Ari Handel, dessinée par Niko Henrichon. Des sorties successives chez Le Lombard qui ont culminées, en avril dernier (également), par la publication du dernier volume ainsi que d’un intégral. Un projet initié depuis déjà quelques années donc – avant même que l’adaptation cinématographique devienne réalité – pour laquelle l’équipe d’Arronfosky avait choisi d’approcher le Montréalais Niko Henrichon, qui venait tout juste de s’illustrer avec son Pride of Baghdad chez Vertigo.
À l’époque, on lui avait fourni le scénario initial. Et quelques éléments visuels développés pour l’éventuel projet cinématographique. Puis s’est enclenchée une démarche en parallèle : d’un côté, Arronosfky et son équipe planchant sur ce qui allait devenir le film, de l’autre, Henrichon, qui lui planchait sur l’adaptation BD, la mise en scène et en image, du récit. Travail en parallèle, avec écho d’un côté comme de l’autre, permettant aux uns de profiter de l’inspiration des autres, amenant l’équipe de design du film à solliciter quelques planches du quatrième tome (alors en travail) pendant qu’il planchaient sur le visuel du film.
Noé, version Arronosfky et Henrichon, c’est un détournement du récit biblique. Qui vient en remplir les vides. Qui vient aussi l’amplifier. Le plaçant dans un univers parallèle au nôtre, à saveur pré-apocalyptique autant que post-apocalyptique. Un récit à saveur épique autant qu’intimiste. Dans lequel le climax n’est pas l’issue d’une grande bataille, mais plutôt de nature psychologique… Une montée dramatique vers l’intimiste, vers un quatrième tome tout en tension, tout en enfermement. Cela, dans le cadre d’une série qui gagne à être lue coup sur coup, en version intégrale, pour profiter autant de ce crescendo que de l’évolution du récit, d’un premier tome aux abords plus conventionnel, vers le détournement attendu et annoncé du mythe.
À retardement sur la sortie de l’intégrale autant que du film, j’ai eu l’occasion d’échanger avec Niko Henrichon (maintenant établi en France) autour de son travail sur Noé et de sa collaboration avec Darren Aronofsky. Le résultat dure un peu plus d’une vingtaine de minutes :