BloguesLa vie en BD

5 BD québécoises à lire d’ici la rentrée

La saison estivale est presque terminée : fidèles à leur habitude, les vacances de la construction en annoncent la dernière ligne droite.

En route vers la rentrée, quelle BD québécoise auriez-vous dû lire au fil de l’été?

Afin de répondre à cette épineuse question, je vous soumets donc, ici, mes cinq sélections. Mais attention : j’y vais sous le (très, très vague) critère « lecture d’été. » Qu’est-ce que j’entends par là? Une lecture pas trop sérieuse, qui se lit bien en terrasse ou sur le bord de la piscine, un thé glacé à la main (ou tout autre breuvage que vous jugerez pertinent). Avec, évidemment, toutes les autres qualités qu’on attend d’une bonne bande dessinée. Ah oui : et des sorties récentes aussi. Pas plus  loin que novembre 2013 (sinon, impossible de vous en proposer seulement cinq!).

J’aime les filles, d’Obom (L’Oie de Cravan)

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Première sélection? On va du côté de L’Oie de Cravan, avec l’excellent J’aime les filles d’Obom (alias Diane Obomsawin). Un must (si vous me permettez l’anglicisme). L’auteure a échangé avec son entourage autour des « premières fois » rattachées à l’amour entre femmes : premier kick, premier baiser, première baise, première rupture, première annonce aux parents, etc.

Il en résulte une série de courtes histoires, drôles ou tristes, toujours justes, racontées efficacement, dans un style aussi direct qu’évocateur. Un trait naïf et animalier, dans la lignée du travail cinématographique ou BD d’Obom, qui vient appuyer le côté humain, sensible, tendre – ou parfois cru – des récits offerts. Des témoignages, exempts de tout côté moralisateur, à lire et à apprécier, pour redécouvrir (ou découvrir, c’est selon) le talent de conteuse de Diane Obomsawin.

 

Glorieux printemps, de Sophie Bédard (Éditions Pow Pow)

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Pour la seconde proposition, faisons le saut chez Pow Pow, question de souligner l’arrivée du quatrième (et dernier tome) d’une série que l’on suit avec plaisir depuis quelques années déjà : Glorieux printemps, de Sophie Bédard. Je parlais de « talent de conteuse » tout à l’heure et je crois que ce qualificatif pourrait, fort agréablement, s’appliquer ici également. Au fil de ces quatre volumes, l’auteure nous entraîne vers la fin de l’adolescence, la fin du secondaire. Les derniers mois qui s’étirent, les amours qui naissent et meurent, les histoires d’amitié, les conflits, et tous ces choix, ces décisions qui les accompagnent…

Au fil de ses quatre tomes, Sophie Bédard nous invite à suivre un petit groupe de protagonistes, filles et garçons. À les suivres, certes, mais surtout, à les connaître. Des portraits réalistes, vivants, riches. Dans un portrait de l’adolescence bien plus dans la lignée des Freaks and Geeks que des Watatatow (si on se limite au médium télévisuel pour le comparatif). Et, en bonus, se lancer dans Glorieux printemps en 2014 implique que vous n’ayez plus à attendre quelques mois pour lire l’intégrale!

 

Chroniques du Centre-Sud, de Richard Suicide (Éditions Pow Pow)

couverture_centre-sudRestons chez Pow Pow pour une troisième suggestion avec l’album Chroniques du Centre-Sud, de Richard Suicide. Un plongeon dans l’univers du quartier Centre-Sud, de Montréal, à la découverte de ses rues, de ses commerces et, surtout, de ces habitants. Un regard sur des vies ponctuées de sorties au dépanneur, de collecte d’objets divers, et d’attente.

Au cœur de l’album, les chroniques du quotidien pas très riche d’un voisin, à une certaine époque, de l’auteur. À la façon d’un anthropologue, il nous présente les mœurs, la réalité de celui qu’il qualifie de « bison bourré. » Un portrait à la fois corrosif et réaliste qui ne tombe jamais dans l’irrespect ou dans le « dîner de cons. » La ligne est peut-être mince, mais Richard Suicide la suit pas à pas, dans un parcours sans faute, appuyé par un dessin un brin chargé et cacophonique qui vient donner une ambiance bien particulière à cet album qui, jusqu’à présent, semble s’imposer comme l’un des incontournables 2014 des sorties BD québécoises.

 

C’est pas facile d’être une fille, de Bach (Mécanique générale)

ACH003445421.1392762995.580x580Ce premier album de Bach nous est arrivé en avril dernier chez Mécanique générale. Première forée papier de l’auteure déjà bien active sur Facebook (vous êtes, quoi, plus de 12 500 à l’y suivre, à l’heure actuelle). Un premier album qui était déjà, disons-le, fort attendu. Et qui, à ce que j’ai pu en lire et en entendre depuis sa parution, à marqué sa cible. Dans la lignée de son travail Web, Bach nous offre avec C’est pas facile d’être une fille un regard amusé et amusant sur les « travers » de la féminité, allant des choix vestimentaires aux aléas des relations homme femme.

Un livre d’abord et avant tout sympathique, qui, on l’imagine, sera reçu différemment selon le sexe du lecteur. Et aussi un travail qui montre déjà une belle maîtrise de l’anecdote autant que du trait. Un dessin efficace et dynamique. Une écriture serrée et directe. Bref, un prolongement bien réussi du travail que Bach nous avait offert sur écran ces dernières années.

 

Le Bestiaire des fruits, de Zviane (La Pastèque)

bestiaire_fruitsEnfin, pour terminer, petite mention au passage (puisque je vous en avais déjà parlé, il y a de ça quelques mois) : Le Bestiaire des fruits, de Zviane (chez La Pastèque). Un petit inventaire BD absolument délectable, de fruits exotiques expérimentés par l’auteur. Chaque dégustation s’accompagne de petites notes, pour donner un caractère « encyclopédique » à cet ouvrage ludique. Chaque séance de dégustation devient l’amorce d’un monologue au fil duquel sont exposées anecdotes et opinions, selon la nature du produit exploré.

Une (nouvelle) occasion de voir le talent de Zviane s’éclater sur les planches. Et une occasion également de profiter de ses délires, parfois tendance absurde. Disons que dans le registre « lecture d’été », il me semblait difficile de tomber plus pile qu’avec Le Bestiaire des fruits… Et, en bonus, si vous êtes fatigués des fraises, framboises et bleuets, ça vous donnera aussi quelques idées (bonnes ou mauvaises).