Cela fait plusieurs années déjà, l’auteur montréalais Karl Kerschl a créé, sur le Web, l’univers de Charles Christopher.
Un univers improbable, à mi-chemin entre l’enfance et l’âge adulte. Un monde peuplé d’animaux parlant, une forêt mystérieuse, dans laquelle habite le personnage éponyme de la série, catapulté en ces lieux. Charles Christopher, une créature façon « Bigfoot » ou « Yéti », pierre angulaire de la série, seul personnage muet parmi une faune plutôt loquace.
Un projet démarré, d’abord, pour le plaisir et la variété. C’est que Karl Kerschl travaille pour les majors américains. Dessine des superhéros. Et, bien qu’il apprécie grandement ce travail, avait soif de variété. Il s’est donc imposé un format – le strip. Il s’est imposé un rythme de création – rapide et instinctif. Et il s’est lancé sur une série parallèle à son travail, question d’exercer autrement sa maîtrise graphique, question de pousser plus loin ses sensibilités narratives.
Un constat s’est imposé – assez rapidement – au fil de l’exercice : c’était bon. Très bon.
Le travail était réalisé en anglais. Des fans se sont empressés de proposer « leurs » traductions, pour rendre la série disponible en d’autres cieux, en d’autres accents. Les Joe Schuster Awards autant que les Eisner Awards en ont reconnu l’excellence.
Et la série s’est poursuivie. Au fil des jours et des semaines. Avec des pauses par-ci, par-là, le temps que les échéanciers héroïques soient comblés.
Et l’univers s’est développé. A dépassé, progressivement, la structure des strips, sans pour autant la changer. La grande histoire côtoie la petite. Des thématiques plus légères sont proposées aux côtés d’autres plus lourdes, plus tragiques… Et cela, toujours autour d’animaux. Dans ce monde où les humains sont absents – ou presque. Il existe bien le chasseur, l’antagoniste tout naturel de Charles Christopher, mais son humanité est cachée sous le masque qui lui sert de visage.
Il y a quelque temps, des collègues d’atelier de Karl Kerschl ont décidé, après avoir lancé une plateforme Web BD (KimiQ.com) de se lancer en édition, sous l’égide du Studio Lounak. Comme pour la portion Web du projet, l’une des premières bandes dessinées qu’ils ont souhaité proposer était L’Abominable Charles Christopher. Avec une traduction française « officielle » (une autre avait été réalisée, dans le passé, par un amateur de la série).
Voilà donc une nouvelle opportunité de se mettre sous la dent, format Web ou papier, ce récit particulier. Un récit qui vaut largement le détour, qui mérite amplement votre temps de lecture. Et deux tomes qui sont disponible au Studio Lounak.
Et question de compléter ce clin d’œil, petite entrevue d’une dizaine de minutes (en anglais) (avec accent approximatif de ma part) réalisée avec Karl Kerschl :