L’auteur BD Yves Rodier (El Spectro, Simon Nian, Pignouf et Hamlet, Purgatoire) abandonne la bande dessinée : voilà ce qu’il a annoncé, via Facebook, ce vendredi.
« Après une longue période de réflexion de quelques années, étant donné l’état actuel de l’industrie de la BD, de la façon dont les maisons d’édition traitent leurs auteurs comme du bétail selon combien ils leur rapportent, et d’une lassitude et d’un désintérêt de ma part vis-à-vis mon travail, j’ai décidé d’abandonner la bande-dessinée. »
Ce faisant – dans la lignée des débats en Europe autour du métier d’auteur BD et de ses conditions, Yves Rodier a, lui aussi, dénoncé la manière de faire, de produire, la BD aujourd’hui :
« Nous vivons maintenant dans une économie de surproduction, ou on nous demande de tout faire de plus en plus vite! Vite! Il faut sortir un nouvel album « sinon les lecteurs vont oublier ». Pourquoi les éditeurs aiment tant les BD dites d’auteur maintenant, c’est qu’elles peuvent être vite dessinées. L’emphase est mis sur « le message » et non sur l’art. Mais je n’ai pas envie d’attaquer ce genre ou un autre en particulier. Comme je l’ai dit, le vrai problème est qu’on demande maintenant de surproduire pour combler une « demande » (fabriquée de toute pièce). »
Au fil de son message Facebook, il explique qu’il ne trouve ainsi plus de place, ainsi, pour lui qui aime « prendre son temps », que ce soit pour la recherche graphique, la composition et le reste.
« Le monde a vraiment changé. Il n’y a plus de gloire au « travail bien fait ». La gloire vient maintenant quand ça rapporte de l’argent à ton employeur, le plus rapidement et le plus souvent possible. Et toujours plus. »
Pour ces raisons – et d’autres également, qu’il explicite dans sa missive – il choisi donc de se retirer.
« C’est une décision que je prends avec tristesse, car faire de la bande-dessinée mon métier était mon rêve d’enfance. Mais la réalité de ce milieu, aujourd’hui, est loin d’être à la hauteur de mon rêve. Je réalise pleinement que je n’ai rien à apporter à la BD d’aujourd’hui. Vaut mieux pour moi arrêter les frais pendant qu’il me reste encore quelques années pour préparer ma vieillesse. »
« J’espère aussi que les rares albums que j’ai produit continueront à apporter quelques sourires à ceux et celles qui les trouveront et les achèteront dans les brocantes et les marchés aux puces… »