Encore cette année, le Comiccon de Québec a connu un beau succès, avec 10 000 personnes au rendez-vous, selon les organisateurs.
Ceux-ci sont là pour explorer l’univers « geek », partir à la découverte de la culture populaire, avec, à l’honneur, les grandes séries de science-fiction, la sphère du manga et du jeux vidéos, ou encore les incontournables comics à l’Américaine. Entre cosplay inspirés et fan art, on retrouve toutefois aussi un autre axe qui, au fil des années, semble devenir également un « incontournable » – la bande dessinée d’inspiration franco-belge.
D’ailleurs, l’organisme Québec BD y avait – tout comme à Montréal cet été – « pignon sur rue », avec un stand dédié aux auteurs de la région de Québec, tels l’équipe de Stat ou encore Mario Malouin.
« C’est sûr qu’un événement comme Comiccon est avant tout dédié à une culture plus américaine, mais étant dans un endroit francophone comme Québec, on s’est dit pourquoi pas faire connaître la BD d’ici, les auteurs d’ici, tant de la province que de la ville? Et ce qui est particulièrement intéressant, c’est de voir les auteurs dessiner, ce les gens aiment bien aussi. Je pense que c’est une belle vitrine pour les auteurs! », explique le Patrick Marleau, responsable du kiosque pour Québec BD.
Il faut dire que, pour certains, le pont se fait de manière tout à fait naturelle : après tout, des éditeurs comme Front Froid ou Studio Lounak, ou des collectifs comme Zidara9, font déjà dans la BD de genre, offre déjà des publications au ton ou au format dans la lignée de ces comics.
« C’est une bonne vitrine pour la BD de genre, ou l’horreur… Et vu que c’est Halloween, avec le public qui se déguise, qui vient visiter aussi l’endroit, qui vient retrouver quelque chose qui lorgne vers l’horreur, ou la science-fiction », explique Rémi Paradis, de Zidara9.
« On est pas mal influencé par le comic book américain, donc pour nous, c’est naturel d’aller dans les Comiccon. On est dans les Comiccon à Montréal depuis que le Studio existe, et pour nous, c’était vraiment une grande opportunité de venir à Québec, parce que, pour nous, justement, ça nous permet de rejoindre un marché qui ne vient pas nécessairement en Salon du livre, ou en festival de BD d’influence plus franco-belge. C’est très agréable de voir que ça se développe à Québec aussi », explique l’éditeur du Studio Lounak, Gauthier Langevin.
Deux univers distincts
La dynamique n’est pas la même d’un univers à l’autre, entre festival de BD et comiccon. Dans l’un, c’est la demande de dédicaces qui domine, dans l’autre, il y a une demande d’intérêt pour les originaux ou les impressions…
« Pour les artistes, c’est aussi une opportunité de vendre des commissions, de l’art sur demande que les participants à la convention vont demander aux artistes en échange d’argent. Beaucoup plus de vente de prints, de lithographies, en comiccon. C’est un peu à mi-chemin entre le festival de BD et l’Expozine pour ça… Pour les artistes, c’est une façon de rentrer dans leur argent de manière supplémentaire. »
« Ce que je trouve intéressant, c’est que tu trouves un public ici que tu ne rejoins pas nécessairement dans les réseaux traditionnels. Sortir de ce chemin là, pour nous, c’est tomber sur du monde qui cherche le genre de BD que tu fais, mais qui ne l’ont jamais vu parce qu’ils ne vont pas dans les librairies » explique l’éditeur de Pow Pow, Luc Bossé.
Au-delà de cet élément, évidemment, les stands d’orientente différemment. Chez Pow Pow, on met l’accent sur certaines publications qui, espère-t-on, plairont aux amateurs de science-fiction ou d’horreur – des séries comme Motel Galactic, ou des albums comme 23h72 ou Les cousines vampires sont ainsi à l’honneur. Chez d’autres, comme pour les créateurs du fanzine Copinet-Copinot, on avait misé, dans le passé, sur le jeu vidéo pour « faire le pont » entre les univers et les médiums :
« Ce n’est pas la même foule, ce sont des gens qui nous découvrent, mais ça prend des curieux, car nous on ne fait pas de manga ou de superhéros ou des trucs comme ça… L’an dernier on avait sorti un jeu vidéo qui venait en ajout avec un des livres, ça avait vraiment bien marché – avec un petit aspect rétro! – ça ouvrait la porte à voir de la BD indépendante de la ville de Québec, c’est une belle vitrine pour ça », explique Julien Dallaire-Charest.
Susciter l’intérêt du public
Au final, la clé, pour ces créateurs, c’est de s’adapter. De voir quel type d’activité suscitera l’intérêt du public, question de faire découvrir à d’autres, leur production. De profiter des nombreuses personnes qui se déplacent, pour l’occasion, au Centre des congrès.
Quitte, pour certains, à mettre en valeur leur production de fan art aux côtés de leur production BD, comme c’est le cas pour l’auteur de Supercrash, Yves Bourgelas : « Moi je suis plutôt séparé de ce que je fais dans les festivals de BD et aux comiccon. Lors de ces derniers, j’entretiens plutôt mon côté fan art, parce que c’est un peu ça, un comiccon, c’est la fête des fans, des gens qui se costument, qui montrent leur passion! Moi, j’ai une grande passion pour le jeu vidéo, et je la transmets via mes illustrations – en plus de vendre, évidemment, mon stock original! », explique-t-il.
L’événement Comiccon sera de retour l’an prochain, à Québec, les 22 et 23 octobre 2016.