J’imagine qu’on était plusieurs à attendre ce nouvel opus de la populaire série de Michel Rabagliati. Le dernier-né, Paul dans le Nord, est arrivé au fil de l’automne.
Avec lui, on découvre une étape – et, surtout, un état d’esprit – bien distincte des autres albums de la série : c’est que Paul est en pleine adolescence, avec les frustrations, questionnements, expérimentations et oppositions qui suivent habituellement cette étape. Caractère plus prompt, voire imprévisible. Incompréhension mutuelle, entre parents et enfants. Découverte et exploration du potentiel sexuel de la femme. Amitié entre gars. Et le reste.
Résultat?
Un Paul aussi irritable qu’amusant, dont le caractère et les hormones font de lui un moteur comique à l’intérieur de son récit.
Un plongeon également vers l’adolescence, et, tout particulièrement, vers l’amitié masculine – un univers pas si souvent exploré. Conversations autour des sports, des automobiles et des filles au menu, avec le souci de véracité toujours présent dans l’univers de la série : on parle sans censure, quitte à être cru s’il le faut, comme on l’est parfois à l’adolescence, au fil de différents sujets…
Le tout, appuyé par une recherche de mémoire, dans l’histoire et son visuel, question de nous replonger dans le Montréal – et les environs – des années 1976, avec les Jeux olympiques en toile de fond. Et, également, question de nous amener dans le « Nord », à une ou deux heures de Montréal, dans les Laurentides où l’on retrouve avec plaisir les paysages forestiers de Paul à la pêche. Des paysages d’automne aux tempêtes hivernales – dont, d’ailleurs, sa représentation tout en blanc sur fond noir est l’une des planches les plus visuellement réussies de l’album. Aux côtés d’une référence surprenante et colorée, hommage débridé à l’univers narratif du mythique Little Nemo’s Adventures in Slumberland.
Sans oublier, évidemment, l’humanité bien présente dans les récits de Rabagliati, ceux qui font qu’à travers l’intime, le personnel, ses souvenirs et leur adaptation viennent nous chercher, nous toucher.
Un album à lire. Pour son humanité, pour sa sincérité, pour son humour. Et pour le plaisir de se plonger ou se replonger dans des états d’adolescence partagés, animés par un trait précis et juste.
Vous voulez en savoir un peu plus sur l’album? J’ai eu l’occasion d’échanger, récemment, avec son auteur. En voici le résultat, au fil d’un petit échange de près de 25 minutes :