Dans ma pause de février, j’avais échappé la sortie d’un document que je jugeais (pourtant) fort intéressant – les résultats de l’enquête « auteurs » des États généraux de la bande dessinée, dévoilés lors du dernier Festival international de la BD d’Angoulême.
Question de répondre à la question « Qui sont les auteurs BD? ».
Et, avec 1500 réponses, on peut dire que les résultats de cette enquête risque d’être bien représentatif de l’état de situation, tout particulièrement du côté européen.
Essentiellement, les États généraux résument la situation en 10 points, que je reprends directement (et quasi-intégralement) du rapport, disponible directement sur le Web :
- Une féminisation accrue, avec 27% de femmes qui ont répondu à l’enquête, soit une proportion bien plus élevée que le chiffre de 12,4% habituellement évoqué.
- Une profession jeune, avec 56% des auteurs interrogés qui ont moins de 40 ans. Du côté des femmes, la moyenne d’âge est de 34 ans, alors qu’elle est de 41 ans chez les hommes. La profession est donc appelée à se féminiser de plus en plus.
- Un métier précaire, alors que les auteurs interrogés se définissent à 15% comme amateurs, à 53% comme professionnels précaires et à 32% comme professionnels installés.
- Un niveau de formation important, alors que 79% des répondants ont fait leurs études supérieures, la très grande majorité dans le domaine artistique.
- Un travail astreignant, alors que 36% travaillent plus de 40 heures semaines, et que pour 80%, le travail empiète sur au moins deux week-ends par mois.
- Des ressources diversifiées, alors que 71% des répondants ont un emploi parallèle à celui d’auteur BD, généralement dans un autre domaine artistique ou dans l’enseignement.
- Une protection sociale faible, alors que 88% des professionnels interrogés n’ont jamais bénéficié d’un congé maladie, et 81% n’ont jamais bénéficié d’un congé maternité ou paternité.
- Des revenus médiocres : en 2014, 53% des répondants ont un revenu inférieur au SMIC annuel brut, dont 36% qui sont en dessous du seuil de pauvreté. Si l’on ne prend en compte que les femmes, 67% ont un revenu inférieur au SMIC annuel brut, et 50% sont sous le seuil de pauvreté.
- Un avenir incertain, alors que 66% des auteurs interrogés pensent que leur situation va se dégrader pendant les prochaines années.
- Et, enfin, de bonnes relations avec les éditeurs, alors que 68% des auteurs estiment avoir de bonnes ou très bonnes relations, 27% moyennes et 5% mauvaises ou très mauvaises.
Pour découvrir ces éléments dans le détail, je vous réfère au document, disponible sur etatsgenerauxbd.org.