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Bilan 2015 de la BD québécoise : Go West, young man!

rapport_viauC’est fait et maintenant disponible sur le Web.

Après un premier bilan dressé pour l’année 2014, l’expert en bande dessinée Michel Viau récidive et, pour le compte de la Section Québec de l’Association des critiques et journalistes de bande dessinée (ACBD), offre maintenant son bilan 2015 de la BD québécoise – intégralement disponible en ligne sur le site de l’association.

Les premiers termes de son bilan?

« Go West, young man! ».

« Par cette phrase, écrite en 1865, l’Américain Horace Greely, éditeur du New York Tribune, voulait inciter les personnes entreprenantes et aventureuses à réaliser leur plein potentiel en participant à la Conquête de l’Ouest. Cent cinquante ans plus tard, elle semble s’appliquer à la bande dessinée québécoise », explique aussitôt Michel Viau, dans son bilan.

C’est que, pour lui, le principal événement de l’année 2015 est le désengagement apparent des éditeurs québécois vis-à-vis l’Europe.

Dans un marché « trop étroit pour permettre à ses artisans d’en vivre convenablement », des développements vers le marché francophone européen semblait aller de soi. En théorie, du moins, car ne s’y impose pas qui veut – absence de représentants sur place, frais de transport, marché déjà saturé. « De nombreux éditeurs ont tenté, au cours des 15 dernières années, de s’implanter sur ce marché, mais très peu y ont réussi », écrit d’ailleurs Michel Viau. Résultat? Seules les Éditions La Pastèque « semblent s’être taillé une place dans le paysage européen ».

De ce fait, de plus en plus d’éditeurs semblent se tourner vers le marché anglo-saxon et nord-américain, tant vers les États-Unis que le Canada anglais.

Michel Viau cite ainsi les Éditions Pow Pow qui ont lancé en 2015 une branche anglophone, Pow Pow Press, accompagné de la publication (et traduction) de quatre titres. Le Studio Lounak a, pour sa part, effectué une démarche similaire pour la publication du tome 2 de Far Out, rendu disponible simultanément en anglais et en français. Sans oublier des titres de Presses Aventures ou de Mécanique générale qui, désormais, bénéficient aussi d’une version anglophone.

Un virage vers l’Ouest, donc.

Accompagné, également – pour certains, du moins – d’une forme d’édition en collaboration. Par exemple : des titres de Presses Aventures sont repris chez Kennes, alors que Pow Pow publie au Québec un titre de L’Association.

« L’avenir nous dira si ces nouvelles tendances se consolideront ou se résorberont. Mais, déjà, elles ont affecté les résultats de 2015 en augmentant de façon significative le nombre d’albums anglophones publiés au Québec et celui d’albums québécois parus à l’étranger », observe Michel Viau.

Statistiques

Outre cette tendance, de manière générale, Michel Viau parle de 2015 comme d’une année de croissance – une nouvelle fois, avec 217 ouvrages édités au cours de 2015. « Cette progression constante depuis le début du siècle témoigne de la vitalité du secteur et de l’intérêt grandissant que lui portent les lecteurs québécois. » Des éditeurs spécialisés étoffent ainsi leur catalogue (qu’on pense à La Pastèque, Pow Pow ou Drawn & Quarterly). Des éditeurs jeunesse amplifient leur volet BD (Michel Quintin, Boomerang ou Presses Aventures).

Les 217 ouvrages répertoriés par l’expert et auteur comptent 194 albums BD offerts par 56 éditeurs différents, de même que 23 titres rendus disponibles par des publications indépendantes. Plus précisément, cinq éditeurs se partagent 40,5% de la production (Drawn & Quarterly, Presses Aventures, Michel Quintin, La Pastèque et Scholastic Canada).

De plus, Michel Viau note que 52 albums publiés à l’extérieur du Québec ont été le fait de scénaristes ou de dessinateurs québécois.

Vous voulez prendre connaissance des détails du rapport? C’est ici.