La saison estivale tire à sa fin. Je regarde mes piles de lectures traîner, au coin de ma bibliothèque. Un petit matin tranquille, un brin pluvieux, quelques jours avant de retourner au boulot… Avec l’envie de replonger un peu dans l’ambiance des vacances d’antan, les « vraies vacances d’été » – celles de lorsqu’on était jeune.
Je regarde ma pile. Y traînent un Lucky Luke, un Spirou et Fantasio, un Gaston Lagaffe.
Tous reçus récemment.
Pour commencer? Allez : le Lucky Luke.
L’Homme qui tua Lucky Luke
Qu’est-ce qui a poussé Lucky Luke à arrêter de fumer, un peu après Fingers?
Oui, dans la « petite histoire » de la série, c’est à la demande de divers lobbys antitabac. Mais dans le « canon » de la série, qu’est-ce qui explique que le cowboy solitaire a mis de côté la cigarette? Je me souviens avoir lu, quelque part, que c’était là la première idée, l’amorce, du Lucky Luke de Mathieu Bonhomme, le premier souffle qui a mené à L’Homme qui tua Lucky Luke, chez Dargaud.
Évidemment, c’est un flash de départ.
L’album, lui, s’ouvre sur un drame : Lucky Luke, étendu au sol, mort ou mourant, suite à un duel déloyal. Dès les premières cases, on est happé, intrigué. De cette amorce, on se retrouve en flash-back. Lucky Luke qui arrive, un soir de pluie, à Froggy Town. Lucky Luke qui, précédé par sa réputation, se voit défié par un fanfaron, qui s’avère être le shérif local. Et peu à peu, le héros de Morris et Goscinny est happé par une intrigue à saveur policière, visant à dénouer le mystérieux vol d’un coffre d’or appartenant aux résidents du coin. Tout ça ponctué de la quête de tabac de Luke, et de la montée de stress qui accompagne son absence.
Au fil des pages, on découvre un hommage à ce héros incontournable de la BD. Un récit ancré dans le passé, dans la mythologie du personnage. Cela tout autant qu’on découvre « le » Lucky Luke de Mathieu Bonhomme, qui, à travers l’hommage, s’approprie de superbe façon l’univers de Morris. Le ton est plus sérieux que dans la série d’origine, et ça marche. Le trait rappelle celui de Morris, mais sans l’imiter. Des panoramas de l’Ouest à l’incontournable duel final, on est séduit.
Au terme de la lecture, je ne peux dire qu’une chose : L’Homme qui tua Lucky Luke est réussi, entièrement. Un album superbe, solide, qui vaut largement sa lecture – tout particulièrement pour les amateurs du cowboy. À lire.
Et disons que cette lecture a confirmé ma petite soif de « retour en arrière ».
Une petite dose de nostalgie? Pourquoi pas!
Tant que c’est bien fait!
Spirou et Fantasio T55 : La Colère du Marsupilami
Heureusement pour moi, non loin dans ma bibliothèque, le tome 55 de la série Spirou et Fantasio, reprise par Vehlmann et Yohann, m’attendait. Son titre? La Colère du Marsupilami. Chez Dupuis.
Eh oui, après quoi, plus d’une quarantaine d’années, le sympathique animal est de retour dans une aventure de Spirou et Fantasio. Pourquoi aussi longtemps? Question de droits d’auteurs, en fait, Franquin ayant, jadis, retenu les droits du personnage qui, lui, avait évolué dans sa série chez Marsu Productions. Mais bon, économie faisant, en 2013, les éditions Dupuis ont racheté les droits du Marsupilami… ce qui, évidemment, rendait le retour du personnage dans sa série d’origine presque incontournable.
Résultat? La Colère du Marsupilami, en 2016.
Un retour dans la colère? Oui. C’est que les auteurs expliquent pourquoi, après avoir été quasi-incontournable dans les albums de la série, le Marsupilami est essentiellement disparu de l’univers de Spirou et Fantasio. Et l’explication tient dans le passé de cet univers – la zorglonde, qui aurait amené les deux héros (et leurs proches) à oublier l’animal, désormais abandonné dans la jungle.
C’est d’ailleurs un peu le point de départ du récit : Spirou qui, en consultant des photos issues d’histoires passées, tombe sur un cliché du Marsupilami en sa compagnie – et celle de Fantasio. Et il n’arrive plus à comprendre le contexte rattaché à l’image. Questionne Fantasio, qui s’emporte. Questionne le comte, à Champignac, qui s’emporte lui aussi… Faisant un plus un, Spirou fait le lien avec la zorglonde, et s’amorce ainsi une aventure en quête du passé, question de réaliser cette réunion avec le Marsupilami, parcours qui les mènera des mains de Zantafio à une base oubliée de Zorglub.
Comme je le disais : retour dans le passé. Et faut dire – tout particulièrement pour les fans de la première heure de la série, ou pour les fans qui ont lu la première heure de la série – un retour attendu dans le passé. Évidemment, la question maintenant, c’est de voir si c’est réussi, tout ça? Et, fort heureusement pour nous, lecteurs, la réponse est oui.
Le scénario est bien mené. Les références sont certes nombreuses, mais pas trop. On passe joyeusement d’une péripétie à une autre, au fil d’un dessin bien maîtrisé. Bref : c’est sympathique, parfaitement dans le ton des bons albums de cette nouvelle version de Spirou et Fantasio que nous proposent Yoann et Vehlmann depuis quelques années déjà.
Gaston S5 : Le Contrat Lagaffe
Et, puisqu’on parle de Franquin, mention au passage d’une nouvelle sortie « hors série » (la cinquième de la série) que j’avais, pas très loin, sur ma pile livresque : Le Contrat Lagaffe (la « série » faisant ici référence, vous l’aurez deviné, à Gaston Lagaffe), également chez Dupuis.
C’est un peu dans la suite d’une série de compilations de gags de Gaston Lagaffe qui nous est proposé par les éditions Dupuis, allant piger des séries par thématiques. On a eu droit aux gags d’animaux, aux gags d’inventions, aux gags d’automobiles et, maintenant, c’est au tour des incontournables gags de contrats (vous vous rappelez : Monsieur De Messmaker qui essaie, conjointement avec Fantasio ou Prunelle, de signer ces omniprésents et mystérieux contrats). Évidemment, ces contrats faisant partie de la série depuis fort longtemps, les gags y faisant référence sont légion.
Donc : on a choisi de les rassembler tous sous un même toit.
Et force est d’admettre que, puisque la recette du gag reste foncièrement la même (on veut signer les contrats, Lagaffe fait quelque chose – le plus souvent involontairement – qui met l’entreprise à l’eau, parfois littéralement), la nature de la compilation rend la lecture malheureusement redondante. Le génie de ces gags était plutôt à petite dose, disséminée au fil des albums de la série.
Parallèlement, on peut aussi se demander, en dehors de mettre en évidence la variété des péripéties autour de la formule, pourquoi lire les compilations plutôt que les albums initiaux?
Disons qu’en matière de Gaston Lagaffe, j’aurais probablement plus le réflexe d’aller lire mes vieux albums (ou leurs rééditions), plutôt qu’une compilation.
Mais pour ce qui est de Spirou et Lucky Luke, le nouveau vaut largement le détour!