Retour du boulot. Le facteur est passé.
Je viens de recevoir un album.
Androïdes. Le premier tome, Résurection. Quatrième de couverture? On mentionne Philip K. Dick, disant que si on a aimé l’album, on peut bien aller lire ses romans. Et si je pousse un peu plus loin dans les pages, je tombe sur les Lois de la robotique d’Isaac Azimov.
Ça y est. Je suis gagné. Il n’en fallait pas plus : entre K. Dick et Azimov, ma curiosité est conquise.
Androïdes T1 : Résurrection
C’est chez Soleil. Et c’est signé Jean-Luc Istin, Jesus Hervas et Olivier Héban.
Une nouvelle série concept de l’éditeur, où l’on compte proposer quatre histoires de science-fiction en formule one-shot. Seule contrainte? Le personnage central de l’épisode doit être un androïde. Aucune idée pour la qualité des tomes à venir, mais, chose certaine, ce premier tome est pour moi une sympathique surprise.
Les premières planches du récit nous entraînent dans l’espace. Une pluie de météorites entraîne avec elle une base spatiale coordonnée par des androïdes. La chute nous amène sur Terre, où l’on découvre une société d’humains immortels et stériles, génération éternelle et survivante d’un cataclysme ayant, jadis, décimé l’humanité. Répétant éternellement la même routine et les mêmes gestes, les humains sont las et l’ennui, palpable. Toutefois, un meurtre mystérieux, commis par un robot envers un humain – malgré les Lois de la robotique qui régissent la machine – vient brouiller quelques cartes. Cela, en même temps qu’on apprend qu’une femme est enceinte… la première fois depuis 500 ans.
Une bonne amorce, pour un récit fort efficace.
Un récit qui joue effectivement dans les plates-bandes de K. Dick (Do Androids Dream of Electric Sheep, base du cultissime Blade Runner). Ou encore Azimov et ses Robots. Qu’est-ce qui fait qu’on est humain ou non? Qu’est-ce qui pourrait expliquer qu’un robot réussisse à contourner les lois qui le régissent? Et autres regards dans une fiction à saveur transhumaniste.
Références dans le récit, sa nature et ses thématiques. Références aussi dans le dessin d’Hervas, dans ses architectures. Un dessin détaillé, précis, qui apporte un beau dynamisme au récit. Véritablement, une BD « de genre » qui fonctionne, en s’inspirant et s’amusant avec les codes du genre.
Disons que ce premier tome met une belle pression sur le reste de la série, dont les autres opus sont aussi signé Istin, au scénario – qui elle sortira coup sur coup au fil de la prochaine année.
Réincarnations T1 : La Fondation Kendall
Et tiens, puisque j’ai bien apprécié l’ambiance, pas envie de m’en tirer tout de suite.
Je me mets en quête d’un autre album, dans mes piles, qui pourrait être un peu du même esprit. Je tombe sur une autre arrivée, un peu moins récente – Réincarnations T1 : La Fondation Kendall, chez Delcourt.
Essentiellement, c’est l’histoire d’une doctorante, spécialiste en histoire et, surtout, en ses mystères, qui se fait engager par la Fondation Kendall. Une offre salariale un brin excessive. Une base d’opérations sur une île lointaine. Bref : les ingrédients du mystère y sont. Alimentés par une intrigue parallèle, où un voleur à la solde de la Fondation met la main sur une curieuse boîte que devra déchiffrer la jeune femme… On joue dans les archétypes, évidemment. Mais, côté scénario, on y joue de façon honnête.
Résultat? Un récit peut-être un peu attendu, peut-être un brin classique. Bien ficelé, bien mené – signé Corbeyran, mais qui pour une raison ou une autre ne « clique » pas entièrement.
C’est peut-être à cause du dessin? Pourtant, le trait de Horne est beau. Le dessinateur a pris le pari du réalisme, mais – pour moi – c’est un réalisme qui est un peu trop « photographique ». Je n’arrive pas à sentir l’action, celle-ci est plutôt figée dans le temps. Statique. Comme si je n’arrivais pas à sentir le mouvement des personnages, tant dans les cases, que d’une case à l’autre.
Un petit « bogue » pour l’œil qui, malheureusement, m’aura empêché d’apprécier pleinement ma lecture. Reste que, tout de même, l’album reste léger, divertissant. On y met les cartes sur tables, on y place l’univers, l’ambiance, les personnages, les enjeux, en route vers un second tome, au fil d’un léger crescendo… Mais en ce qui me concerne, pour cet album, quelque chose n’a tout simplement pas cliqué, de l’œil vers les planches.
Allez…
Je ne veux pas terminer sur une note un tantinet négative.
Et puis : je fais toujours trois albums dans un « carnet de lecture ».
Et parce que.
Hiver nucléaire 2
Tiens : sortie estivale. Premier tome efficace, que j’avais bien aimé. Second tome qui avait pris le chemin des « lectures en attente » pour cause de vacances et plein-air : Hiver nucléaire 2, de Cab, chez Front Froid.
Petit retour en arrière.
Hiver nucléaire nous amène dans un Montréal aux allures d’apocalypse, autant qu’aux allures hivernales. C’est que, suite à une catastrophe nucléaire, notre Belle Province et sa Métropole sont figées dans un éternel hiver. Et certains de ses habitants – tant les humains que la faune ou la flore – subissent également les contrecoups de la catastrophe, au fil de mutations diverses. Et pour ce qui est de l’Île, et bien, disons qu’aller sur le Mont-Royal, ou parcourir la cité d’Est en Ouest n’est plus sûr. À ses risques et périls…
Dans le premier tome, on a découvert Flavie, une livreuse à ski-doo, dont la mutation l’amène à bénéficier, selon les occasions, d’une force surhumaine.
Rapidement, Flavie est appelée à la rescousse : son ami Marco a attrapé une grippe d’homme. Et attention, une VRAIE grippe d’homme, un virus mutant, qui s’attaque exclusivement à la gent masculine et qui pourrait être fatal pour son ami (dont elle est secrètement amoureuse). Résultat? La jeune femme doit trouver rapidement du sirop Buckley’s, seule arme véritablement efficace contre la maladie… mais les stocks semblent mystérieusement inexistants à Montréal.
Je n’en dis pas plus.
À l’image du premier, le Montréal hivernal sert de joyeux – et dangereux – arrière-plan à l’épisode. Des lieux familiers sont détournés et c’est toujours un plaisir de voir quelles conséquences l’interminable hiver et les mutations nucléaires ont eues sur tel ou tel lieu. Mais, également comme dans le premier tome, ce qui est véritablement au premier plan, c’est la sympathique Flavie, son caractère, et ses relations – ici, réunion avec sa sœur, de retour dans la Métropole. Il faut dire que Cab sait bien rendre son héroïne, sait donner vie à ses personnages, faisant d’Hiver nucléaire 2 un récit humain, dynamique, humoristique, efficace, tout autant que le tome initial.
Si vous avez aimé le premier opus, il est certain que vous allez apprécier cette suite. Et si vous n’avez pas lu le premier opus, il n’est jamais trop tard pour bien faire.
En attendant un troisième tome? Qui pourrait nous amener un peu plus bas sur la 20?
On peut toujours espérer…