Guillaume Demers a livré sa deuxième BD le mois dernier : Jérémi a le cœur qui tourne, aux éditions Espoir en canne.
C’est l’histoire d’un garçon qui vit et qui vieillit avec un cœur mécanique. Un appareillage inventé par son père qui, essentiellement, est venu lui sauver la vie. Une construction qui, toutefois, incite certains à le rejeter, à l’intimider. Et, enfin, un mécanisme qui s’enraye, qui s’accélère, qui se dérègle, au fil de certaines crises d’angoisse ou de stress, trouvant racine dans son TDAH.
C’est aussi l’histoire d’un village insulaire, situé on ne sait où. Un village qui, des siècles auparavant, a affronté une grande tempête qui aurait pu le détruire – n’en fut de l’intervention salvatrice d’un mystérieux prince qui la chassa alors. Et d’une prophétie disant que cet être reviendra pour aider sa communauté le temps venu – tout ça, alors qu’une nouvelle grande tempête se profile.
Un univers entre réalisme et fantastique, entre quotidien et imaginaire.
C’est d’abord Jérémi qui s’est révélé à Guillaume Demers. Entre son premier album (Hipster le chat) et celui-ci, l’auteur a été fort présent dans un cadre pédagogique – appelé à enseigner la bande dessinée pour une belle variété de clientèle, des jeunes aux aînés, du contexte scolaire au parascolaire. Un contexte qui l’a amené à faire moult rencontres et, de ce fait, à avoir un contact privilégié avec divers jeunes, traversant le primaire avec diverses problématiques – dont le TDAH, les troubles d’attention, d’hyperactivité… Un personnage qui s’est construit de ces contacts, certes, mais aussi d’échanges avec des spécialistes, des intervenants. Question de bien le comprendre. Et surtout, question de bien le présenter. Puis, petit à petit, de cette réalité, l’univers fantastique s’est bâti. Un cœur mécanique, qui permet de mettre bien en évidence les impacts de ses troubles. Des éléments à caractère presque mythologique qui sont venus animer l’île et son passé, métaphores reliées à ces mêmes troubles et les moyens de les calmer.
Bref : un univers tout en symbolique, où rien n’est appuyé à grands traits. Une histoire qu’on peut lire et comprendre en lien avec les réalités du TDAH. Et une histoire qu’on peut lire et comprendre tout court, hors ou au-delà de cette symbolique.
Cela, avec un trait qui a acquis en maturité, évidemment. À force d’expérience, d’expérimentation – et d’enseignement!
Ça donne une belle bande dessinée, qui pourrait par ailleurs servir d’amorce à un univers plus large, question de faire vivre cette île au-delà de Jérémi et son histoire.
Question d’en apprendre un peu plus sur le récit, sur sa construction, et sur son trait, j’ai échangé une quinzaine de minutes avec son auteur, Guillaume Demers. Voici :