Réflexions sur le couple.
Réflexions sur la vie.
Sa crise de la quarantaine, Jimmy Beaulieu dit avoir choisi de la vivre sur les planches – au fil de la réalisation de son dernier né, Rôles de composition (chez Mécanique générale). L’histoire d’un couple, de la passion des débuts aux regrets de la fin. Entre moments de grâce et trahisons, entre communions et mensonges. L’histoire d’humains à la recherche d’eux-mêmes, entre le désir de changer le monde, et celui de vivre simplement.
Un regard humain sur l’humanité, quoi.
Un album qui, dans son récit, est dans la continuité de ce que l’auteur nous a offert au fil des années, récentes et moins récentes. Comédie sentimentale pornographique. Non-aventures. Et le reste. Des albums où Beaulieu a toujours su porter un regard vrai, senti, vif sur l’humain et sur son intimité, tant à travers la sexualité qu’à travers la complicité.
Un album qui, dans le dessin, est lui plutôt en mode « réinvention ».
C’est qu’au fil des dernières années, Jimmy Beaulieu a cherché à repenser son dessin. À le pousser plus loin. Résultat? Un album où l’on sent moins le côté « croquis » qui a animé ses précédents opus. Où l’on sent, sans trahir le passé, un trait moins nerveux, plus graphique – à défaut de meilleurs termes. Chaque chapitre de l’album biochromatique défini par une couleur – rouge, vert, orange. Chacune venant apporter à l’ambiance, à la compréhension, de l’action en cours. En commençant avec le rouge, la passion amoureuse naissant de la passion politique du « Printemps érable » de 2012. Puis, chaque couleur vient à son tour, séparée des autres – hors d’une explosion de couleur au fil de deux planches en fin de parcours.
Bref – visuellement, un Jimmy Beaulieu qui vient nous séduire à nouveau, à travers une proposition assumée et esthétiquement plaisante.
Un livre riche, aux personnages qui évoluent au fil de cinq années – reflet presque du temps qui fut nécessaire à l’auteur pour réaliser l’album, pour repenser son approche visuelle.
Le temps qui passe au fil des pages.
La relation qui évolue, menée par des choix, bons ou mauvais.
Le regret des décisions qu’on a prises ou non. La joie des décisions qu’on a prises ou non.
La vie dans toute sa complexité, décantée en une belle série de planches portant les questionnements et préoccupations de l’auteur qui, bien personnelles, deviennent ainsi universelles.
Vous comprendrez qu’on a là évidemment un bel album. Et que je vous le recommande sans heurts.
Et question de pousser un peu plus loin le regard sur ce récit, je vous propose un échange d’un peu plus d’une vingtaine de minutes que j’ai eu l’occasion de réaliser, récemment, avec Jimmy Beaulieu. Une opportunité de revenir sur les différents éléments cités plus haut – sur la réinvention de son style visuel, sur ses réflexions quant à l’existence, sur son regard quant au couple, et le reste. C’est ici :