Je ne savais pas que Robert Marcel Lepage dessinait.
Je savais qu’il faisait bien des choses, mais pas ça. Faut dire que j’avais échappé le livre qu’il avait réalisé – aux côtés de Sébastien Trahan, il y a quelques années de ça, via Mécanique générale. Ou encore un mini-album qu’il avait proposé, autour d’une de ces créations musicales, il y a déjà un temps.
Alors oui : Robert Marcel Lepage dessine.
Régulièrement.
Voire quotidiennement.
Le dessin a un petit quelque chose de thérapeutique presque, pour lui. Il s’y est lancé, il y a longtemps, dans les suites d’une blessure. Il s’y est lancé pas pour être publié. Simplement par plaisir. Simplement pour lui-même. Question de tenir un journal pas seulement intime. Des explorations dessinées, entre expérimentation et abstraction. Des réflexions mises en scène aussi – regard sur l’art, sur la vie, sur la création et ses incidences… Entre humour et philosophie, espoir et ennui, avec lucidité et autodérision.
À l’invitation de Sébastien Trahan, Robert Marcel Lepage a ouvert ses carnets pour La Mauvaise tête.
D’un ensemble épars, réalisé entre 2007 et 2015, Trahan a effectué une sélection – mettant de côté, en bonne partie, les réflexions à caractère plus expérimental pour se concentrer sur le métier de créateur, sur la réflexion quant à la création et ses ramifications.
Résultat : Le Nerf initiatique.
Une belle incursion dans la psyché du créateur. Ses doutes, sa volonté. Au fil de croquis, de dessins, en toute simplicité, en toute spontanéité.
L’avatar de l’auteur y sculpte, y pellete, y nage – un peu comme en apesanteur. Il s’imagine sur Mars. Ou s’invente un arbre hypocondriaque. Il réfléchit sur les chemins tracés d’avance et sur ceux qu’on trace soi-même. Sur l’inquiétude qui mène à la création, ou sur celle que génère la création. Sur sa nécessité. Sur la vitalité qu’elle procure à l’artiste. Sur le poids des années et des créations qui s’accumule, sur ce sentiment qu’on peut avoir – parfois : l’idée de la répétition.
Bref, sur le quotidien du créateur, autant que de l’humain…
Sur tous ces minuscules moments qui façonnent ce que l’on vit et ce que l’on est. Et sur la difficulté qu’on peut avoir, parfois, à en apprécier la somme.
Et si vous voulez en savoir un peu plus sur ce Nerf initiatique, je vous réfère à cette petite entrevue, réalisée avec Robert Marcel Lepage, il y a (déjà) quelques semaines. Une vingtaine de minutes pour survoler la nature de cette création, la réflexion derrière son contenu, l’esprit de sa réflexion :