Air vif, soleil pimpant et faim pressante. Un bon souvenir nous anime. Nous avions décidé de retrouver «au pif» ce petit restaurant où nous avions atterri un soir, presque par hasard. Nous y voici après quelques détours. L’odeur caractéristique de la cuisine chinoise «familiale» nous y accueille, en même temps que le coup d’oil machinal des clients déjà installés. Dans un intérieur propret, des tables en stratifié, des sièges de similicuir rouge et un frêle paravent «exotique» y composent un décor des plus dépouillés. On découvre sur les murs roses quelques rares tableaux, une petite carte des vignobles de la côte chalonnaise (tiens!) et, tout au fond, une affiche horizontale représentant Hong-Kong la nuit.
Cette fois encore, nous avons droit à un accueil poli, très poli. Le service sera de même aussi empressé, très empressé, presque obséquieux, sans doute pour compenser le manque… linguistique: on se comprend, certes, mais pas toujours du premier coup ni de manière infaillible. Situation plus amusante que dramatique, à vrai dire. Ma Tsingtao et le Pepsi de mon invitée nous sont amenés en même temps que la petite carte plastifiée où les menus du jour se suivent… et se ressemblent un peu. Au curry, pané, à l’ananas ou aux légumes, le poulet de grain y fait bonne figure; ajoutez à cela le bouf sauté ainsi que les crevettes et le porc (tous deux aux légumes), et vous avez bouclé votre semaine. Pour compléter l’assiette, un «rouleau asiatique», du riz et… des légumes frais.
Ce n’est sûrement pas ici que votre diète connaîtra son Waterloo! Une feuille volante nous détaille les plats du soir: soupes, piquantes ou non (wonton, vermicelle et poulet, thaïlandaise, aux légumes, asperges et crevettes, etc.); entrées (rouleaux asiatiques, ailes de poulet, riz frit de Mme Li). Beignets aux bananes, salade de fruits asiatiques, biscuits chinois et gâteau léger Hong-Kong arrivent en fin de liste, après la série des poulet, porc, bouf et crevettes à toutes les sauces (parfois piquantes), en brochettes ou non. A la table la plus proche de la nôtre, deux clients cessent un moment de discuter affaires pour passer leur commande; l’un d’eux précise qu’il veut deux soupes plutôt qu’une et deux rouleaux au lieu d’un seul. Nos soupes à nous, brûlantes, sentent bon, mais se révèlent un peu fades, malgré les carottes et l’échalote, malgré l’abondance de nouilles et de morceaux de poulet. Une petite pincée de sel leur redonne quelque saveur. Pas mal, mais… mon invitée et moi ne pouvons nous empêcher de la comparer à «la fois précédente»: nous en avions gardé un si bon souvenir!
Nous terminons nos bols au moment où un jeune couple arrive et va chercher au comptoir sa commande passée par téléphone. Nous n’attendons pas très longtemps. Assiette unique pour chacun de nous. Dans celle de mon invitée, des morceaux de poulet et d’ananas, de carottes et d’oignons recouvrent du riz blanc; le rouleau est allongé tout à côté. Il en est de même pour moi – non pas que je sois allongé, mais plutôt que mon assiette se présente de manière identique. J’ai cependant choisi les crevettes – cuites à point avec pousses de soja, brocoli, haricots verts, oignons et champignons. Bon goût mais, là encore, une pincée de sel s’impose – «toujours plus facile à ajouter qu’à extraire», commente mon invitée, qui me fait en outre remarquer qu’aucun des plats n’est excessivement gras. Je m’étonne d’ailleurs que, même frits, les rouleaux (légers, croustillants, pleins de viande et pleins de goût) ne présentent aucune trace de graisse. Nous en aurions mangé et remangé à satiété. J’avoue aussi que j’en ai commandé un supplémentaire, comme le monsieur mentionné plus haut, ce que nous ne sommes pas près de regretter, mon invitée et moi. Nous repartons avec l’impression qu’à part les rouleaux (mais oui, c’est une obsession), cette cuisine acceptable le midi ne donne sa vraie et pleine mesure que le soir.
Restaurant Chez madame Li
4795, Promenade des Sours
Cap-Rouge (Québec)
Tél.: (418) 657-5816
Menu du jour: 6 $ et 7,95 $
Dîner pour deux (taxes et boissons incluses): 24,16 $