On ne peut passer à côté des FrancoFolies et du Festival deJazz. Littéralement. Se déplacer de l’ouest à l’est en auto, c’est risquer l’apoplexie. Et puis conduire dans le trafic ça donne faim. Que font donc les «festivaliers» qui arpentent le site et qui, après plusieurs heures de nourritures spirituelles consommées debout, ont un petit creux? Le choix est énorme et le taux de digestibilité pauvre, mais il faut bien manger! J’ai donc passé la semaine à chercher les étapes gourmandes entre deux shows.
Bâton Rouge
Avec un nom comme Bâton Rouge, les patrons ont choisi d’évoquer la capitale de la Louisiane, l’une des patries du jazz méridional américain et de la musique cajun, de la cuisine du Deep South et (contre leur volonté j’en ai peur) de la capitale des maladies coronariennes. Il faut savoir que l’O.M.S. a révélé que la Louisiane avait le plus haut taux de cholestérol par habitant et d’accidents cardiovasculaires aux USA. La cause: une cuisine riche en gras saturés, en viandes et en laitages, et pauvre en tout ce qui provient des jardins; mais aussi à un climat tropical très très humide. Ça vous dit quelque chose de ce temps-là? En tout cas, dans ce resto dont la terrasse donne directement sur l’une des scènes principales, on n’est jamais très loin de l’action, c’est déjà ça. La cuisine fait dans l’américain total: on vous sert un poulet cajun apparemment relevé aux épices sur du pain hamburger, on met de la mayo et de la moutarde sucrée partout, les pommes de terre sont congelées avant d’être frites et saupoudrées d’une poudre vaguement épicée; le dessert (un cobbler aux pommes en boîte) se présente réchauffé au micro-onde en portion éléphantesque accompagné de crème glacée et nappé de sauce industrielle; la carte des vins est pauvre mais, en revanche, y’a plein de coca, de 7-Up et de toutes sortes d’autres «breuvages» qui agissent sur l’accumulation de graisse comme un trou normand, c’est-à-dire en débouche-tuyau. Si on aime ce genre de cuisine, Bâton Rouge en fait une interprétation classique et presque cliché – même l’espresso est anémique, faut quand même le faire. Le service est pourtant sympa et l’ambiance ultra-climatisée me rappelle la banlieue. Une vingtaine de dollars par personne pour un lunch énorme qui se posera comme un avion dans votre duodénum!(160 Sainte-Catherine Ouest, 282-7444)
Bistro du théâtre du Nouveau Monde
A quelques mètres à l’est, dans le hall du TNM, on trouve ce très beau bistro au décor tout à fait unique qui mêle le théâtre de la rue à celui de la scène. On y sert une cuisine simple faite de pastas, de sandwichs et de plats sur le pouce. Il s’agit sans doute de la meilleure adresse dans le coin pour casser la croûte sans casser la tirelire. Les plats ne sont pas toujours réussis question goût, mais l’effort est bien réel tant dans la présentation que dans le service. Scénique dans tous les sens du terme. (84,Sainte-Catherine Ouest, 866-8668)
Café-Bistro Le Baroque
Un peu à l’ouest cette fois, ce bric-à-brac sympathique porte bien son nom. On ne sait pas si on entre dans le Complexe Desjardins ou dans le resto, le menu propose des métissages assez réussis, et la cuisine fait un effort pour se distinguer (surtout côté pâtes et salades) dans un univers peuplé de fast-food; la musique mêle les genres et les modes, et l’ambiance très urbaine, lui va à ravir. Cool! (190, Sainte-Catherine Ouest, 844-3912)
Et aussi…
Sur l’esplanade de la Place des Arts, on trouvera également le Bistro Côte-du-Rhône si on a envie de bons vins et de bons fromages.
Les Second Cup se répandent comme une traînée de poudre. Mais ça réussi, surtout à s’installer là où personne ne veut venir, et à installer de très beaux et très grands cafés dont les terrasses commencent à faire envie. Car il faut savoir que cette chaîne canadienne est comme la grenouille de la fable: elle veut devenir aussi grosse que le bouf. Pour l’instant on les trouve dans tous les coins de la ville et ils sont souvent les premiers pour ne pas dire les seuls endroits où l’on peut prendre un café et un gâteau à peu près décent en dehors du centre. Dommage que le café en question ne soit pas de la meilleure qualité et que les gâteaux et muffins ne soient pas toujours bien frais, et que le service soit inexistant. Mais ça n’est pas cher et c’est bien pratique. Surtout coin Jeanne-Mance et Sainte-Catherine. De l’extraordinaire terrasse, vue plongeante sur la scène!
Faites un petit 500 mètres et vous trouverez ce minuscule resto turc, où les spécialités ont le goût des jardins de la Méditerranée: tomates, grillades, salades fraîches et savoureuses, tout à fait de saison. Et le patron est bien sympa. Authentique. Au Vieil Istanbul, 1247, Bleury, 861-6095.
Si vous avez l’énergie allez dans le Chinatown tout à côté et faites le plein de calories et de vitamines dans les resto à soupes phó, que les Vietnamiens mangent généralement au petit déjeuner, mais qu’on ne vous reprochera pas de préférer le soir. Mes préférées sur Saint-Laurent entre les rues Viger et René-Lévesque: Saigon; Phó Bang New York; Phó Bác 97.
Amuse-gueule:
Vous voulez du jazz mais vous ne voulez pas la foule. Contradiction? Mais dans plusieurs endroits de la ville on propose des shows de jazz pendant le Festival, histoire de mettre la main à la pâte sinon à l’euphorie générale. Si on a aussi envie de bien manger, ma recommandation va à l’Opus II, de l’hôtel Westin. Cet endroit propose un menu spécial, du 2 au 10 juillet, et présente des artistes différents tous les soirs. Réservations: 849-6787