Côté restauration, sur le Plateau, il y a de tout. Du bon, du nul, mais surtout de l’italien – et ils sont plusieurs à fleurer la bonne affaire. Ouvert avec tambours, trompettes (et musique lounge), Giallo, qui signifie «jaune» en italien, s’est qualifié du ronflant «cucina e vino». D’un début en catastrophe en plein milieu de l’été, ses patrons ont vite rectifié le tir. Ouf!
L’avenue du Mont-Royal s’est donc ornée d’un autre beau décor aux prudentes extravagances, celles-ci lumineuses, enjolivées avec les matières du moment, des tissus, du bois, du métal, aux couleurs du soleil et du ciel bleu. Giallo a rendu à un local froid un peu de magie, et même doublement, avec une carte courte où l’on propose des combinaisons heureuses, assez simplement préparées et toutes bien réussies, qui font quelques clins d’oil à l’Italie. Malheureusement, les plats de cette cuisine métissée se présentent comme si on tenait à les parer de tout le garde-manger. Il faudrait une fois pour toutes que les jeunes cuisiniers cessent des manèges qui n’ont pour but que de lancer de la poudre aux yeux. En cuisine, mieux vaut mettre l’accent sur la fraîcheur des produits et la cohésion entre les parfums, que sur les branches de romarin plantées dans la polenta juste pour faire «beau».
Dès l’ouverture, une salade de chayotte, légume tropical s’apparentant au concombre, parfumée à l’huile de truffe, est montée comme une pyramide et coiffée d’une feuille de pâte de riz craquante. C’est assez joli, c’est même très bon, mais ce n’est pas pratique à manger. J’en retrouve des miettes partout autour de la table. D’une plus grande sobriété dans la présentation, les foies de canard sautés attirent l’oil et flattent le palais, servis au milieu d’un coulis de mûres, sur une sorte de purée de patates douces parfumée au maïs et au jalapeño. En plat principal, les penne sont mêlés à une riche sauce tomatée et juste un peu relevée de piments forts, ce qui lui vaut l’appellation «all’arrabiata». Mais on lui ajoute des morceaux d’une saucisse au goût rustique, de la pancetta ET du prosciutto. Ce chef ne connaît manifestement pas la pudeur! Même extravagance pour le risotto crémeux, harnaché de coquilles de homard et d’herbages, qui suggère la paella et évoque, dans sa forme, un chapeau de cantatrice. Les saveurs maritimes sont franches: moules, saumon frais, crevettes, le tout accompagné de champignons sauvages et baignant dans un jus de homard au goût intense. J’avoue avoir un faible pour le risotto et les fruits de mer, mais je trouve un peu dommage de tout mettre dans un même plat, puisque des saveurs aussi distinctes finissent par se dissoudre dans la mixité. Cela dit, j’ai tout mangé jusqu’à la dernière bouchée. Encore beaucoup de panache dans les douceurs, avec un peu plus de retenue cette fois: la coupe de fraises et de mangue, arrosée de jus de citron, et la crème brûlée aux figues fraîches sont absolument irréprochables.
Malgré les quelques humeurs (qui ne sont pas nécessaires) d’un chef esthète, cette cuisine soignée pétille d’idées. Si le service souffre parfois d’inattention, il reste courtois et d’une rare gentillesse. La carte des vins, à laquelle il manquait quelques crus, fait preuve de sérieux. Comptez 55 $ pour deux personnes, avec les taxes et le service.
Giallo
1278, avenue du Mont-Royal Est
524-2925
Amuse-gueule
Mike Rathgeber, traiteur «à domicile», se spécialise en sushis qu’il vient préparer chez vous. Il se déplacera avec tous ses instruments, ses bols, les petites assiettes de service, «très clean, très cool», jusqu’aux baguettes. Un repas comprendrait, par exemple, une soupe, une entrée chaude, une salade à la japonaise et des sushis (une vingtaine par personne). Et cela ne se limite pas uniquement à la cuisine japonaise: monsieur Rathgeber touche aussi à d’autres mets asiatiques. Il cuisinera pour quatre à douze convives. Le coût: 70 $ par personne, avec les taxes, le service, l’équipement et les accessoires. C’est très beau et ça fait une très belle table. Le «concept» est également offert en région, moyennant bien sûr un supplément. Si vous voulez l’avoir aux Bahamas, sur votre bateau, aucun problème, en autant que toutes les dépenses soient comprises! Renseignements: 279-3279.
Ceux qui, comme moi, adorent la cuisine du Moyen-Orient, et qui ont appris à aimer celle de l’Afghanistan telle qu’apprêtée par Faruk Ramesh, du resto Khyber Pass, seront surpris d’apprendre que son restaurant a déménagé. Oh! pas bien loin, sur l’avenue Duluth (au 506 – et le téléphone reste le même, 844-7131), où les restaurants commencent enfin à être autre chose que d’inqualifiables brochetteries grecques. La viande grillée et marinée, les Afghans connaissent ça. Ici, ce sont les vraies brochettes d’un pays qui en fait son repas quotidien. J’y suis allé récemment – juste pour voir -; rien de changé dans la qualité remarquable des préparations, ni dans les prix plutôt bas. Seul le décor est ici beaucoup plus intime et sympathique, et on peut désormais y apporter son pinard!