L’Orféo, c’est la dernière adresse à la mode, tendance globe-trotter, qui fait des pirouettes entre la France, l’Italie et l’Orient. Un programme composé de tartare de thon, de salades garnies de fruits tropicaux, de viandes grillées – foie de veau, volaille, côte de porc – et d’assiettes aux couleurs différentes. Chaque fois, elles sont décorées de fruits, de poudres colorées, d’épices ou d’herbes émincées. Une cuisine qui se fait non pas un devoir, mais une obsession d’être originale.
Le héros de Monteverdi a-t-il inspiré les patrons de ce nouvel établissement? Il ne leur a sûrement pas inspiré cependant ce décor épuré et si parfait qu’il en est un peu froid. Qui sait, c’est peut-être l’automne qui me fait frissonner plutôt que les tons de bleu et de jaune qui envahissent tous les décors de ce temps-là. Et du bois blond, un éclairage franc, de grandes portes vitrées, des courbes et des lignes asymétriques: l’intérieur de L’Orféo ne doit pas beaucoup au 18e siècle, j’en ai bien peur. Je m’y sens pourtant à l’aise, car les tables sont éloignées les unes des autres et permettent aux serveurs de s’occuper de nous plutôt que d’eux.
Le menu est court et propose, sans longue description, des associations séduisantes. Je suis enchanté par deux créatures océaniques: la pieuvre et le calmar. Elles sont toutes les deux passées à la grille, si bien qu’on les distingue à peine l’une de l’autre. Une faute? En tout cas, pas pour ceux qui hésiteraient devant ces nobles bêtes qui ne se laissent pas faire effrontément. Si elles ont cuit trop vite, ou pas assez, elles ont tendance à acquérir la texture d’un Michelin. Ce n’est pas le cas ici: on sait manifestement les traiter avec tous les égards! A peine aromatisées de citron, elles sont fondantes et exquises. La salade tiède de mâche, accompagnée d’avocats, d’énormes crevettes grillées, de papaye fraîche, d’endives et de quartiers d’orange, est nappée d’une vinaigrette au citron et à la coriandre. Il y a tellement d’ingrédients dans cette salade, empilés les uns sur les autres, que cela finit par ne plus goûter grand-chose! Mais les crevettes sont appétissantes. En mets principal, le canard BBQ est coupé en aiguillettes bien roses et bien juteuses sous une peau un peu fade. Le plat est accompagné de latkas, des beignets habituellement composés de pommes de terre râpées et d’oignons, mais ici apprêtés avec de la courge spaghetti. Ils nous sont malheureusement servis tièdes. Autrement, les medaglionis aux couleurs vives – l’un est vaguement bleuté – contiennent une farce de riz de veau et de foie gras trop cuits, dont on ne distingue ni l’un ni l’autre. Toutefois, ils sont généreusement nappés d’une sauce succulente, un peu acidulée.
Le troisième acte de cet opéra est un nougat glacé aux noix de pin (que je n’identifie pas) et à la poire trop confite, qu’on nous facture à 8 $ pièce. Sans être de mauvaise foi, j’avoue trouver cela un peu excessif. Ce dessert n’a aucun goût.
L’Orféo commence sa carrière avec de gros sabots, mais il devra vite se corriger de ses quelques faiblesses s’il veut joindre les rangs des divas. Par un métissage moins banal et mieux maîtrisé qu’ailleurs, cette cuisine en progrès a tout de même des qualités. Et les serveurs ont un minois de cinoche, mais du métier, ce qui vous force à les regarder dans les yeux! Bonne carte des vins. Comptez 80 $ pour deux repas, incluant les taxes, le service et deux verres de vin.
L’Orféo
4260, rue Saint-Denis
845-3238
Garelli
On vous y accueille à portes et à bras ouverts. Quand il fait assez chaud, ce qui n’est plus le cas maintenant. Malgré cela, dans un décor très *«Great Gatsby», en tons de beige et de crème au beurre, l’ambiance est élégante et cosy. Et, de plus, on s’y amuse bien. Ce n’est pas branché, et c’est tant mieux. Côté cuisine, les Garelli mère et fils mitonnent les petits plats de leur patelin, Nice, une jolie ville à ce qu’il paraît, où la cuisine de mer et de terre n’est pas mal non plus: cabillaud poêlé avec salade, gigot d’agneau en tranches, des paninis et des pissaladières de tout acabit. Quant au service, il est assuré par les potes du (jeune) patron. Très sympa et rafraîchissant au beau milieu d’un circuit qui ne désemplit pas de fast-food et de restaurants «concepts». Le seul concept ici est la vraie cuisine, celle qui nourrit et le corps et l’esprit. Pour deux repas, comptez 25 $ avec les taxes et le service, mais sans le vin.
Garelli
1247, avenue McGill
875-2442
Amuse-gueule
Tout juste sorti aux Éditions de l’Homme, A la découverte des fromageries du Québec est le premier livre sur nos fromages. La petite plaquette d’André Fouillet – sans photos, mais avec quelques cartes – recense quelque soix-huit fromageries, surtout artisanales, et fait le point sur les variétés et les types de fromages; parle de fabrication et d’emballage; explique le lait cru; et propose même quelques recettes et quelques suggestions de plateaux de fromages. Il était grand temps que quelqu’un produise un tel ouvrage. Un must!