Restos / Bars

Le Bistro Latino : Attention, c'est chaud!

La cuisine mexicaine, avec ses racines paysannes, peut être assez fine. Si la paternité des piments revient à l’Amérique centrale (le Mexique est pourtant en Amérique du Nord), tous les plats mexicains – à peu de choses près – contiennent effectivement des pimientos. S’ils peuvent parfois être d’une intolérable incandescence pour nos palais frileux, les piments forts ne servent pourtant qu’à relever la cuisine mexicaine, et non à l’embraser.

Pourtant, ce n’est pas au Bistro Latino qu’on en aura un bon aperçu. Difficile de deviner que, dans ce décor plutôt sympa et folklorique, on n’offre qu’un pâle reflet des spécialités de nos voisins du Sud. A peu près tout ce qui se trouve sur le menu est une affligeante variation sur le thème tomate-tortilla-fromage. En plus moche. Si tout ce bouf frit et taillé en petits morceaux, ou ce poulet sec, est entortillé soit dans des burritos détrempés, soit dans des amarrados graisseux, on l’accompagne de haricots noirs en purée à peine tiède et de riz brûlant. Je soupçonne le micro-ondes d’avoir une part de responsabilité dans cette affaire. Rien de réjouissant non plus dans un plat de calmars surcuits dans un bouillon au vin «Geloso», parfaitement immangeables, ou dans une salade faite de laitue Iceberg, de tomates d’hiver sans goût et de concombres, baptisée par erreur «mexicaine». Les nachos en amuse-bouche restaient gras et la salsa, en boîte, avait légèrement fermenté. Le service était aimable, mais la cuisine donnait l’impression d’avoir été faite par un néophyte pris d’un accès de folie furieuse. Il a fallu payer 35 $ pour cette incroyable pitance. Malheur à nous!
Bistro Latino
3951, rue Saint-Denis
Tél.: (514) 286-4417

Mexiquito
Imaginez des hibiscus, une plage tropicale, des cocotiers, une margarita au coucher du soleil. Si vous y parvenez, vous aurez l’antidote idéal contre les longues soirées froides à venir et, surtout, vous oublierez le décor stérile et trivial de cette petite cantina cachée sur un bout perdu du boulevard Saint-Laurent. Mais, dans la vie d’un gourmand, il n’y a pas que le décor. Ici, c’est la cuisine qui compte. Et les prix font rire tellement ils sont bas. Au moins vous n’accuserez personne de vous faire payer un beau décor. Même sur la Main! Vous jouirez, comme nous, de popote maison, le midi d’un plat du jour (pour 5 $) comme un poulet cuit à la bière avec des poivrons, des oignons et de la coriandre, le tout associé à l’inévitable duo de riz-haricots noirs et d’une boîte de «styrofoam» contenant des tortillas fraîches. Autrement, le soir vous goûterez le pozole – une sorte de potage fait de maïs un peu croquant, de porc, de chili et d’herbes aromatiques – de cochinito pibil, une spécialité du Yucatán, et de vrais tacos et enchiladas, comme on les fait au sud du Texas. La musique ranchera, les patrons qui ont l’accent chantant, tout cela donne envie de se prendre un billet pour le Sud. Le cas échéant, le repas coûte ici moins de 25 $ pour deux, avec deux Coronas, les taxes et le service.
Mexiquito
4563, boulevard Saint-Laurent
Tél.: (514) 842-1165

Amuse-gueule
Je me suis souvent demandé pourquoi les Français et les Italiens – gros mangeurs autant en quantité qu’en taux de matières grasses – étaient aussi minces et avaient des taux moyens de maladies cardiovasculaires et de cancer aussi peu élevés, alors que ce taux augmente sans cesse (l’obésité aussi d’ailleurs) pour les Américains. A ce sujet, le magazine américain Eating Well a reconnu, dans une édition consacrée à la cuisine italienne, que l’une des explications pourrait être la différence dans le budget alloué au fast-food. Pour les Américains, la moyenne annuelle par personne est de 376 $, et pour les Italiens, elle est de 8,60 $! Après ça, on s’étonnera que la diète méditerranéenne soit maintenant réputée comme panacée!
Ceux qui s’intéresseraient au monde fascinant des piments séchés peuvent en trouver une assez bonne sélection à la Libreria Española, 3811, boulevard Saint-Laurent, qui n’est pas seulement une librairie, mais aussi un excellent endroit pour dénicher des aliments sud-américains et espagnols. Rappelez-vous cependant qu’il y a plusieurs utilisations pour ces petits diables, et qu’une préparation inadéquate peut entraîner une catastrophe culinaire, voire le camion d’Urgence Santé. Je recommande donc de lire quelques bouquins sur le sujet avant de se lancer. En français, il n’existe qu’un seul ouvrage digne de mention, celui de Clare Gordon-Smith dans la série «Au rendez-vous des saveurs», Piments, publié aux Éditions Gründ. Ceci dit, les Américains remportent cette fois la palme avec quelques ouvrages très bien faits, dont The Great Chili Book de Mark Miller (publié par 10 Speed Press), qui fait le tour des principales variétés et propose des recettes affriolantes: j’en ai compté quarante-cinq pour les piments frais et quarante pour les variétés séchées.