Restos / Bars

Au Café suisse : Valais de cour

«Avez-vous du vin suisse?» demande mon invitée. Le serveur acquiesce et nous propose un Fendant du Valais 1996. Il nous le vante avec tant de conviction que je renonce à commander la bière qui me semblait tout indiquée pour un midi. Deux verres de blanc, donc, pour nous mettre en appétit et mouiller discrètement notre repas. La carte est abondante et déploie sans retenue ses rubriques: fondues suisses (tessinoise ou à l’échalote verte), fondues de viandes et de poissons, raclettes (suisse, «suprême» ou aux crevettes), viandes (veau, bouf), fruits de mer (pétoncles, crevettes, homard). Je me passionne plutôt pour la «Table d’hôte de fondues et gibiers»: croûte de chèvre, terrine de gibier, ravioli de caribou, fondue chinoise (bouf) et cubes de gruyère, lapin à la moutarde ancienne, caille vigneronne, fondue chinoise de bison, mignon de caribou aux canneberges, terre et mer de bison et homard, fondue bourguignonne de chevreuil. C’est là que je soupire, humant sans faire exprès l’odeur espiègle qui vient nous distraire jusqu’à notre table. Je pense «raclette», mon invitée murmure «fromage fondu, viandes grillées», me laissant imaginer à loisir toutes les charcuteries et salaisons que je voudrai. Après cela, il faut se faire violence pour revenir au menu du jour où s’alignent spaghetti bolognaise, salade suisse, crêpe farcie aux asperges et jambon, assiette du fumoir, «prise du jour» (merlu), steak frites et fondue suisse à la graine de moutarde. Elle se limite pourtant à une omelette savoyarde accompagnée de salade. Un potage précède ce plat, bien sûr. Il s’agit d’une crème de chou-fleur, de bonne odeur et de bon goût. A deux, nous en venons à bout facilement. J’avais déclaré au serveur que je n’en prendrais pas, c’est vrai, mais tout le monde peut se tromper. D’ailleurs c’est également à deux (ou presque) que nous expédions ad patres le petit détour que je me suis permis du côté des entrées proposées à la carte, en l’occurrence une assiette de viande séchée des Grisons. J’aime. L’omelette savoyarde s’amène bientôt jusqu’à nous, fumante, d’un jaune sympa qui fait de vous un ami dès le premier coup d’oil. Chaque bouchée vous le jure. Pomme de terre et lardons y prennent leur aise; nos fourchettes en font autant. Enfin, je m’intéresse à mon assiette de linguine aux fruits de mer: abondance de crevettes ne nuit point, me dis-je, bien que les pétoncles ne soient pas rares non plus. Les uns et les autres sont tendres – et cuits à point, comme les pâtes. Pas trop mal, somme toute, mais la sauce ne s’élève pas beaucoup au-dessus du banal. «Pourquoi n’as-tu pas choisi une spécialité de la maison?…» En posant cette question, mon invitée ne s’attend pas à ce que je lui réponde sans sourciller: «Ça ne m’empêchera pas de revenir.» Pour la fondue, la raclette, le gibier et toutes les raisons qui sentent bon même quand on a fini de manger. Sur le point de partir, nous acceptons la grosse profiterole au chocolat que nous avions commencé par refuser.

Au Café suisse
32, rue Sainte-Anne
Québec (Québec)
Tél.: (418) 694-1320
Menu du jour: 8,95 à 15,95 $
Dîner pour deux (incluant taxes et boissons): 46,41 $

Le saumon, le brut et le friand
Rien que du brut!… Chaque mercredi soir de novembre et de décembre, le Château Frontenac vous invite à redécouvrir le champagne en dégustant un menu de circonstance, spécialement conçu par le chef Jean Soulard. Un verre de Piper-Heidsieck donne le coup d’envoi, accompagné d’un «tartare de saumon fumé et pétoncle en fleur sur gelée d’onde de la mer aux huîtres et fines algues». C’est ensuite un Laurent Perrier qui se charge d’arroser la «petite cocotte de fonds d’artichaut, confit de caille et son ouf en couronne». Après le fruit de la passion en granité, un Charles Heidsieck prend la relève, avec un «friand de chevreuil sur socle de potiron à l’arôme d’amande doucement grillée». Puis: le «petit boisseau de laitues en sarrasin et sa poire de camembert»… pour souffler un peu avant le verre d’Armagnac Janneau V.S.O.P. et la «coquille chocolatée et sa fine perle». Le thé et le café suivront, bien entendu. Ceux qui ne souhaitent pas rompre avec leurs bonnes habitudes choisiront leur champagne préféré parmi les 12 classiques proposés à la carte. Repas seul: 55 $; avec les vins: 109 $

Restaurant Le Champlain
Château Frontenac
1, rue des Carrières
Québec (Québec)
(418) 692-3861