Restos / Bars

New Tripolis : Authenticité grecque

Avant que l’on ne connaisse la cuisine méditerranéenne servie dans les endroits branchés, il y avait les authentiques restos grecs. Ceux où il fallait souvent décider de son repas selon l’arrivage et selon ce que le chef mettait à notre disposition dans un grand frigo où l’on choisissait nos plats. Les poissons étaient impeccablement frais, les viandes marinaient doucement dans l’huile d’olive et le citron, les salades ne trompaient personne sur leur état «d’âme»! On trouvait autrefois ces «tavernes» dans le Vieux-Montréal, sur l’avenue du Parc, la rue Ontario; et elles ont subséquemment donné naissance à la vocation restauratrice des rues Duluth et Prince-Arthur. Je n’en garde pas un souvenir spécialement impérissable mais, au moins, on avait l’impression de manger une cuisine faite sur place, comme à la maison.

Il reste cependant quelques-unes de ces perles rares, cachées dans des quartiers trop ethniques pour attirer là une clientèle autre que grecque. Prenez le New Tripolis, que toute la communauté hellinique de Montréal doit bien connaître. On entre là-dedans comme dans un kafeneion d’un village du Péloponnèse. Bien souvent, il n’y a que des hommes, et le service est effectué par une jolie femme. Tradition, quand tu nous tiens…

Le resto de Joseph et Steve Eliopoulos possède un attrait particulier: il est installé au cour de ce qu’il reste de grec dans le quartier. Et il propose, dans une atmosphère délurée, des petits plats délicieux, qui rappellent la cuisine villageoise, simple, nourrissante et très, très copieuse, que l’on choisit d’un menu, ou mieux, derrière la vitre d’un grand frigo.

Le mezze, tradition de la Méditerranée orientale et d’origine turque – je regrette de le dire -, est certainement l’option la plus originale. Mais soyez modeste, car les patrons, eux, ont les yeux aussi grands que la panse. Ce qui n’est pas mon cas. Une assiette de hors-d’ouvre aurait suffi à nourrir ma famille étendue au grand complet. Elle comprenait des morceaux de poulpe d’un goût presque sucré, encore un peu moelleux, à peine cuits, et des calmars grillés tout aussi succulents. Il y avait aussi une salade de légumineuses variées nappée d’huile sur laquelle il est bon de presser du jus de citron, du skordalia, une purée (très très) aillée de pommes de terre, et un excellent tzatziki fait de fromage riche et crémeux et non pas de yaourt. Des feuilles de vigne farcies d’agneau et de riz complétaient cette assiette. Pour le mets principal, nous avons pris la saucisse grecque, avec beaucoup de goût, un peu croustillante et passée à la grille, et des côtelettes d’agneau fondantes et savoureuses comme c’est pas possible (because la marinade). Mais, sachez qu’il y en avait quatre de ces côtelettes! Le tout est accompagné de pommes de terre sautées à l’huile d’olive (miam!) et d’une salade de tomates et de feta, assaisonnée d’origan sec et d’olives, servie dans une assiette à part.

Ce repas de colosses aurait nécessité que nous fassions le marathon dans le quartier. Après le café «grec», bien entendu, au goût un peu cendré, servi très sucré. Mais attention de ne pas boire le marc qui se dépose au fond de la tasse. Pour 51 $ pour deux personnes, avec deux grands verres de vin rouge pour engloutir le tout, les taxes et le service. Cet endroit n’est pas typique des restos méditerranéens de l’heure, et c’est tant mieux!
New Tripolis
679, rue Saint-Roch
Tél.: (514) 277-4689

Amuse-gueule
Pour le grand débat international sur les baklavas version grecque, mieux vaut se précipiter quelques portes à l’ouest, à la pâtisserie Afroditi, au 756, rue Saint-Roch – tél.: (514) 274-5302 -, dont les douceurs sirupeuses et pur beurre sont délicieuses et donnent un brusque coup de fouet. Assez, en tout cas, pour vous remuer pendant des heures.

Dans un ordre d’idées complètement différent, les Brunchs musicaux de l’Hôtel Westin Mont-Royal commenceront le 22 novembre avec un concert de l’orchestre I Musici sous la direction de Yuli Turovsky. Ils présenteront un programme composé de pièces d’Elgar et de Tchaïkovski. J’aime ces moments de grâce musicale, précédés d’une flûte de champagne et couronnés – faut dire les choses comme elles sont – d’un brunch assez fantastique. Si vous aimez les cordes, c’est une belle occasion d’en profiter. Les concerts suivants auront lieu à peu près une fois par mois: le 20 décembre, le 14 février, le 11 avril, et le 16 mai.