Restos / Bars

Le Flamboir : Bison global

Il n’y a pas si longtemps, il s’appelait encore le Café-bistro de Provence. Après quelques mois de «réaménagement», il vient de rouvrir ses portes sous un autre nom, celui d’une spécialité dont pouvait s’enorgueillir l’ancienne carte: Le Flamboir. J’en ai d’ailleurs déjà dit tout le bien que j’en pensais. Il s’agit, on s’en souvient, d’une épaisse planche de bois pourvue d’un petit réchaud à alcool dont les flammes lèchent goulûment la viande qui grésille, et cuit, et jute en gouttelettes espacées. L’odeur de romarin grillé est alors celle des vacances, peu importe la saison. Pour le moment, assis en bordure d’une fenêtre donnant sur le chemin Sainte-Foy, mon invitée et moi prenons un bain de soleil non souhaité mais fort agréable. Tout près de nous, une cliente seule vide à petites bouchées satisfaites une grande assiettée de «papillons à la crémeuse de saumon fumé parfumé à l’aneth». D’une table ou d’une autre, la voix de la serveuse nous parvient. Là, elle explique les particularités de la nouvelle carte, les plats «internationaux» – moules et frites, paëlla valenciana et couscous royal – qui reviennent à intervalles réguliers, arrosés d’un verre de vin offert par la maison… Là encore, j’entends énumérer quelques desserts (trottoir aux pommes, salade de fruits, etc.) ou présenter les différentes versions du flamboir: «du Berger» (à l’agneau), «du pêcheur» (pétoncles et crevettes), «du Texan» (mignon de bouf) et «de l’Atlantique» (au saumon, naturellement). Plus auditif que visuel, aujourd’hui? Pas vrai. J’ai noté les plantes vertes placées sur le rebord des fenêtres, les étagères de bois, les changements apportés au décor, le discret mouchetage blanc des murs roses. Des tableaux de… Mady Gavalard, si je déchiffre bien, ont succédé à Van Gogh et Picasso. Olfactif aussi, mon invitée et moi, environnés d’odeurs mouvantes. Saucisses grillées, filet de merlu, frites, blanquette de veau à l’estragon, côte de veau sauce normande (champignons et calvados), salade tiède de foies de volaille. Je lis le menu du jour, bien sûr. Puis je survole la carte des vins, apéros, bières en fût – un peu distrait, puisque mon invitée ponctue mon silence de commentaires sur la carte du soir que nous avons demandé à consulter. «Tiens!… Un tartare de saumon aux lentilles marinées dans du vinaigre balsamique… Ils ont aussi des crevettes grises rôties au lait de coco et curry…» Elle évoque également le carpaccio tiède de pétoncles à l’huile parfumée et tapenade d’olives. Et ensuite le mignon de bouf poêlé et gratiné au camembert. Il est plus que temps de commander, la faim nous tape dedans comme un fou. Le potage m’est servi chaud. Appétissant, velouté, d’un beau vert sombre, il a toutes les qualités gustatives que j’en attendais, sauf que… Ce n’est pas tout à fait, à mon sens, un «potage Parmentier». D’où une petite conversation lexico-culinaire avec la serveuse, qui ne me convainc pas outre mesure. Si la simple présence de pommes de terre justifiait l’appellation, tout serait «Parmentier», à commencer par les coquilles Saint-Jacques, alors que les «Vichy», «Voisin», «Macaire» et «Mont-Doré» devraient changer de nom. Bref, je te mange avec plaisir, crème de légumes, peu importe ton patronyme! Du côté de mon invitée, le plaisir semble identique et s’appelle, lui, «ouf dur mayonnaise, sauce cocktail». Il précède des burritos bien garnis (merguez, saucisse italienne, piments verts) et accompagnés de tomates, guacamole épicé, frites croquantes. J’accorde à ce plat le temps d’une bouchée… deux, peut-être? La troisième ne compte pas vraiment, vu ma hâte de tutoyer le mijoté de bison qui m’attend, empanaché de pappadum lui-même semé de luzerne. Radicchio, purée, fèves de soja, autant d’enjolivements que j’apprécie de loin. Je n’en ai que pour mes cubes de viande baignés de leur sauce brune bien serrée. Après cela, à bout d’appétit, j’accueille le café final comme un sauveur. Titubant de la fourchette, mon invitée se rend tout de même jusqu’au trottoir aux pommes.

Restaurant Le Flamboir
1394, chemin Sainte-Foy
Québec (Québec)
Tél.: (418) 527-0802
Menu du jour: 9,95 à 13,95 $
Dîner pour deux (taxes incluses): 22,89 $