Restos / Bars

Union : En blanc et noir

S’habiller chic… pour relaxer! C’est la préoccupation majeure de l’habitué du resto frime. Allez savoir! Or, si tous les restos chics ne sont pas tous branchés, le contraire est aussi vrai. Mais, à notre époque, ce qui «est» passe bien après ce qui «paraît être».

Ainsi, installé dans l’ancienne gare Union, qui desservait les banlieues de la Rive-Sud et qui s’était métamorphosée en fast-food version western spaghetti, on trouve aujourd’hui un beau resto à la mode, désormais ni gare ni fast-food, qui attire toutefois une clientèle bien habillée, venue ici pour se détendre. Les patrons ne sont pas des inconnus, c’étaient les propriétaires du très cool Shed Café du boulevard Saint-Laurent. Ils ont repris l’affaire et rajeuni la vieille gare, sans lui faire perdre son caractère. Ils ont sûrement compris que cette partie du Vieux-Montréal est sur le point de renaître, surtout depuis que des agences de multimédia semblent l’avoir adoptée.

On doit le décor étonnant de l’Union à Bruno Braun, qui a réalisé là un tour de force sur le thème de la monochromie sans tomber dans la monotonie! On a divisé l’espace en deux salles: l’une décorée tout en noir – rideaux, murs, plafond, mobilier, vaisselle, ustensiles – et l’autre tout en blanc. Et, au milieu de la salle, comme un trait d’union, la seule éclaboussure colorée de la maison: un cercle turquoise qui sert de verrière et sous lequel «pousse» un palmier, «empaillé», dira le serveur. Le designer s’est en partie inspiré de références sixties par l’usage du plastique, du verre et du métal. Le résultat est un mélange harmonieux et très original. Et, comme j’étais vêtu de noir des pieds à la tête ce soir-là, il m’a semblé logique de m’installer dans la salle blanche… au cas où le serveur ne me verrait pas!

Contrairement à beaucoup de restos du même genre, la carte évite le cliché italianisant et propose plutôt un menu éclectique, ni «fusion» ni «californien». Il est composé d’interprétations assez justes de classiques de plusieurs cuisines. Goûtez sans crainte un «petit» cassoulet (6,50 $) qu’on vous propose en entrée, un plat d’hiver savoureux et malin qui risque de vous rassasier et qui se partage fort bien à deux. Surtout si l’on choisit pour l’accompagner une salade de sept laitues (et c’est vrai, je les ai comptées!) aux croûtons, nappée d’une émulsion à l’échalote, impeccable de fraîcheur qui vous apportera une bonne dose de verdure et de vitamine C. Autrement, on trouve aussi le clam chowder, des calmars grillés et même une assiette de sushi. En plat, même registre éclaté avec quelques pastas à l’italienne ou à l’orientale. Le pad thaï, ce plat de nouilles siamois, fait de tout ce que contient le garde-manger, lié avec un oeuf et saupoudré d’arachides, est présentée en une version un peu douce – comprendre sans piments forts – mais parfaitement savoureuse. La tourte farcie au lapin et aux patates, très peu diététique – au diable le régime, nous avons besoin de protéines -, évoque non seulement la cuisine de campagne française costaude et rassurante, mais elle est bien préparée et assaisonnée avec précision. Les desserts ont de l’allure, bien que le choix soit davantage estival: granita al limone, parfait au chocolat. La tarte aux pommes manque d’un soupçon de sucre, mais elle a quand même du tonus, sur le mode rustico-sophistiqué, et perpétue l’esprit malin d’une carte surprenante d’honnêteté.

Et l’ambiance? Si on est du côté blanc, elle peut être lumineuse; mais si on s’installe côté noir, elle devient plus edgy, plus vampirique. Parlant d’effroi, bien qu’il y ait un système de haut-parleurs à faire peur, la musique n’est jamais trop forte et plutôt bien choisie. Comme il se doit dans ce genre d’endroits, le service, fait par de jeunes personnes avec des gueules d’acteurs, était décontracté, mais toujours efficace et courtois. Et la carte des vins fait preuve d’imagination en proposant plusieurs crus du Sud-Ouest français à des prix raisonnables, en plus de certains vins italiens. Pour ce voyage aux limites du Vieux-Port, comptez 60 $ pour deux repas avec les taxes et le service.
Union
600, rue D’Youville
Tél.: (514) 286-9851

Amuse-gueule
Encore des idées de livres-cadeaux.

Cette fois, c’est l’inénarrable Jean-François Plante, qu’on a aperçu à la télé l’été dernier derrière son grilleur. Publié aux Éditions de l’Homme, voici son livre sur les Huiles et Vinaigres, un ouvrage bien illustré où l’information est détaillée et précise. De plus, comme c’est son habitude, il nous propose des tas de petits trucs et des recettes sympathiques et pas compliquées.

Pour tous les amoureux du chocolat – et Dieu sait qu’il y en a dans cette ville -, Frédéric Bau, chef pâtissier de l’école du grand chocolat Valrhona, a créé deux cents recettes modernes dans un livre qui se nomme Caprices de chocolat (Albin Michel). De quoi épater les habitués et stimuler les accros!