A l’ombre des deux nouvelles arches, à l’entrée et à la sortie du Chinatown, de nouveaux restos s’ajoutent régulièrement à la longue liste des bons (et parfois des moins bons) établissements qui servent de la cuisine orientale. Une fièvre marchande s’empare de moi chaque fois que je mets les pieds dans le quartier chinois. D’ailleurs, il ne m’a jamais paru aussi sympathique.
Pourtant, les meilleures adresses ne sont plus seulement chinoises. Et, bien qu’on ne puisse nier leur parenté, les Vietnamiens se révèlent maintenant de formidables concurrents. Leur cuisine est tout aussi raffinée, mais plus digeste, plus «tropicale» et, donc, plus légère. Et la variété de plats est tout aussi intéressante que celle que l’on trouve sur les cartes des restos chinois. Mais le grand avantage, c’est que la cuisine vietnamienne est restée modeste. Et, donc, économique. Prenez le Phó Minh, un nouveau petit resto installé dans un sous-sol, il possède tous les défauts de ses qualités: trop éclairé, trop commun, diront certains. Mais ce côté populaire nous assure de son authenticité. Jugez-en par la clientèle exclusivement tonkinoise qui se régale de soupes de nouilles (entre 4 $ et 6 $) copieuses et tout à fait succulentes. Ou de plats de vermicelles vapeur, servis avec du porc, du poulet ou des crevettes grillées. Ou mieux, de banh xeo, (7 $) la crêpe vietnamienne – une spécialité saïgonnaise rare à Montréal -, un compromis entre l’omelette, la crêpe et la galette tropicale. Elle est farcie de crevettes grillées, de lardons de porc sautés, d’herbes, de piments et de curcuma, et mélangée dans une pâte de farine de riz et de lait de coco. On l’enroule dans une feuille de laitue, avec des feuilles de basilic et de menthe et on trempe le tout dans une sauce à base de nuoc mam allongée au jus de lime et assaisonnée d’ail, de sucre et de pâte de piment fort. Même si cela demande une certaine adresse pour les manger, ces crêpes sont un pur délice, exotiques à souhait, et elles suscitent une série de commentaires de la part des autres clients, qui s’esclaffent en nous voyant en mettre partout. Le thé au jasmin arrive dès qu’on s’installe. La tradition veut qu’il n’accompagne pas le repas, mais qu’il se boive avant. Pour quinze petits dollars à deux tout compris, avec toute l’attention du gentil patron, un monsieur à l’allure et au sourire de Confucius.
Phó Minh
1021B, boulevard Saint-Laurent
Tél.: (514) 866-8288
Arigato
Si les Japonais sont de grands imitateurs, peu de gens savent les copier correctement sans tomber dans la contrefaçon. Ainsi, le décor nippon du restaurant Arigato pourrait, à la rigueur, faire illusion. Mais pas la cuisine. Si l’espace est bien décoré, façon minimaliste avec les écrans de papier de riz, les lanternes et tous les bodhisattvas qu’il faut pour s’assurer les bénédictions, on ne sent pas la passion du beau et du fin dans cette version approximative. Les plats n’ont de japonais que le nom, puisqu’ils sont de tristes imitations. Peut-être cela vient-il du fait que ce sont des Vietnamiens qui les préparent dans ce seul représentant nippon du Chinatown. Plutôt que de se lancer (j’ajouterais: tête baissée) dans le pastiche des plats mijotés ou sautés, il aurait mieux valu se consacrer aux sushis, exécutés avec un peu plus d’adresse. Le sukiyaki, par exemple (45 $ pour deux), version nippone d’un sauté de bouf que les convives doivent préparer eux-mêmes à table, qu’ils garnissent de légumes – chou, carottes, oignons – et qu’ils trempent ensuite dans l’ouf cru, se présente ici comme une fondue mongole, le gras de bouf étant remplacé par un bouillon complètement insipide. Tout ce qui fait le charme de ce plat assez populaire en Occident est absent ici: le réchaud manque de gaz après quelques minutes, le bouillon est servi presque froid, il n’y a qu’une sauce d’accompagnement, et pas d’ouf pour tremper ses tranches de bouf. De l’ensemble se dégage une impression brouillonne et discordante. Le service est indifférent, comme la carte des vins. Mais pas l’addition qui, elle, m’a fait rire jaune! Comptez 75 $ à deux, avec les taxes, le service et une demi-fiole de saké.
Arigato
75, rue de La Gauchetière Ouest
Tél.: (514) 395-2470
Amuse-gueule
Si vous cherchez encore des cadeaux de Noël, vous devriez aller faire un petit tour du côté des vendeurs d’ustensiles de cuisine, qui proposent tout le nécessaire à la cuisson et au service d’un repas asiatique. Des couverts, des woks, des baguettes de nacre, des couteaux à sashimi japonais, des ensembles à thé ou à saké, des assiettes japonaises en fine faïence, en passant par les paniers de bambou qui cuisent à la perfection les plats vapeur, et les mortiers en granit ou en bois. Vous verrez, les idées ne manquent pas chez Kim Heng
1055, boulevard Saint-Laurent
(874-0228).