Le café est sans doute la raison d’être de cet établissement aussi vaste qu’une cafétéria : on vous en sert de toutes les sortes, flambé ou pas; on vous le vend aussi en grains, fraîchement torréfié et de provenance certaine: Honduras, Zimbabwe, Haïti… Tasses, cafetières et petits moulins traditionnels garnissent les tablettes de nombreuses étagères _ où se retrouvent également des théières, quelques boîtes de cigares et autres éléments de décoration. À ma droite, dressé contre le mur, un tronc de canoë converti en bibliothèque. Imaginez partout des tons chauds de bois et, à vos oreilles, un petit air qui vous jazze en sourdine la mélancolie d’un soir de pluie. C’est dans une telle ambiance, plutôt agréable, qu’évolue un personnel dont les rares sourires semblent aussi douloureux qu’un accouchement de triplés. Certains clients ne sont là que pour une bière ou un verre de vin; d’autres grignotent. On devine, au son, qu’un groupe se paye du bon temps dans l’une des autres salles. Ici, on mange de tout: salades, fajitas au poulet, moules (marinière, poulette, etc.), salades (grecque, florentine ou César), foie de veau, neuf variétés de pizzas, dont la «Pacifique piz» au saumon fumé, oignons, câpres, parmesan, mozzarella et sauce tomate. Sur la carte, filet de sole meunière, coquille de fruits de mer, escargots au vin rouge, steak frites, steak tartare voisinent avec les spaghettis, foie de veau dijonnaise, sandwiches, crêpes et bagels. Mon invitée ayant commandé un verre de vin rouge maison, je réplique par une Löwenbräu. De retour à la table d’hôte, que j’avais à peine effleurée du regard, je surmonte toute perplexité pour choisir une bavette de bouf au parfum brésilien _ sauce caramélisée à base de café, nous dit-on. En entrée, l’antipasto maison: maïs nain, laitue, tomates séchées, poivrons rouges et verts, olive noire, cour d’artichaut. Cela plaît bien à mon invitée; je le lui laisse sans nul regret. Quelques minutes plus tard, on lui sert son sandwich Reuben _ deux tranches de pain de seigle garnies de vraie choucroute, de bouf fumé (pas du smoked-meat) et de gruyère fondu. Pas mal du tout pour un sandwich. Quant à ma bavette, elle n’a rien d’extraordinaire (sauf son prix). La sauce surprend un peu en raison de son goût évoquant un mélange de café et de lait concentré du type Eagle Brand. Outre un peu de chou rouge, quelques frites accompagnent mon steak; elles ont l’air si tristes que j’en mange peu, craignant d’ajouter à leur chagrin. Une tranche de «Brasilia» comme dessert, puis deux bons cafés bien tassés: tel est notre meilleur souvenir de cette soirée.
Bistro Express du sud
8093, boul. du Centre-hospitalier
Charny (Québec)
Tél.: 832-8613
Menu du jour: 6,95 à 9,95 $
Table d’hôte: 15,95 à 18,95 $
Souper pour deux (incluant boissons, taxes et service): 47 $