Pourquoi aller si loin? Les Montréalais, grands voyageurs, sont prêts à traverser la planète en quête d’expériences et d’exotisme, sauf dans leur propre ville. Pourquoi donc ne pas rendre visite à l’Extrême-Orient… de Montréal?
À l’extérieur du Kei Phat, il y a le boulevard Métropolitain et le bruit des autos qui filent à toute allure. Mais, à l’intérieur de ce grand marché asiatique _ aussi abondamment pourvu que ceux du Chinatown _, on a installé quelques tables garnies de nappes quadrillées et d’arrangements floraux en plastique au son de la musique de vedettes cantonaises. Tout le glamour est cependant relié à la nourriture. Derrière le comptoir, les cuisiniers s’affairent à couper, découper, débiter, émincer et faire sauter dans leurs woks. Cet endroit sympa est tenu par une famille qui a l’air de s’amuser.
Vous croyez qu’une image vaut mille mots: ici, pas de menu, rien qu’un carnet avec des photos de plats, parfois un nom, et quelquefois un prix. Mais rassurez-vous, cette cuisine de «tous les jours à Saïgon ou à Hong Kong» est tout à fait de circonstance: elle s’avère joyeuse, ménagère, simple, et elle explose de goûts.
On s’en rend compte dans la soupe à la noix de coco et au curry rouge, chaude et voluptueuse comme une nuit à Bangkok, et qui vous laissera la langue tout émoustillée. Mais cela ne durera que quelques secondes, si vous prenez un peu de riz pour éteindre le feu. Une expérience que je vous recommande. Le sauté de porc à la pékinoise, dans une sauce aigre-douce rouge comme le drapeau chinois (et qui tache), et le bouf à la sauce saté, avec des légumes étranges et inconnus, un peu huileux, mais plein de saveurs, nous réconcilie avec la Chine et ses voisins. Le riz vapeur accompagne naturellement tous les plats, et on vous en sert une montagne. Oh! vous ne ferez pas de grandes découvertes, mais vous aurez mangé authentique! La vraie surprise arrive à la fin, avec une addition qui ne dépasse guère les 35 $ à trois, bières, taxes et service compris.
Kei Phat
4215, rue Jarry Est
Tél.: (514) 376-5749
Zyng
On annonce une cuisine panasiatique et un marché où les spécialités de nouilles de plusieurs pays d’Extrême-Orient se rencontrent. L’idée est excellente. Mais Zyng a un gros problème, selon moi: pas une seule paire d’yeux bridés. Ni devant le comptoir ni derrière. Ni sur le plancher pour vous servir ni derrière les fourneaux pour vous nourrir. Cela se traduit par une cuisine qui voudrait à tout prix être authentique, et qui se proclame comme telle, mais à laquelle il manque ce que les Anglais appellent un «je-ne-sais-quoi». Il ne suffit pas de brasser des nouilles sur une plaque chaude pour faire un plat de pad thai. Même si on a la recette sous le comptoir. Ce classique thaï, censé être un microcosme de la cuisine siamoise, n’est pas mauvais, mais il lui manque le coup de fouet. Pas assez de coriandre, trop d’arachides? Le plat de nouilles chinoises au chili ne contient pas beaucoup de sauce, pas suffisamment de sel, assez peu de légumes. Et puis, le menu est si confus _ entre le comptoir à salades et le teppanyaki à la japonaise _ que nous avons peine à faire un choix. Ce très beau décor branché, qui évoque l’opulence et le raffinement que l’on imagine de l’Asie moderne, reste quand même intéressant, même si le service est fait avec simplicité et… inexpérience. Heureusement, ce n’est pas très cher: 30 $ pour deux repas, deux bières japonaises, taxes et service.
Zyng
1748, rue Saint-Denis
Tél.: (514) 284-2016