Restos / Bars

Soy : Chin-chin!

Nous attendions depuis longtemps un vrai restaurant asiatique sur le Plateau. Scrupuleux sur l’authenticité et les goûts, mais excédés par des décors et des ambiances de studio de cinéma et une cuisine spectacle, nous espérions autre chose que du fast food tout de même. Dans cet esprit, le tout nouveau resto Soy, à mi-chemin entre le bistro de quartier et le resto d’ambiance, remporte les lauriers.

Tout en angles, en couleur et en lumière, avec ses murs de briques bien montréalais, sa terrasse confortable et son décor sobre et moderne, cet endroit n’a de l’Asie que le menu et les écriteaux à l’encre… de Chine, bien sûr. Si je devais avouer un parti pris pour un resto, je n’hésiterais pas un instant, ce Soy m’a complètement conquis.

Le patron Manny Chang, autrefois responsable du Zen, nous avait habitués à une indiscutable rigueur. Soignée et d’une régularité sans faille, voilà une cuisine épatante qui sort de l’ordinaire et qui sert bien ce bistro un peu branché. Même le service jeune, mais informé, et jusqu’à la faïence japonaise dans laquelle on sert chacun des plats établissent le sérieux de la maison. Car on le sait quand on parle cuisine, rien n’est plus sérieux qu’un Chinois. Deux Chinois peut-être. Et c’est là qu’intervient sa femme, Suzanne Liu, qui a grandi à Montréal, et qui a échangé son smoking de maître d’hôtel contre un tablier et s’est mise au fourneau pour le plus grand bien de la planète Plateau.

Bien qu’elle fasse des clins d’oil à certains parfums et mets du Sud-Est asiatique, la carte du Soy s’ancre fermement dans la cuisine chinoise moderne. Et c’est l’occasion d’applaudir sa capacité de changer, de se transformer continuellement au contact des autres cultures.

Peut-être la seule culture, avec la française, à considérer la cuisine comme une science. Au menu: des dumplings remarquablement moelleux, et dont la farce de porc est épicée avec finesse et franchise, servis avec du vinaigre aromatisé de gingembre frais. Des brochettes de poulet grillé, fondant, croustillant, juteux. Des calmars parfaitement fondants, empalés sur une brochette et qu’on nappe d’une sauce balinaise au parfum d’ail, de gingembre, de tamarin et de citronnelle. Les meilleurs que j’aie goûtés depuis très longtemps. Une salade de vermicelle et d’échalotes rouges épicée à la thaïlandaise montre que le chef dépasse les limites de la cuisine cantonaise. Et avec des crevettes enrobées de daikon, trempées dans une sauce au gingembre et au basilic, elle prouve son originalité. Mais c’est avec des crevettes sautées au wok avec du poivre en grains et de l’ail, qu’elle saupoudre de fécule de maïs afin qu’elles soient croquantes sans perdre de leur moelleux, qu’elle montre sa parfaite maîtrise du garde-manger et des assaisonnements asiatiques. Cette petite maison fera parler d’elle c’est certain. Et surtout à cause des prix presque indécents tant ils sont raisonnables. Pour 60 $ à deux, taxes et service compris, nous avons pris presque toute la carte et nous avons fini tous les plats!

Soy
3945, rue Saint-Denis
Tél.: (514) 499-9399

Amuse-gueule

Hong Kong sur Saint-Laurent

* À mon retour de Hong Kong, j’avais l’intention de révéler (car c’est presque encore un secret) que Montréal peut, à juste titre, être fière de ses restaurants chinois. Plusieurs Hongkongais se sont installés dans le Chinatown depuis dix ans mais plusieurs ont choisi la Rive-Sud et spécifiquement Brossard. Et la qualité des restaurants a suivi cette migration. Pour vous en convaincre, faites un petit tour au centre commercial qui se trouve au 8080, boulevard Taschereau, dont l’épicerie ressemble à s’y méprendre à celles que l’on trouve en Asie.

* Avant de faire un repas chinois, il faut cependant apprendre quelques règles de survie. Premier constat: manger est pour le Chinois un événement social majeur. Et le menu chinois représente souvent une énigme pour les Gwalios que nous sommes, surtout que la cuisine cantonaise fonctionne à partir de plusieurs principes, totalement étrangers aux nôtres. D’abord, un repas cantonais idéal doit respecter certaines lois: équilibre entre les plats yin (poisson, cuisson vapeur, légumes verts) et les plats yang (viande rouge, friture, ail), les variétés de texture _ gluante, croustillante, molle et dure _ et de température ?_ froid, tiède ou chaud _, les variétés de couleurs et d’odeurs. Et, contrairement aux Occidentaux, le goût, pour les Chinois, n’est que l’une des composantes d’un plat, et passe même souvent en second lieu.