Restos / Bars

Retour sur le Mondial de la bière : Belle gueuze

Le sixième Mondial de la bière est maintenant derrière nous. Et c’est encore au stand de Serge Bélair, qui prévoit l’arrivée de la Saison Dupont et de la Orbier sur les tablettes de la Société des alcools quelque part au mois d’août, qu’on a pu goûter parmi les meilleures bières. Il y avait notamment là une superbe gueuze, la 3 Fonteinen, élaborée à Beersel, en Belgique, par l’un des derniers «artisans-assembleurs» de lambic. Une gueuze acidulée et tranchante, mais pas au point d’arracher la gueule comme la Cantillon. Beaucoup de fraîcheur, de caractères boisés et d’originalité. On devine, à percevoir la structure, l’équilibre et la vivacité qu’elle gagnerait même à vieillir quelques années.

Tout aussi séduisante, la française Blonde d’Esquelbecq (6,5 % d’alcool), au superbe nez complexe évoquant le malt, les fleurs et la levure. La bouche suit, riche et moelleuse, enveloppante, à l’amertume admirablement bien dosée. Une grande broue, à la fois puissante et élégante.

Ailleurs sur le site, l’Alaskan Brewery Co. a retenu l’attention. Son Alaskan Amber, une ale dorée à l’engageant nez de cerise et au goût épicé, est moyennement corsée et d’une grande fraîcheur, conjuguant ainsi légèreté et saveur. L’Alaskan Oatmeal Stout, bien que plus foncée, plus maltée et au goût fumé-chocolaté très prononcé, n’en est pas moins désaltérante et harmonieuse.

Un souhait, en terminant. On a dit ici et là que le Mondial aurait intérêt à se renouveler, à repenser sa formule. Je constate pour ma part que l’événement est assez largement fréquenté, par des clientèles très diverses de surcroît. Je crois cependant qu’il y aurait lieu d’organiser, à l’automne par exemple et dans un hôtel pourquoi pas, une manifestation parallèle, à plus petite échelle, destinée celle-là aux amateurs plus avertis. Une sorte de «mini-Mondial», où l’on offrirait quasi exclusivement des bières spéciales de toutes provenances et toutes catégories. Que des bières nouvelles ou d’exception, présentées à chaque stand par des connaisseurs enthousiastes et passionnés. Je serais en tout cas le premier à m’y précipiter.

Goutte à goutte
* Château de Pibarnon 1996 (36,25 $/489335), très beau rouge provençal d’appellation Bandol, à base de mourvèdre (50 % minimum) et de syrah. Un vin au nez dense et compact, pas très ouvert mais prometteur; les saveurs sont à l’avenant, beaucoup de fruit, de concentration, ainsi qu’une trame serrée, distinguée. Si on n’a pas encore contracté la maladie du champagne de l’an 2000, voilà une excellente bouteille à mettre en cave pour faire honneur à la dernière grande bouffe du millénaire…

* Capable de tenir le fort une couple de mois lui aussi, le Merlot 1997 Viña Tarapaca, un modeste rouge chilien fruité et pas compliqué, juteux sans être mou ou sirupeux. Pris pour lui-même, pour ce qu’il est: très O.K. Son prix, j’allais oublier: 11,05 $.

* Très correct sauternes, à peu près toujours aussi fiable d’année en année, le Château Bastor-Lamontagne 1996, à 22,90 $ la demie – code 231027. Tout plein de fraîcheur et une richesse assez marquée, à défaut de profondeur et de finesse. L’équivalent, en blanc doux, d’un bon cru bourgeois. Et, avis aux amateurs du genre, suffisamment de caractères botrytisés pour se régaler. Pourrait bien entendu, lui aussi, contribuer à créer le fameux buzz de l’an 2000.