Bonne humeur et canicule font bon ménage pour fêter la Saint-Jean. Entre Monia Mathieu, Jean-Michel Borgeat et Claire Montambault, qui chantaient à l’Îlot Fleury, et les tambourinaires du Burundi, en spectacle à place de l’Hôtel de Ville, il a bien fallu dîner. À mi-chemin, nous avons opté pour Les Frères de la Côte, dont le décor a passablement changé depuis la dernière fois que j’y ai mangé un excellent osso buco, abondant et viandeux à souhait. Le service s’y révélera, une fois de plus, cordial et décontracté. Un panneau de verre sobre a remplacé la galerie de photos qui vous accueillait près de la porte d’entrée. À l’intérieur, les murs sont maintenant de couleur ocre, façon pochoir, sous un plafond veiné imitant le marbre. Trombone, trompette, tuba, chapeaux de paille, tresses d’ail, bouquets de piments rouges et bouteilles d’huile d’olive ajoutent à ce petit côté latin qu’on aime retrouver ici, mêlé aux notes tropicales des haut-parleurs qui vous soûlent de salsa. Je me fais servir une Bass, mon invitée un verre de rouge, histoire de nous réhydrater après notre trop longue marche. Cela nous laisse aussi le temps de reprendre notre souffle et d’échanger nos impressions sur les spéciaux du jour: rôti de porc garni, saumon fumé servi avec frites et salade, pizza Marguerite (tomates, fromage et origan), filet de sole poêlée, sauce tartare, saucisses de Toulouse et italiennes grillées à la dijonnaise, moules marinière… Évidemment, chaque fois que la serveuse s’amène, nous ne sommes pas encore prêts à commander. Une faim plutôt paradoxale me contraint à prendre mon temps, à regarder dehors la micro-terrasse dont les bacs à fleurs n’abritent pas du regard ceux qui s’octroient de corpulentes bouchées de steak ou de pizza, de longues rasades de bière ou de sangria. Il y a aussi, affichée juste en face de moi, une jolie suite de distractions intitulée «Spéciaux du soir», allant de la brochette de crevettes au rib steak (entendez bifteck de côte), en passant par la brochette de bouf, le pavé de saumon et les côtes levées. Tentée par les saucisses de Toulouse, mon invitée finit par choisir les cannelloni gratinés à la napolitaine, vraisemblablement influencée par l’assiette d’une cliente qui semble les apprécier. Je me décide sans grande conviction pour le jarret d’agneau braisé, qu’on m’apporte assez vite, chaud et soigneusement présenté dans une assiette blanche tachetée de couleurs. La viande, vraiment braisée et tendre comme dans un couscous, s’accompagne d’une sauce aux petits pois, fèves vertes, carottes, mange-tout et poivrons rouges. Après l’avoir attaquée de front, je picore quelques bribes de salade, des morceaux de pomme de terre rissolée, puis je m’intéresse à ce qu’elle a de plus secret: sa moelle – qui vous fond dans la bouche tel un morceau de beurre. Les goûts me plaisent bien avec, en arrière-plan, la légère amertume de ma Bass qui tire déjà à sa fin. Une bouchée de cannelloni me rassure quant à mon propre choix: j’apprécie leur farce au veau, assaisonnée avec… justesse, mais la sauce me semble un peu trop acide. Ce n’est pas l’avis de mon invitée, elle qui pourrait manger un citron sans sourciller. D’ailleurs, à la fin du repas, elle prend son café noir, tandis qu’il me faut six sucres dans le mien. Chacun ses excès, lui dis-je, en la regardant s’escrimer avec un éclair au chocolat mouillé de crème anglaise.
Restaurant Les Frères de la Côte
1190, rue Saint-Jean
Québec (Québec)
Tél.: (418) 692-5445
Spéciaux du jour: 9,75 à 11,95 $
Spéciaux du soir: 17,75 à 18,95 $
Dîner pour deux (incluant boissons et taxes): 33,20 $