Restos / Bars

La Merise : Douceur amère

Magog est depuis cent ans le terrain de jeu des Montréalais… anglophones. Ce n’est pas la ville qui les a attirés, mais le lac de 44 kilomètres de long et le splendide paysage montagneux des Appalaches. Cela dit, la ville vit maintenant au rythme des vacanciers, toutes langues confondues, qui la font vivre pendant les mois d’été, la métamorphosant en une sorte de rue Prince-Arthur des Cantons-de-l’Est. Un peu grégaire, un peu cheap, un peu coquette.
La même chose peut être dite des restaurants. On trouve de tout sur la rue Principale, du fast-food au restaurant français, en passant par les terrasses et les bars. Pour éviter la cohue, on peut aussi prendre la route qui mène au parc d’Orford, le long de laquelle le restaurant La Merise s’est installé.

La maison victorienne qui date de la fin du XIXe siècle est assez typique des belles demeures de la région. Le grand balcon accueille plusieurs tables quand il fait beau, et la salle à manger, un peu austère mais cosy, reçoit les skieurs en mal d’un vrai repas le reste de l’année. Cependant, on ne cherche dans cette jolie maison en bord de route ni la vue sur le lac ou les montagnes, ni une cuisine très raffinée, mais une ambiance apaisante – quand il n’y a pas trop de trafic!
Bien que les petits plats de La Merise soient simplistes, ils sont affublés d’appellations un peu boursouflées. Un petit chèvre roulé dans la chapelure et saupoudré de graines de sésame avant d’être légèrement fondu est servi dans une pâte feuilletée ce qui l’alourdit inutilement. On le nappe d’une sauce insipide, dont je suis bien incapable de reconnaître le parfum tellement il est discret. La salade fraîche est correcte, mais servie avec une désagréable vinaigrette sucrée couvrant toute la délicatesse de la laitue. Ce qui me fait penser que l’union du sucre et du vinaigre devrait être confinée aux chutneys et autres pickles à l’anglaise. En plat, on vous sert le veau dans une sauce un peu collante, montée à la fécule, dont les champignons communs qui l’accompagnent sont trop cuits. Les ris de veau à la carte sont bien nettoyés et plutôt bien cuits mais nappés – presque noyés – d’une épaisse sauce transparente qu’on appelle un «caramel de pomme», et dont le goût évoque… une tarte au sucre. Les plats sont accompagnés de six légumes cuits à la vapeur, d’une fadeur exaspérante, tous hors saison! Puisque la douceur était présente dans tous les plats, il nous apparaissait inutile de prendre le dessert. On ne cherche pas à s’exposer en vain au diabète!

Dans une aussi jolie maison, on voudrait bien ressentir le frisson des vacances, mais la cuisine ne nous a pas fait rêver.

Comptez tout de même 80 $ à deux, avec les taxes et le service (efficace quand même), et un verre d’un vin anonyme qui ne vaut certainement pas le 5 $ qu’on nous a facturé. Il y a du travail à faire.

La Merise
2329, chemin du Parc, Cherry River
(819) 843-6288

Ma Gogue
Ici, on dîne ou on soupe au son du jazz ou du brésilien, dans une ambiance chaleureuse et accueillante qui n’est pas sans rappeler les surannés troquets d’étudiants des années 70. Mais on dîne sans prétention de hamburgers, de frites, d’une petite bière et de sandwichs sympas, de tartes aux fruits frais et de gâteaux riches et crémeux. Faut croire qu’à Magog, le sucre règne en maître. Il semble aussi y avoir une mode en ville: celle de signaler le nombre d’étages que contient un gâteau. Entre un et douze (aperçu dans la fenêtre d’un autre café). Le gâteau extrêmement chocolaté de Ma Gogue en contient sept – et on vous le dit -, garnis d’une riche crème au beurre, de quoi faire saliver d’abord, puis s’en vouloir ensuite. Mais tout est bon et très, très, très sucré, et seul le café (pour une fois très bon aussi), apporté avant le dessert, soulage un peu notre gourmandise. Quinze dollars pour deux douceurs, deux express, les taxes et le service.y

Café Croûte Ma Gogue
299, rue Principale Ouest
(819) 847-3925