Restos / Bars

Le Batifol : Le coeur à la fenêtre

Ce soir, nous avons choisi d’aller prendre un peu de soleil au Batifol. À défaut de la terrasse, que désertent les plus téméraires, on nous installe en bordure d’une… fenêtre. De là, nous voyons la terrasse, justement, mais aussi, sous nos yeux mêmes, une petite jardinière où poussent du thym, du basilic, du cerfeuil, du laurier-sauce et de l’estragon, soit tout ce qui parfume cette «cuisine animée» dont nous ne sommes certainement pas les seuls amateurs.

Si nous attendions qu’il fasse beau pour sortir, nous passerions la majeure partie de l’été derrière une fenêtre. Nous nous disons cela toutes les fois que les percées de soleil se font rares. C’est le cas depuis deux jours et, ce soir, nous avons choisi d’aller prendre un peu de soleil au Batifol. À défaut de la terrasse, que désertent les plus téméraires, on nous installe en bordure d’une… fenêtre. De là, nous voyons la terrasse, justement, mais aussi, sous nos yeux mêmes, une petite jardinière où poussent du thym, du basilic, du cerfeuil, du laurier-sauce et de l’estragon, soit tout ce qui parfume cette «cuisine animée» dont nous ne sommes certainement pas les seuls amateurs. La salle à manger est pleine et il y a aussi du monde à l’étage supérieur. Serveurs et serveuses s’activent en tous sens, toujours polis et souriants, parmi la bonne humeur arrosée de bière et de vin. À droite, à gauche, partout, des fajitas grésillent, empanachées de vapeur parfumée. Dominant tout cela, des têtes de licornes trônent sur des traverses ou des amorces de mezzanines. J’ai terminé mon pineau des Charentes; mon amie sirote ce qu’il lui reste de campari soda. Comme d’habitude, puisqu’elle n’a pas changé, la carte nous propose le tour de la planète en quelques rubriques, «Voyage en Belgique», «Au pays du soleil levant», «De l’autre côté du monde», etc. Légèrement panés, bien assaisonnés, à la fois tendres et croquants, les calmars frits me rappellent d’une fois à l’autre qu’ils constituent mon entrée favorite – à condition qu’on les réussisse. C’est le cas. Une «trempette» de curry (un peu trop salée) les accompagne. Les goûts sont autres, et autrement savoureux, dans l’assiette de ma compagne, «coupe croustillante au porc et arachides parfumée au soya». Un vrai petit délice qu’on expédie ad patres en deux-trois bouchées, plus deux-trois gorgées de vin blanc. Au tour du «saumon frais sauté au gingembre et pousses vertes» de se faire dilapider à coups de fourchettes obsessifs. On dirait une lutte à finir -que j’aide mon amie à finir, souhaitant qu’elle me rende la pareille en ce qui concerne mon imposante «paëlla du Batifol». On m’a servi cette dernière avec un petit bol de sauce poulette. Cela me semble d’abord saugrenu, mais, à bien y goûter et à force d’en reprendre, je finis par l’adopter. «Mon plat manque tout de même d’intimité…» Je n’ai pas à expliquer longuement; mon amie comprend ce qui me chagrine un peu: les ingrédients de la paëlla semblent étrangers les uns aux autres, comme s’ils n’avaient fait connaissance qu’au moment de m’être servis. Nous terminons sur une bonne note, en l’occurrence une crème brûlée aux griottes pour accompagner deux cafés bien tassés.

Restaurant Le Batifol
995, boulevard du Lac
Lac-Beauport (418) 841-0414
Repas légers à partir de 5,95 $
Tables d’hôte à partir de 20 $
Souper pour deux (incluant taxes et boissons): 85,72 $

Épousailles bières et fromages
Mario D’Eer est un spécialiste des bières à qui l’on doit déjà quatre ouvrages sur le sujet. Sa dernière publication, Épousailles bières et fromages, constitue une somme impressionnante de documentation, bien organisée, où subsistent malheureusement quelques coquilles parfois agaçantes [troisième annexe chapeautée «Annexe 2», p. 246; «Amitié probables» (sic), p. 242; «Les fromages… avant de pouvoir être consommé…» (sic), p. 29, etc.]. Après avoir sacrifié au rituel des remerciements, l’auteur nous livre en avant-propos quelques réflexions sur son travail et conclut en ces termes: «Je vous propose donc une démarche plutôt que des résultats. Voici le témoignage partiel et partial d’un collectionneur de saveurs aimant bien interroger les informations présentées à ses papilles.» Cela suffit à nous rendre l’ouvrage sympathique, d’autant plus qu’on y prend un intérêt croissant et que l’information proprement dite s’allège ici ou là de cocasserie et d’humour: «Le sexe des sujets de nos élucubrations dans ce livre se retientfacilement: le fromage et la bière. Cette inspiration impromptue nous permet de libérer notre imagination et d’accorder aux tourtereaux des caractéristiques inspirées des relations qui gouvernent les relations entre les hommes et les femmes.» Et, plus loin: «Les accords bières et fromages représentent-ils le ying et le yang de nos papilles?» Au-delà des similitudes, ce sont les différences qui assurent la complémentarité, voire l’harmonie entre les bières et les fromages. Mario D’Eer étudie en détail les unes et les autres, en présente les modes de fabrication, en analyse les diverses caractéristiques et suggère 9 conditions et 10 règles susceptibles de gouverner «l’art des épousailles». Pour chacune des bières et pour chacun des fromages étudiés, il propose des indices (de mariabilité, d’amitié, orgastique ou conflictuel). L’ouvrage s’achève sur un double index des bières et des fromages précédé de trois annexes («Repères fromagers», «Classification des bières» et «Classification des fromages») et d’un lexique d’environ 130 termes.

Épousailles bières et fromages,
De Mario D’Eer
Trécarré, 2000, 256 pages