Ce restaurant tout nouveau, qui se veut «marchand de bonheur», semble avoir trouvé le moyen d’allier passion, mesure et simplicité. Nous avons pris le temps de faire le tour des deux salles à manger et d’apprécier en quelques coups d’oeil ce décor d’une élégance sobre où semble s’attarder un peu de soleil même quand il fait déjà noir au dehors. Chaises de bois à dossier canné, panneaux de verre, arrangements floraux et «touches» de vitrail, rien ne jure dans cet environnement de boiseries qui s’éclaire ici ou là d’un pan de mur coloré. Une reproduction de Picasso se distingue nettement des autres tableaux. Au-dessus de chaque table, le bleu dégradé d’un petit abat-jour de verre translucide. Malgré cela, nous choisissons la terrasse, parce qu’un beau soir d’été nous est offert à l’improviste – avec un peu de retard, il faut l’avouer. Mon amie se fait immédiatement servir un verre de vin rouge (Masi Modello delle Veneze), pour «prendre un peu d’avance sur la fin de semaine». Elle le lève à ma santé, y boit, puis fait à haute voix le compte de ses envies: escalope de veau al limone ou aux pommes et calvados, penne alla Pietroburgo, feuilles d’endives au roquefort, crevettes à la crème et basilic, thon grillé au beurre, sole de Douvres… Le choix n’est pas plus facile de mon côté. Les huîtres me sollicitent autant que l’escalope de caribou, la surprise d’autruche forestière et le carré de sanglier. Je me laisserais bien tenter par les moules au vin blanc, ou par le contre-filet d’agneau à la diable. Il y a également l’entrecôte flambée au cognac, les ris de veau à l’effilochée de jambon et toutes ces autres tentations qui ne font qu’aggraver ma faim. N’est-ce pas une façon de souffrir, ça? Je me commande un verre de vin blanc et me décide sur un coup de tête. Quelques bouchées de pain beurrées nous aident à patienter. Avec les entrées nous arrivent d’amples bouffées de parfums. Ma bisque de langoustines, complétée de morceaux de homard, est d’un beau rouge franc. De très bon goût, elle serévèle si délicate et si soyeuse que je lui pardonne volontiers de n’être pas un peu plus chaude. Je l’aime et elle me le rend bien. Ma compagne témoigne le même attachement à sa polenta grillée al gorgonzola, accommodée de tranches de tomates, si bien que nos échanges se réduisent au minimum. Elle termine son verre de vin comme on porte un toast et s’en commande un autre. Prête à accueillir ce qu’elle avait pris plaisir à se faire décrire en long et en large: l’escalope de veau en portefeuille, c’est-à-dire abondamment farcie de jambon et de fromage, panée de chapelure fraîche, accommodée d’une sauce aux champignons et accompagnée de pâtes fraîches au beurre. Aussi appétissante qu’en soit la description, elle reste en deçà de la réalité. La réussite de ce plat tient d’un rare équilibre des assaisonnements et des saveurs, presque une complicité à laquelle on prête tous ses sens. Ma compagne vous résume tout cela d’une exclamation: «Chapeau!» Avant de m’apporter mon tartare de saumon, on avait pris soin de m’en faire goûter une petite portion. Puis on me l’a servie, décorée de thym et de romarin, escortée d’une assiettée de salade et de pommes de terre. J’avoue avoir trouvé bonne la salade, ce qui ne fait pas partie de mes habitudes. Quant au tartare, relevé à souhait, je le recommanderais aux plus difficiles. Quoique rassasiés, nous ne nous faisons pas trop prier pour goûter, un peu plus tard, à un petit assortiment de desserts: fruits frais et crème anglaise autour d’un Bagdad Café, d’un gâteau pêche et Grand Marnier et d’un biscuit Joconde royal (mousse chocolat sur fond praliné). Nous n’aurions pas dû, mais le mal est fait et nous a fait du bien.
Restaurant Bella Rosa
1276, avenue Maguire
Sillery (Québec)
Tél.: (418) 683-2444
Tables d’hôte: 19,95 à 27,95 $
Souper pour deux (incluant taxes et boissons): 92,07 $
Bricolage et pâtisserie
L’ouvrage se présente comme un éritable manuel de bricolage avec, dans chaque cas, une marche à suivre présentée étape par étape et illustrée de vignettes photographiques. Cela vaut aussi bien pour la réalisation d’une simple boîte de carton ronde ou carrée que pour la confection de nombreux bonbons, biscuits de fantaisie et autres friandises. Au fil des pages, on sourit, on s’étonne, amusé par tel ou tel emballage et surpris par telle recette de gâteau ou de confiserie qu’on rêvait de dénicher quelque part. Si la tarte à la citrouille ne vous émeut pas, ni les truffes au chocolat et au rhum, attendez de tomber sur le gâteau aux pétales de rose, les fruits givrés, les pacanes glacées aux épices, les coquilles au fromage et même les loukoums aux pistaches et à l’eau de rose! Chaque recette est en quelque sorte double, puisqu’elle concerne à la fois le comestible et son emballage. Par exemple, vous offrirez dans un sequin couleur d’or les biscuits au gingembre et au miel, tandis que les sablés écossais s’habillent de tartan et qu’un cône de carton, marqué de cire à cacheter, conviendra sans doute mieux aux petits cubes de nougat français aux pistaches.y
De ma cuisine pour toi,
de Pamela Westland
Éditions du Trécarré
2000, 128 pages