Las de mes propres atermoiements, je me suis pris par le bras, un soir pareil aux autres, et je me suis emmené jusque-là. Pour tout bagage: une foule de souvenirs rattachés à ce petit édifice qui en a vu de toutes les couleurs, «Le Relais», hanté d’oisifs, où l’on avalait un café pâle entre deux autobus, les sandwiches fades, la micro-tabagie qui vendait des cigarettes au détail… En fait, rien pour vous disposer à l’indulgence – quand bien même les années se sont bousculées derrière vous depuis, quand bien même il s’agit d’un établissement qui n’a rien à voir avec ses prédécesseurs. Je me détends une fois le seuil franchi. Simple et poli, l’accueil n’est sans doute pas étranger au fait qu’on se sent tout de suite à l’aise dans ce décor qui ne pèche pas par excès d’originalité. Les jardinières suspendues abondent, des demi-cloisons isolent quelques tables les unes des autres. Installés non loin des cuisines, nous ne perdons pas une bouffée des odeurs qui s’en échappent, fluctuantes et capricieuses, attisant en nous une faim qui sied bien au nom de ce restaurant. Mon invitée s’est fait servir un demi-litre de vin rouge maison, je m’en tiens à une Belle Gueule et, à deux, nous n’avons pas fini d’explorer la carte. Nous découvrons, dans un premier tour d’horizon, les tables d’hôte pour deux, divers spéciaux (dont les moules et frites), les plats du jour allant des cannelloni (épinards et trois fromages) au rosbif sauce au poivre, en passant par la pizza européenne et le burger du chef. Puis nous revoyons tout cela… par le menu. On y retrouve un peu de tout: entrées et amuse-gueule (escargots, terrine de courgettes et saumon fumé, ailes de poulet, etc.), grillades, «Tentations mexicaines» (fajitas de poulet ou de fruits de mer), sauté de volaille à l’orientale (sauce aux huîtres), salade tiède de canard confit, farfale. J’ai fait mon choix. Tel n’est pas le cas de mon invitée tiraillée entre les pastas (genevoise, bolognaise, florentine, marseillaise…) et l’étourdissant contingent de pizzas rassemblant entre autres «L’Algarve» (huile d’olive au fenouil, mozza, brie, origan, saumon fumé), la «Maghreb» (sauce tomate, mozzarella, merguez à l’agneau, aubergines, olives noires), la «Cinq fromages» (à base d’oignons et de pommes caramélisés). Nous n’avons pas eu à attendre longtemps nos premiers plats. La première bouchée de mon ceviche de sole à la mexicaine me rassure: on ne s’est pas cru obligé de l’acidifier au maximum pour faire authentique. Il se mange donc sans grincement de dents, et même avec plaisir. Je n’en pique pas moins une petite incursion dans l’assiette qui me fait face, sous prétexte de vérifier que le chausson d’asperges au velouté avicole est aussi bon que le soutient mon invitée. Après cela, on nous amène le potage. Je préfère m’en abstenir. La serveuse laisse entendre que j’ai raison, compte tenu de «ce qui s’en vient». Si je m’attendais à pareille assiette! Énorme, gigantesque, colossale! C’est une petite montagne que j’ai devant moi, largement nappée d’une sauce épaisse et foncée, d’odeur vaguement caramélisée. Cela s’appelle «médaillon de gigot d’agneau à la graine de moutarde méthode Raftman». Il y a de la salade autour, bien sûr, mais je ne m’en soucie pas, fasciné par cet amoncellement de viande, de pommes de terre, de carottes et de chou-rave en lanières, de chou-fleur, de mange-tout, de brocoli… avec, par-dessus, des poireaux frits. Il y a des gens qui applaudissent pour moins que ça. Moi, je lui rends hommage à force de bonne humeur et à grands coups de fourchette. «T’as l’air content», remarque mon invitée. Eh oui! Parce que le goût me plaît et que toutes mes appréhensions ont mis les voiles. Nous terminons sur une note agréable et inattendue. On nous propose… vous savez quoi? Le choix! Entre un dessert et un digestif. Original, non? Deux verres de curaçao pour fêter ça!
La Faim de loup
2830, chemin Sainte-Foy
Sainte-Foy (Québec)
Tél.: (418) 653-8310
Menu du jour: 8,95 à 9,95 $
Tables d’hôte à partir de 13,95 $
Souper pour deux (incluant taxes et boissons): 48,26 $