Un petit restaurant sympa, frais et propre, qui nous rappelle sans aucune prétention que la cuisine marocaine occupe une place de choix dans le monde maghrébin. La salle à manger, de dimensions moyennes, s’agrémente d’objets évocateurs, tajines de terre cuite, théières, grandes et petites assiettes de cuivre patiemment travaillées, soufflets cloutés de métal… Sur les murs, des photographies laminées. Le regard de mon invitée s’emplit de nostalgie, tandis que les haut-parleurs nous déversent du Khaled joyeux et bon enfant. Amoureuse du Maroc, qu’elle a visité deux fois, la voilà qui arpente ses souvenirs, le corps discrètement animé d’une ondulation évoquant pour moi une ambiance idyllique de rires et de clochettes, de voiles colorés, de youyous et de parfums… Elle me dit Meknès, Casa, Rabat, Salé, Oujda, la tour Hassan II, commente des scènes de souk ou de fantasia. J’essaie de suivre, l’oeil sollicité à la fois par les tableaux accrochés ici et là, par la minuscule carte géographique accompagnant le menu et, surtout, par le menu lui-même – salade d’aubergine, soupe harira, couscous à l’agneau, briouate de fromage de chèvre, kefta, salade méchouia, tajines d’agneau au poulet et amandes, de poulet aux olives et citrons confits, d’agneau aux artichauts, de kefta aux tomates fraîches et pois verts. À un certain moment, nous finirons peut-être par manger. Notre choix n’est même pas fait. Nous en sommes au vin, rouge pour elle et blanc pour moi. J’envisage de commander un couscous (à l’agneau, aux légumes, aux merguez, au poulet ou «royal»), lorgne un brin du côté des grillades (brochettes diverses ou côtelettes d’agneau), puis de la pastilla et me décide, encore hésitant, pour les keftas aux fruits de mer. Un couple s’en va, un autre arrive, un autre encore entame le dessert. J’ai faim. Le service s’avère extrêmement rapide. J’attaque illico ma harira, soupe aux légumes où l’on retrouve aussi quelques nouilles, des lentilles et les filaments d’un oeuf cassé dedans alors qu’elle est encore brûlante. Bonne, chaude et bien poivrée. Mon invitée a préféré la salade d’aubergine: laitue, céleri, olive, oeuf dur et radicchio recouverts d’aubergine mêlée à une sauce crémeuse blanche. Le goût du cumin domine, évidemment. Pour être simple, la suite n’en est pas moins agréable: trois keftas de belle taille, mouillés de sauce brune, sur un lit de riz que j’aurais souhaité plus goûteux et plus safrané. Denses, dodus, épicés sans excès, ils sont aux fruits de mer, c’est-à-dire plutôt inhabituels. L’assiette de mon invitée se situe aux antipodes, avec ses deux merguez longues, fines, piquantes à souhait, également servies sur un lit de riz. Elle s’accompagne d’un petit bol de harissa, commandé séparément par ma Marocaine d’adoption, pour ajouter un surcroît de piment à la vie que chante maintenant le célèbre trio de 1, 2, 3 Soleil. J’aime bien. Tout. Y compris la chaleur qui nous sied bien en plein midi, alors qu’on nous détaille de vive voix le programme des soirs de fête, c’est-à-dire le dernier samedi de chaque mois. Tel sera donc le 30 octobre prochain: danse marocaine, chansons et souper gastronomique. Vivre en quelques heures Les Mille et Une nuits? Pourquoi pas. En attendant, nous nous contentons de thé à la menthe et de pâtisseries marocaines – en particulier d’un chebakya, dessert gourmand des soirs de ramadan. Après cela, l’automne semble trop sombre et beaucoup trop frais.
L’Étoile du Maroc
307, rue Saint-Paul
Québec (Québec)
Tél.: (418) 692-0997
Menu du jour: 6,95 à 9,95 $
Plats à partir de 8,50 $
Dîner pour deux (incluant taxes et boissons): 27,49 $