habituellement à des idées morales, le raga gouverne la performance d’une variété de musiques du soir ou du matin. Cette idée de l’Inde raffinée semble guider les destinées de ce beau restaurant de Côte-des-Neiges, installé à deux pas de l’Université de Montréal.
Car, n’en doutons pas, la cuisine ici s’éloigne des petits plats populaires. Comment? Par ses produits plus fins, par une touche plus légère côté épices, par l’utilisation du ghee pur, par le soin qu’on met à confectionner les pains, par le décor un peu princier mais sobre et débarrassé de toute évocation folklorique. Bien que le buffet soit au centre des propositions de cet établissement indien de luxe, et que cette forme de service n’inspire chez moi que des bâillements, n’hésitez pas à le choisir. Les mets qu’on y propose sont raffinés et variés, et donnent une idée plus juste de ce qu’est devenue la cuisine de cour en Inde. Korma de viande à la crème et aux noix, poulet aux épinards assaisonné avec délicatesse, tandouri moelleux, légumes dans des sauces onctueuses aux parfums précis, nan excellent et cuit dans un vrai four tandouri, pickles et raita raisonnablement pimentés, et desserts un peu fades tout de même, mais pour une fois pas trop sucrés. Le thé au lait est insolite mais goûteux. Quant au service, s’il ne se montre pas trop empressé, il est en revanche courtois. Et puis l’addition n’est jamais bien méchante, même lorsque l’on commande à la carte. Comptez 30 $ à deux, avec deux bières, les taxes et le service compris.
Raga
3533, chemin Queen Mary
344-2217
Punjabi Palace
Si le décor est criard et agaçant, la cuisine de ce petit troquet de quartier, elle, ne l’est pas. Elle est entièrement dévouée aux currys capiteux et riches du Pendjab, aux massalas entêtants, aux saveurs relevées. On découvre avec étonnement, et de façon économique, une cuisine populaire telle qu’on la mange partout dans le Nord de l’Inde. Le midi, on propose un buffet composé de tout au plus six plats soigneusement préparés, dont la variété suffit pour donner une bonne idée de la cuisine maison du Pendjab. Le chai est d’appellation strictement nordique, et contient autant de thé que de lait – pour amateurs seulement. 12 $ par personne, tout compris. Pas de permis d’alcool.
Punjabi Palace
920, rue Jean-Talon Ouest
495-4075
Amuse-gueule
On se demande bien, en regardant la télé, si les émissions de cuisine sont faites pour nous instruire ou pour nous distraire. Ainsi, Maman Dion (qui remplace le duo d’enfer Taillefer à TVA, du lundi au vendredi à 10 h) nous est imposée via le cercle privé de Julie Snyder qui, métamorphosée en productrice, n’a pas compris qu’on peut faire de la télé intelligente et populaire sans niveler par le bas. Pauvre maman Dion; incapable d’aligner deux phrases dans un français correct, elle en perd son latin. Oui, elle est bien sympa tout de même; oui, elle me rappelle ma grand-mère; oui, je suis touché par sa modeste personne. Mais la non-pertinence des propos et l’absence totale d’humour donnent à cette demi-heure l’allure d’un mauvais feuilleton.
Côté cuisine, ça ne va guère mieux: tout est bâclé et donne l’impression qu’on improvise, seulement très mal. Quant à la précision et à la qualité de l’information, il faudrait écouter l’émission au moins trois fois de suite pour en comprendre le contenu. Prenez l’épisode où mémé discute de la carrière d’un certain Éric Lapointe, qui sirote une bière bien que l’émission soit diffusée à 10 heures du matin. Que de mauvais goût!
Quant au jeune assistant de madame Dion (un autre Éric), non seulement ne connaît-il rien en cuisine, mais en plus il ne se gêne pas pour nous le prouver en défilant les pires sottises, tout en vantant les mérites exceptionnels du livre de Maman. Plus plogué que ça, tu meurs et tu ressuscites en vendeur de sacs Glad! Pour apprendre à cuisiner, merci beaucoup, on repassera.
L’émission de cuisine qu’anime Jean Soulard, un vrai chef qui sait ce qu’il fait, est malheureusement ruinée par son irritante coanimatrice. Le pauvre Soulard doit répondre à ses interruptions incessantes, à ses commentaires dignes d’une étudiante de cinquième année, lui qui essaie – et réussit malgré tout – de nous transmettre de l’information de qualité.
Je préfère, et de loin, les propos et les boutades intelligentes de Daniel Pinard, égal à lui-même dans ses réparties parfois cinglantes mais toujours friponnes. On ne peut nier cependant qu’il manipule aussi bien l’esprit qu’il fait des maladresses en cuisine. Heureusement, il est accompagné par la charmante Josée DiStazio qui, elle, connaît ça et donne un peu de sérieux à l’émission. C’est, et de très loin, la meilleure des trois séries.