Restos / Bars

La Scala : Plaisirs d'essences

De l’extérieur, on ne saurait soupçonner cette agréable ambiance de bistro où l’on déguste en musique une cuisine italienne – antipasti, pizzas, viandes, poissons, etc. – qui se démarque nettement du commun. Des pans de rideaux rouges, de longs miroirs, des bouteilles d’huile aux herbes, des assiettes de collection finement décorées, autant d’objets soulignant le chic discret d’un établissement qui, chaque premier mercredi du mois, tâche de rendre hommage au nom qu’il porte. Le ténor Yves Cantin s’y produit alors; airs d’opéra et d’opérette ponctuent un souper gastronomique de sept services, arrosé de bonne humeur et de bon vin. Si je n’ai pas encore eu le plaisir d’assister à ces soirées-là, du moins ai-je eu celui de manger deux fois à La Scala avec mon amie. Jamais deux sans trois, dit-on? La troisième, je me l’offrirai lyrique. La première avait été pour moi comme une oasis, une halte bienfaisante au milieu d’une journée torride et surchargée. En franchissant le seuil, j’étais déjà conquis. Par l’ambiance, par l’accueil, par le service cordial qui n’en reste pas moins ponctuel et correct. Conquis aussi, sans doute, par le feu (de joie?) d’un four à bois qui vous cuit de fines pizzas diversement garnies et pas banales du tout. J’avais choisi la mienne au bleu danois, savoureuse et relevée sans excès. Mon amie s’était fait servir un spaghetti al gitano (huile d’olive, piment et ail). Outre les qualités que je trouvais à nos plats, je m’étais exclamé: «C’est ça, des pâtes al dente… et non juste échaudées comme le croient certains restaurateurs!» Je redis la même phrase ce soir. Moi qui ne suis pas un inconditionnel des pâtes, j’en mange comme si j’avais jeûné trois jours. Elles y passent toutes – celles qui accompagnent mon entrecôte, plus celles qui composent le «Trio piémontais» de mon amie. Cannelloni, fettucine, ravioli, tout correspond à nos attentes – nonobstant une petite réserve en ce qui concerne la sauce un peu trop acide des cannelloni. Rien à redire de ce qui a précédé tout cela, en l’occurrence les amuse-gueule (crostini au pesto et sauce tomate), des calamari fritti, finement panés et cuits à point, et une crème de légumes (où domine la carotte) d’une extrême subtilité de goût. Jusqu’au dessert (mousse au chocolat, flan au caramel et salade de fruits frais), l’harmonie règne, allégrement entretenue par une jeune pianiste qui passe avec aisance du pur classique aux pièces plus légères.

La Scala
31, boulevard René-Lévesque Ouest
Québec (Québec)
Tél.:(418) 529-8457
Table d’hôte: 16,95 à 23,95 $
Souper pour deux (incluant taxes et boissons): 55,44 $

Quand le soir a du Shams
En ce soir du 30 octobre, nous étions quatre à table pour cette fête typiquement marocaine – heureusement, car nous avions le choix entre quatre plats principaux: couscous royal, tajine de poulet aux olives et citrons confits, «méchoui de gigot d’agneau» et feuilleté de saumon aux crevettes M’Charmel. Chacun de nous a ainsi pu goûter à tout. Mais nous n’étions pas venus que pour manger. Nous attendions tous, avec impatience, l’arrivée d’une danseuse du ventre; nous en avons eu deux! D’abord Zeina, tour à tour langoureuse et frénétique dans sa robe noire à franges blanches et parements argentés. On a vu certains abandonner un instant leur briouate de fromage de chèvre pour esquisser quelques pas de danse avec elle. J’en fus. Le chanteur Cheb Abdeslan a pris la relève quelques instants, le temps pour nous d’achever une copieuse harira, de vider un verre et d’attaquer le plat principal. Et Shams fait son entrée. Une féerie tourbillonnante de soies vertes, de paillettes et de franges, tandis que fusent de partout youyous et cris de joie. Un sabre posé en équilibre sur sa tête, elle danse, Shams, elle danse et, dans la salle bondée, les yeux brillent et les coeurs battent un peu trop vite. À ce moment-là, je ne suis sans doute pas le seul à me rappeler que la soirée se passe ainsi, chaque dernier samedi du mois, à L’Étoile du Maroc.

L’Étoile du Maroc
Renseignements: (418) 692-0997