Restos / Bars

L’Olive noire : Gril aux trésors

À L’Olive noire , la carte est assez claire pour se passer de commentaires, et chaque bouchée est un agréable contraste qui se dissout lentement dans la bouche et appelle irrésistiblement la suivante. Un régal…

L’Olive noire s’est dotée, depuis quelque temps, d’une nouvelle salle à manger tout ce qu’il y a de modeste, capable d’accommoder une vingtaine de personnes au rez-de-chaussée. Nous l’aurions souhaitée plus endiablée, la salsa qui nous y accueille en ce début de soirée presque glacial. Des deux seules tables encore libres, nous choisissons la plus proche de l’entrée. Tout un pan de verre, à droite, livre à la vue les étalages de l’épicerie mitoyenne – pains, gâteaux, pâtisseries, bocaux de fruits et autres. À gauche, comme en écho, une longue tablette fixée au mur, près du plafond, semble résumer tout cela avec ses emballages de fromages, bottes d’ail, boîtes diverses et bouteilles de porto. Ajoutez à cela deux tableaux brossés à grands traits, deux ou trois miroirs placardés d’affiches, trois couples silencieux et quatre clientes qui en sont déjà au dessert. Le jeune serveur tient à nous expliquer la carte, mais elle est assez claire pour se passer de commentaires. J’ai d’ailleurs eu le temps de remarquer la disparition du carpaccio d’agneau, que j’aimais bien, et du carpaccio de cheval dont je me promettais les faveurs. À part cela, rien n’a changé – sauf la musique qui s’échauffe un peu dans les haut-parleurs, alors que mon invitée lève à ma santé son verre de porto blanc et que je lui dédie simultanément ma première gorgée de bière. Nous nous attardons un peu au «menu spécial pour deux», séduits par ses grillades de saumon, de boeuf et d’agneau. Ce sont encore les grillades qui retiennent notre attention sur la carte, entre autres le filet de saumon frais (au beurre, citron et coriandre) et le tournedos de Boston (sauce bordelaise). La table d’hôte nous tente aussi, sa terrine de lapin aux pistaches, son émincé de porc aux pleurotes sur fettucine et son jarret d’agneau braisé sur couscous aux légumes, celui-là même qui nous a un instant embaumé l’air. Puis, tout à coup, nous nous trouvons toutes sortes de raisons pour commander à la carte. Une entrée pour commencer, comme dirait La Palice: des rouleaux au canard confit. Croquants à l’extérieur, denses et juteux à l’intérieur: on dirait presque un slogan. Le goût du gingembre y domine et se marie bien à celui des petits légumes confits servis en accompagnement (concombres, oignons, carottes). Ils se mangent d’ailleurs trop vite. Le temps me paraît si long, après cela, que plusieurs tranches de pain beurré ne parviennent pas à le tromper… Tiens! la musique nous paie une petite virée au Mexique, maintenant. Toujours de la salsa, bien sûr, mais «retapée» à la façon des mariachis. Mon invitée se commande un verre de vin blanc, en l’occurrence un Chardonnay sud-africain («Fleur du Cap»); je sirote encore ma bière. Et, devant nous, des plats qui passent et repassent. Notre tour arrive enfin, chaud. Et même brûlant, en ce qui me concerne. J’ai choisi l’«aqua mixed-grill», entendez par là une grande assiette qu’on vous recommande de ne pas toucher à main nue. Je m’en garde bien: tout y grésille encore et parfume et… m’allèche. Évidemment, il y a là un peu de salade, c’est la coutume; j’en prends une ou deux bouchées et l’on n’en parle plus, vu?… Imaginez un peu le régal: des moules géantes qu’on croirait engraissées pour vous en mettre plein la vue, des crevettes de belle taille, de gros pétoncles et un modeste filet de saumon qui n’a pas l’air moins chaleureux. Pour ce qui est de l’assaisonnement (huile, sel, ail, basilic), il assume au mieux sa fonction sans trop attirer l’attention sur lui. Les saveurs s’en trouvent exhaussées, mon palais comblé et la soirée tout embellie. Pour un peu je chanterais. De son côté, mon invitée se complaît dans des sensations tout aussi passionnantes: tournedos de saumon grillé au chèvre en salade. Chaque bouchée est un agréable contraste qui se dissout lentement dans la bouche et appelle irrésistiblement la suivante. Si bien qu’à la fin du repas, l’évidence s’exprime en quelques mots: nous aurions dû nous arrêter avant. Ni café ni dessert. Rien qu’une promenade frileuse sur l’avenue Cartier pour reprendre un peu notre souffle.

L’Olive noire
64, boulevard René-Lévesque Ouest
Québec (Québec)
Tél.: (418) 521-5959
Table d’hôte: 14,95 à 20,50 $
Souper pour deux (incluant taxes et boisson): 52,34 $