Restos / Bars

Aux trois nouilles : Pâtes à modeler

Une «nouillerie» à Québec? Bravo. J’étais sceptique. Je le suis encore un tantinet après avoir dîné dans le décor quelque peu remanié de feue Zazie, sur l’avenue Cartier.

Une «nouillerie» à Québec? Bravo. J’étais sceptique. Je le suis encore un tantinet après avoir dîné dans le décor quelque peu remanié de feue Zazie, sur l’avenue Cartier. On vous y propose quatre sortes de nouilles, c’est vrai; mais Aux trois nouilles, ça fait quand même joli comme nom. Le choix est vôtre: pho, ramen, udon ou vermicelle de riz. Mon invitée et moi avons, rituel oblige, fait la navette entre la carte et le menu du midi, les soupes-repas et les plats de nouilles, les salades, dumplings, légumes, etc. Nous avons fini par opter pour une «Entrée des trois mers», accompagnée d’un nombre égal de sauces, à savoir une sichuanaise, une teriyaki et une sauce à la mangue dont on se demande qui a bien pu l’inventer! Nous commençons par des rouleaux aux fruits de mer, plutôt quelconques, embrayons avec les crevettes, fort acceptables, pour finir avec des calmars très réussis – dont je me régalerais encore. C’est d’ailleurs en leur honneur que nous choquons nos verres de bière. Nous n’attendons pas longtemps la suite. Pour mon invitée, une shiga, soit des nouilles aux oeufs (pho), du boeuf, des shiitake, carottes, brocoli et mange-tout dans un bouillon de boeuf épicé. De mon côté, c’est presque la panique: nouilles mouillées d’une sauce trop sucrée – et sans doute cassées avant cuisson, en tout cas trop courtes pour constituer des bouchées raisonnables entre les baguettes. Quant au «poulet du général Tao» qui complète le plat, il m’aurait peut-être semblé meilleur dans un autre environnement… Mais ce n’est sûrement pas sa faute, hein!… Mon invitée prend pitié et me refile son plat pour deux ou trois minutes, le temps de me remettre en forme le moral et les papilles. Mais il y a tout de même des limites à l’esprit de sacrifice! Elle récupère donc son plat, quelques bouchées plus tard, et me fait une converse assidue pour me changer les idées. Mais ne désespérons pas: avec le temps, sans doute, la carte de cette nouillerie s’épurera pour ne garder que ce qui mérite de l’être.

Aux trois nouilles
1147, avenue Cartier
Québec (Québec)
Tél.: (418) 640-7333
Menu du midi à partir de 6,95 $
Dîner pour deux (incluant taxes et boisson): 36,21 $

Un banquet bien arrosé
Quand la Noble confrérie des vignerons du Québec s’associe à un événement, on doit s’attendre à ce que le meilleur du terroir emplisse les verres, que le coude se fasse alerte et que les langues se délient à toutes les tablées. Ce fut le cas le 21 janvier, lors du banquet gastronomique organisé par le Centre intégré en alimentation et tourisme (CIAT), établissement dont on ne parle sans doute pas assez et qui, cependant, accueille régulièrement une clientèle nombreuse et variée. Il y avait là un bataillon de serveuses et de serveurs – des jeunes en cours de formation qui, malgré le nombre impressionnant des convives, s’en tiraient assez bien. C’est également à des jeunes qu’avait incombé la tâche de concevoir et de réaliser un menu de sept services dont le simple énoncé fit saliver plus d’un. Une «Mousse d’or» (Vignoble de l’Orpailleur) pour accompagner les «Frivolités marines de la Côte-Nord», un blanc de blancs 1999 (Les Arpents de neige) qui se marie au mille-feuilles de fins blinis au tartare de truite de Saint-Mathieu», et ainsi de suite jusqu’au «Défilé de pommes carnavalesques sur pain d’épices», arrosé d’une «Cuvée Stéphanie (vendanges tardives 1998, Vignoble Dietrich-Jooss)… J’ai dû quitter, hélas! avant ce dernier service. Mais je n’ai pas raté le «chaud bouillon du Lac Brôme», dont émergeait une parfaite mousseline de foie gras chapeautée d’un «croquant de Saint-Benoît», ni le braisé de ris de veau – mouillé d’un «Délice du chais 1999» (Le Cep d’argent). Une «trilogie fromagère du coeur du Québec», assortie d’un «Le Closeau 1998» (Vignoble Morou), fit suite à ce que je considère comme la plus belle réussite de ce banquet: des «sifflets de porcelet beauceron, tombée d’endives de Saint-Gilles et mogettes piates au lard fumé des coteaux des Bois-Francs». Et dignement escortés d’une «Réserve des tonneliers 1999» (Dietrich-Jooss)! Ils ont su me faire oublier, dès la première bouchée, la banalité du premier service et la «presque fadeur» du deuxième. La perfection n’est pas de ce monde, certes, mais je m’en voudrais de ne pas mentionner que la présentation de tous les plats en approchait certainement. Renseignements: (418) 525-8738.