Restos / Bars

Il Piatto della nonna : Il était deux fois

La cuisine de grand-mère peut difficilement être associée à l’affluence. En fait, elle incarnerait plus facilement l’intimité; c’est une cuisine-refuge. Après tout, rien ne rassure autant – parce qu’immuable – que le passé! Sur le Plateau, l’un des meilleurs endroits pour goûter une nourriture de ce genre était Il Piatto della nonna.

La cuisine de grand-mère peut difficilement être associée à l’affluence. En fait, elle incarnerait plus facilement l’intimité; c’est une cuisine-refuge. Après tout, rien ne rassure autant – parce qu’immuable – que le passé!
Sur le Plateau, l’un des meilleurs endroits pour goûter une nourriture de ce genre était Il Piatto della nonna (le «plat de la grand-mère», justement), dont la carte faisait une belle part à l’ancienne cuisine des campagnes italiennes. Ici, pas de carpaccio ni de tiramisù; loin des modes urbaines, on s’en remettait aux petits plats de mémé qui évoquaient le retour à la terre.
Ce petit troquet italien, tenu par des Calabrais, est vite devenu la coqueluche des gens qui sortent souvent. On y trouvait la simplicité et la convivialité que faisait régner l’épatante conspiration familiale. La foule a depuis envahi ce lieu exigu véritable oasis au milieu des intitulés ronflants et des sauces inopportunes de nos restos italiens à la mode. Résultat: l’établissement est souvent bondé – du moins le midi et les fins de semaine -, et l’ambiance tout en douceur des premiers mois a fait place, les vendredis soir, à un climat survolté et à une telle affluence qu’il faut presque s’asseoir sur les genoux du voisin. Rançon de la gloire?
Rien n’a pourtant changé dans la cuisine, tout aussi savoureuse et pleine d’esprit, ni dans les prix qui n’effarouchent personne. Les patrons ont heureusement donné naissance à une deuxième halte du même genre, rue Saint-Viateur. Quant à la nonna, toujours responsable des fourneaux aux deux restos, elle a physiquement migré dans un autre quartier. Ce Piatto della nonna «bis» est plus vaste, plus aéré et davantage bistro que simple couloir. On dirait presque une cuisine de maison de campagne sicilienne (bien que le courant d’air froid qui s’infiltre nous ramène plutôt en Sibérie).
Le même souci de faire «italien comme en Italie» envahit chaque étape du repas: le pain est préparé sur place par la grand-mère, qui nous en donne même une miche quand ele apprend que nous n’en avons pas pour le petit-déjeuner du lendemain. On dépose une fiole d’huile d’olive extra-vierge et de vinaigre balsamique sur toutes les tables. Le café – déca ou non – est strictement espresso et mérite d’être pris bien court. Quant à la cuisine, ouverte sur la salle et installée derrière un grand îlot, elle permet d’être témoin d’un cours de préparation culinaire maternelle en direct. Ou de faire conversation avec la mater, qui vous mitonnera sa soupe au chou dans laquelle flottent des légumes grossièrement coupés, des herbes fraîches et de miniatures pastas en forme d’étoiles, et qui a le parfum d’une époque où l’on ne recourait pas aux poudres pour faire son bouillon. Ce dernier, clair mais délicat et sans être un concentré de sucs viandeux, possède toute la rusticité voulue.
Les plats de pâtes varient chaque jour. On savoure donc des tortillons enrobés d’excellente sauce tomate et d’huile d’olive, des pâtes à la cuisson si parfaitement réussie qu’on se demande comment on peut encore tolérer qu’il n’en soit pas ainsi partout sur la planète. Car enfin, les nouilles trop cuites sont indigestes et absorbent mal les sauces, alors qu’à peine attendries, elles s’imbibent avec abandon. Des tagliatelles au thon à l’huile et au fenouil, ou encore aux anchois, olives et tomates fraîches, résumaient l’assortiment de la carte ce soir-là. Les pizzas sont parmi les meilleures en ville: la pâte croustillante, les garnitures fraîches, la sauce tomate au goût estival, tout cela nous fait oublier le vent du nord.
Dans cette trattoria de famille, on ne sert pas de desserts à l’américaine – en Italie, on n’en sert pas non plus dans les trattorias ni dans les familles. On vous offre plutôt des biscotti maison avec le café, ce qui termine de façon raisonnable un repas qui fait du bien, comme ceux que l’on prendrait avec sa mémé au coin du feu. Toute cette tendresse (via l’estomac) pour 25 $ à deux, taxes et service compris, c’est un service à l’humanité que nous rend la nonna. Un bémol on attend encore le permis d’alcool, mince! Jusque-là, c’est un repas arrosé d’eau qu’on s’offrira.
Il Piatto della nonna
176, rue Saint-Viateur Ouest
278-6066

Amuse-gueule
Ils organisent le Festival de Jazz et les Francofolies, et lancent de surcroît la première édition du Festival Montréal en Lumière, qui se tiendra dès le 11 février. La super-équipe Simard-Labrecque devrait nous en mettre plein la vue, les oreilles et les papilles puisque ce festival culturel, qui s’étend sur trois semaines, forcera les Montréalais à sortir de leur tanière pour profiter des volets musique, danse, musée, théâtre et gastronomie. Et pour prouver que ce tandem ne fait jamais les choses comme tout le monde, voici quelques noms du volet cuisine: Paul Bocuse, Jacques LeDivellec, et Émile Jung – entre autres!
C’est l’occasion de bouder la télé et de sortir manger puisqu’une quinzaine de chefs prestigieux venus de France (certains détiennent deux ou trois macarons Michelin), d’Italie et des États-Unis seront jumelés à des restos d’ici afin d’offrir des menus spéciaux, des ateliers de cuisine et des démonstrations. Une chance vraiment unique de s’initier à la haute cuisine! Le guide du Festival est disponible à la SAQ, mais on peut aussi obtenir des infos au 288-9955._