Certains vous décriraient l’ambiance d’un laconique «y’a full plein d’monde». Disons plus simplement que, debout avec d’autres dans l’entrée, nous avons tout notre temps – pour détailler un à un les éléments d’un décor que nous connaissons bien et admirer, comme au spectacle, la chorégraphie si bien réglée du personnel qu’on s’étonne de ne pas le voir exécuter des cabrioles et des entrechats. Quelqu’un a esquissé un petit geste dans notre direction pour signifier qu’on ne nous oublie pas. Toujours faut-il que deux places se libèrent, n’est-ce pas? Mon invitée s’installe au bar; j’en fais de même, non sans avoir attrapé, sur un présentoir, la dernière livraison de Wine Spectator qui me catapulte immédiatement en direction des vignobles argentins et chiliens. Peu après, nous acceptons ce qu’on nous offre à boire, en l’occurrence le traditionnel «mousseux et jus d’orange» qui baptise tous les brunches. Nous avions tout de même le choix entre cet apéro et quelques variantes du genre «jus d’orange et fraises», «mousseux orange et fraises», etc. Quand enfin une table nous accueille, nous plongeons tête baissée dans le menu d’omelettes, crêpes, salades de fruits et toutim. Il y a urgence. Nous bégayons notre commande, vite fait, et je me surprends à prier pour que nos cafés ne tardent pas trop. En attendant d’être servis, nous nous montrons peu loquaces, mon invitée et moi. En guise d’entrée, nous avons droit à une salade de fruits frais (pamplemousse, ananas, mangue, melon, raisins), sucrée comme je les aime. Une fois certains que l’inanition ne nous menace plus, nous nous laissons gagner par la bonne humeur ambiante, soigneusement entretenue par un bon mot de notre serveuse ou d’un autre membre du personnel. Nous en profitons aussi pour poser quelques questions sur les nouveaux venus de la grande carte (que nous consultons d’ailleurs): moules aux poireaux et cari, tournedos d’espadon grillé et beurre aux herbes, salade de gésiers de canard confits à la façon de Robert et le gâteau au fromage brûl qui, nous dit-on, dame sérieusement le pion à la fameuse crème brûlée de la maison. Nous faisons bientôt fête à nos assiettes. Nous nous dédions des sourires qui ne s’adressent pas vraiment à nous, mais à nos imposantes omelettes escortées de pommes de terre rissolées et de salade. Celle de mon invitée est aux asperges et au fromage de chèvre fondant, accompagnée de «trois viandes» (saucisse, jambon et bacon). «Très bon choix», dis-je, après avoir eu le privilège d’y picorer le premier. Question de goût, mon propre plat ne déçoit pas, lui non plus – hormis le fait que je préfère les omelettes un peu moins cuites. Mais, en ce dimanche midi, l’appétit ne s’en formalise pas. Il aurait dû; il nous serait resté un peu de place pour la crêpe dessert que nous avions presque déjà acceptée. La salle se vide, le brunch tire à sa fin. Nous sommes de ceux qui traînent encore, sirotant longuement un nième café, alors que l’un des serveurs, installé au piano, attaque Garota de Ipanema.
Bistro Le Café du Monde
57, rue Dalhousie
Québec (Québec)
Tél.: (418) 692-4455
Menu du jour: 9,95 à 13,95 $
Tables d’hôte à partir de 18,90 $
Repas pour deux (incluant l’apéro): 35,43 $
De Toscane en Provence
Jusqu’au 10 mai, le restaurant Le Pailleur du Château Bonne Entente vous livre sur un plateau «La Toscane et la Provence». Pour ce nouveau festival organisé en collaboration avec la maison Sumeire et Frescobaldi, le chef Gaston Couillard et le directeur de la restauration Alain Rabault se sont inspirés de deux régions typiques d’Italie et de France. Ils doivent à la première les bocconcini et tomates marinées, le gaspacho de concombre, marjolaine et yoghourt, les médaillons de veau grillés à la poêlée d’escargots à la sambuca, sans oublier la mousse chocolat et mascarpone sur biscuit. À la seconde, ils empruntent le croûton de chèvre chaud à l’huile d’herbes de Provence, la bouillabaisse au tomates et basilic, le médaillon de lapn sur fenouil braisé, ainsi que le petit calisson (gâteau d’amandes pilées) et glace à la lavande. Outre les plats à la carte, aussi nombreux que variés, Le Pailleur profite de son festival en cours pour proposer un menu spécial, «Le Grillardin»: au choix, le bifteck de côte de boeuf grillé ou la côte de veau, l’un et l’autre servis avec tomates à la provençale, pomme de terre au four et sauces, ou encore l’assiette du pêcheur (flétan, saumon, pétoncles, crevettes, queues de langouste) sur risotto à la marjolaine.
Restaurant Le Pailleur
Château Bonne Entente
3400, chemin Sainte-Foy
Sainte-Foy (Québec)
Renseignements: (418) 653-5221