Si j’avais le coeur à philosopher, je m’étendrais sur cette précision absolue, mathématique de la loi: dans la restauration comme ailleurs, elle a beau taper sans viser, ce sont toujours les petits qui écopent. J’en veux pour preuve le restaurant où nous ne sommes pas entrés, ce soir, parce que, l’exiguïté de l’endroit ne permettant pas un isolement adéquat des tabacophiles, l’établissement a été obligé d’afficher à l’entrée une interdiction absolue de fumer. Sans même nous consulter, nous avons tourné les talons, mon amie et moi. Dommage pour ses proprios, vu que nous ne sommes pas les seuls à réagir de la sorte. Et tant mieux pour La Folie des saveurs – où nous avons trouvé, presque à l’entrée, un petit coin meublé de trois tables. Les dernières lueurs du jour y entrent à flots par les fenêtres vitrées. Des tableaux égayent les murs jaunes – et m’égayent aussi l’humeur, où ne subsiste bientôt plus rien de ma contrariété. Et il me suffit de tourner un peu la tête pour accrocher du regard une affiche laminée offrant une vue pittoresque de Martigues, avec ses ponts d’apparence fragile et ses bateaux à quai. Les vacances, quoi! Celles qu’on se promet, celles dont on rêve ou dont on se console, peu importe. Elles ont toujours pour moi un parfum de poisson frais et de fruits de mer. En nous présentant la carte, où elles ne figurent pas, on nous parle justement d’une aile de raie au beurre d’agrumes et d’une poire aux crevettes. J’opte immédiatement pour un verre de vin blanc maison. Quant à ma compagne, elle déchiffre, au-delà de moi, des noms de plats et de boissons inscrits à la craie sur un grand miroir. Puis elle commande un verre de rouge avant d’entreprendre une longue méditation jalonnée de «j’sais vraiment pas quoi prendre». Ce n’est pourtant pas le choix qui manque: bavette de cheval, sauce au poivre vert; cervelle au beurre noir, câpres et citron; navarin d’agneau et ses petits légumes; ris de veau sauce au madère; tartare de boeuf, frites et salade… Et il me semble que chaque buit provenant de la cuisine proche a sa propre odeur, rude, suave ou acidulée, qui me fait saliver tout autant. Une cliente vient s’asseoir à l’une des deux tables inoccupées et passe tout de suite sa commande – une habituée, comme nous l’apprendrons un peu plus tard en conversant avec elle de loin en loin et à bâtons rompus. Mon amie se décide enfin, ce qui mérite deux bonnes rasades de vin. Nos entrées ne se font pas attendre. Elles ne se font pas prier non plus, puisque nos fourchettes sont dressées pour les accueillir. Mon «parfait de foies blonds et ses confits» s’avère d’une texture que j’aurais souhaitée plus moelleuse. Son goût est par contre irréprochable: assaisonné sans excès, à la fois délicat et prenant. Les saucisses artisanales servies à ma compagne ressemblent plutôt à des croquettes et se composent de quatre viandes (porc, agneau, veau et boeuf) finement hachées. Imaginez avec cela une sauce délicate mêlant quelques fromages (reblochon et brie, entre autres). Voilà que je salive rien que d’y repenser!… Notre voisine se fait apporter un dessert au moment où arrivent nos plats de résistance. La garniture est à peu près la même pour les deux assiettes (purée de pommes de terre, tranches de betteraves et de tomates). Dans celle de ma compagne, la longe de porcelet, savoureuse, s’accommode assez bien d’une sauce au miel et au citron vert dont la légère amertume semble aller de soi. Dans la mienne, une large aile de raie s’étale, parsemée de zestes en brunoise et piquée d’un brin de persil. Je regrette que le «beurre d’agrumes» ne soit pas plus abondant. Je parviens tout de même à en dénicher quelques traces, ici et là, pour en imbiber chaque bouchée de raie ±- chair qui, naturellement fade, gagne ici beaucoup au contact de la sauce et des moules. Nous terminons par deux cafés, plus… cette tarte au sucre maison pour laquelle ma compagne craque enfin, fortement encouragée par les éloges qu’en fait notre voisine.
Bistro-restaurant La Folie des saveurs
935, avenue Bourlamaque
Québec (Québec)
Tél.: (418) 524-5656
Tables d’hôte à partir de 17,95 $
Souper pour deux (incluant taxes, boissons et service): 62,00 $
Fête des mères chez Guido
Si vous n’avez pas fêté Pâques chez Guido le gourmet, vous pourrez vous rattraper le 14 mai, à l’occasion de la fête des Mères. Panier du boulanger et confitures maison, millefeuille de calmars sauce homardine, filet mignon de porc rôti à la sauge, tartelettes passion et fruits frais composent le menu du brunch offert à prix abordable. En soirée, on vous présentera la carte printemps-été 2000, truffée de nouveautés et d’exclusivités, ainsi que le nouveau menu de dégustation de huit services.
Restaurant Guido le gourmet
73, rue Sainte-Anne
Québec (Québec)
Renseignements: (418) 692-3856