Restos / Bars

Café d’Orient : Une Asie qui vous veut du bien

S’agit-il encore du même établissement? Oui et non. Ouvert depuis cinq ans, il s’est longtemps appelé Sushi, tout simplement, et servait… vous savez quoi. Depuis environ deux ans, il porte le nom de Café d’Orient.

S’agit-il encore du même établissement? Oui et non. Ouvert depuis cinq ans, il s’est longtemps appelé Sushi, tout simplement, et servait… vous savez quoi. Depuis environ deux ans, il porte le nom de Café d’Orient. Pour moi, les choses auraient pu en rester là. Mais quand, dans la même semaine, des gens qui ne se connaissent pas vous recommandent à tour de rôle d’y aller faire un tour, vous êtes persuadé que, pour le meilleur ou pour le pire, «il y a de la synchronicité dans l’air» (comme dirait mon ami Jean Désy). Avant d’entrer dans le restaurant, nous profitons d’une épicerie toute proche pour acheter un vin que nous ne connaissions pas (Porte d’Enfer, titrant 14 % d’alcool). Puis, nous y voilà: spécialités vietnamiennes, cambodgiennes et japonaises. Évidemment, mon amie ne se tient pas de joie, quand il s’agit de cuisine asiatique; de mon côté, la circonspection est de rigueur. Je laisse venir. C’est d’abord le serveur qui s’amène et nous place dans une petite salle aux murs de lattes claires, égayée d’un aquarium raisonnablement peuplé, de deux lanternes (chinoises?) et de grands éventails colorés. Je feuillette mollement la carte, indécis; mon amie s’enflamme, me signale les sizzlings, les gyosas, la recette particulière des «demoiselles du Mékong» (enrobées de viande), les crevettes Bokor (aux arachides et aux légumes sautés à la cannelle), les langoustines de Hanoi… Mes instincts de carnivore m’orientent plutôt vers l’assiette du chasseur, avec ses entrées combinées (rouleaux de printemps et gyosas), soupe au poulet, brochette de poulet grillé, légumes sautés au boeuf (et non l’inverse!), une caille, une côtelette d’agneau grillée… Si l’on vivait de mots, je serais déjà rempli. Tiens! je me sens déjà un peu moins réticent. J’éprouve même de l’intérêt pour les tables d’hôte et les «combinaisons» japonaise, vietnamienne et cambodgienne. Toutefois, même au moment où nous passons notre commande, je me dis encore qu’il doit s’agir d’une cuisine asiatique semblable à bien d’autres. Eh ien, je me gourais! Les soupes, brûlantes et parfumées, ont fort bon goût. Je trouve cela normal. Pour ma compagne, «le vrai test, ce sont les rouleaux». Ils lui sont servis avec la sauce habituelle et un peu de salade. Nous les trouvons réussis, légers, viandeux, en un mot savoureux – bien qu’à mon sens, il y manque une pincée de sel. Quant à mon entrée, elle est composée de deux sushis (saumon et crevette) et de deux gyosas, petits carrés de pâte farcie et frite. Tout cela me plaît bien, mais je suis loin de me douter du plaisir que nous réserve la suite. Pendant que nous mangions, de nombreux clients sont arrivés. Des bruits de voix et des rires montent des deux autres salles à manger et le service se fait fiévreux. Et puis, soudain, nos assiettes arrivent. Mon amie avait commandé des cailles au barbecue. Les voici: à côté de la salade et d’un petit monticule de riz blanc, six demi-cailles dodues, grillées, dorées et fleurant bon le cinq-épices attendent, brûlantes d’impatience, les doigts qui vont s’en saisir… C’est fait. «Oh, que c’est bon!» Pareil cri du coeur me donne envie d’y goûter à mon tour. Ça y est. J’aime. Je les réussis comme cela dans mes meilleurs jours. Deux, trois bouchées… Ma propre assiette? Je l’oubliais. Il s’agit de la «combinaison japonaise», poulet et crevettes teriyaki. Elle aurait pu être quelconque; elle m’emballe, au contraire, et je me surprends à manger à une vitesse phénoménale, comme si je craignais la disparition soudaine d’un enchantement. Finement, très finement panées, les crevettes se révèlent d’une légèreté incroyable, quoique encore charnues et gorgées de saveur. Et les légumes! Moi qui les dédaigne d’habitude, je mets un point d’honneur à n’en pas laisser une miette. Ils sont aussi légers que les crevettes, mêmement panés, et se mangent tout aussi goulûment. Tout à côté, sur la gauche, mouillés de sauce teriyaki: quelques morceaux de blanc de poulet que le cuisinier ou la cuisinière a su sauver de la banalité. L’enthousiasme nous ballotte d’une assiette à l’autre, ma ompagne et moi. Et nous rions à tout bout de champ. Pour rien. Ou plutôt si: parce que la chère est bonne et nos désirs comblés.

Restaurant Café d’Orient
78, côte du Passage
Lévis (Québec)
Tél.: (418) 833-6769
Tables d’hôte: 11,95 à 18,95 $
Souper pour deux (taxes incluses): 37,85 $