La Petite Italie semble aux prises avec de grands travaux. Le lifting est remarquable et attire de plus en plus de commerces et de restos de caractère. Le Luca Bianca, dans un décor rococo auquel on a, contrairement au reste du quartier, laissé son aspect un peu kitsch avec des colonnes gréco-romaines et des statues de David et de la Vénus de Milo, incarne néanmoins le parfait exemple d’un certain type de restauration montréalaise: bien tenu et ennuyeux! En outre, avec son nom et dans un tel environnement, ce resto peut, à la rigueur, porter à confusion. Car on y sert une cuisine française qui n’est pas mal faite, mais qui ne détonne pas et qui utilise des produits de qualité très moyenne – à deux pas du Marché Jean-Talon, c’est un peu dur à avaler.
Cela dit, on y propose une formule incluant la soupe, le plat et un café filtre (dans la Petite Italie, voyons donc!) à un prix unique, entre 23 et 26 $, auquel il faut ajouter le prix du dessert (entre 4 et 6 $). Une note un peu salée pour une cuisine approximative. Au moins, on économise sur le prix de la bouteille en y apportant son propre pinard.
Ainsi, une soupe, davantage un velouté de légumes passés à la moulinette, libère une trace d’amertume – sans doute la présence de chou ou de céleri – qu’il faut adoucir en faisant fondre un peu de beurre; ce dernier est servi dans des barquettes commerciales en plastique avec de la baguette sans goût. Comme plats principaux, une longe d’agneau, grillée à la perfection, est nappée d’une sauce à base de fond brun relevée de menthe, légèrement figée et un peu collante, laissant elle aussi une pointe d’amertume. Les cailles désossées sont savoureuses, farcies d’un mélange au goût de pistaches et recouvertes du même genre de sauce consistante que celle accompagnant l’agneau. Et il semble en être de même pour le reste de la carte, si j’en juge d’après ce que j’aperçois dans les autres plats qui défilent sous mes yeux. L’accompagnement de légumes – comme partout dans ce genre de resto – est parfaitement anodin et mal songé: du chou vinaigré qui nuit à la douceur de la sauce, et certainement au vin, des courgettes blondes et des haricots miniatures blanchis et revenus dans le beurre et des pommes de terre… frites. Tout cela fait "vu et revu" cent fois. En douceur, la crème brûlée est onctueuse et constitue le meilleur moment de ce repas.
Si le service hésite parfois, il connaît son affaire et s’occupe de ses clients, c’est déjà ça. Comptez toutefois presque 65 $ pour deux avec les taxes et le service, et on apporte son vin.
Luca Bianca
7076, boulevard Saint-Laurent
Tél.: 278-7301
Le Bistro du roy
Contre vents (de fusion) et marées (de branchés), ce tout petit bistro du Plateau perpétue la bonne cuisine française classico-bourgeoise. Et tant qu’à faire, pourquoi pas, puisqu’il en faut de ces lieux où la musique est doucement nostalgique; la soupe, comme celle de maman; les sauces, riches et pleines de goût; les viandes, de bonne facture; et les plats, comme ceux que l’on trouve dans les arrondissements populaires parisiens: bavette à l’échalote, entrecôte, confit de canard, profiteroles; il ne manque que la tête de veau et l’andouillette! Eh oui, nous l’aimons cet endroit, car il est chaleureux, un peu bohème, son décor est hétéroclite, et il nous rappelle que la bonne cuisine n’a pas besoin de flaflas pour se faire valoir. Comptez un peu moins de 40 $ à deux avec les taxes et le service, et on y apporte aussi son vin.
Le Bistro du roy
3784, rue de Mentana
Tél.: 525-1624