Restos / Bars

Les Folies : Art déco

Qu’est-ce qui anime ce nouveau petit café baptisé Les Folies, un lieu vaguement lounge? Pas une révolution culinaire en tout cas, rien de trop branché non plus, un endroit où la simplicité et la coquetterie tiennent lieu d’idéologie plus que de concept.

Qu’est-ce qui anime ce nouveau petit café baptisé Les Folies, un lieu vaguement lounge? Pas une révolution culinaire en tout cas, rien de trop branché non plus, un endroit où la simplicité et la coquetterie tiennent lieu d’idéologie plus que de concept. Les beaux jours – s’il en reste encore, profitez-en -, la terrasse est vraiment agréable avec son air de Côte d’Azur ou de South Beach.

C’est que le décor et l’esthétique sont inspirés du magazine Wallpaper. Vous connaissez ce magazine anglais? Triomphe du design des années 90, question trends, on y a remis à l’air du temps le courant esthétique modern style qui faisait frémir d’horreur tous les baby boomers. Aujourd’hui, il les fait courir d’un antiquaire à l’autre pour dénicher ce qui reste de bons coups. On pourrait aussi appeler ça le style Expo 67 tant l’usage des courbes et du plastique est flagrante. Très réussi comme aménagement. Même si la cuisine ne cherche pas à faire de trouvailles, elle conçoit toutefois des mariages qui sont faits sans forfanterie. Avec des saveurs un peu singulières et des tournures maniérées à la carte (sorbet hédoniste? salade énergie? crème sandwich?), on cherche à se distinguer de la ligue des pseudo-méditerranéens qui ont envahi le quartier.

Au menu, ni pizza ni pâtes, mais des salades tièdes et quelques propositions quotidiennes; ce soir-là, un poulet sauté à la basquaise dont la réalisation n’avait plus grand-chose à voir avec l’appellation, une volaille un peu sèche, réchauffée avec trop peu de jus et aucune trace de poivrons rouges. Mais la salade de poulet au vin blanc aromatisé d’épices à la thaïlandaise, servi sur un panaché de laitues bien croquantes, est plus réussie.
Côté douceurs, des beignets aux pommes, frits et un rien mous, indiquent deux choses: une huile pas assez chaude et une pâte qui ne convient pas à ce genre de cuisson. Une certaine madame Thibault, dont la recette aurait inspiré le chef, ne serait pas très fière de cette interprétation. Il faudrait lui téléphoner et lui demander des précisions. Les tempuras de légumes, à la japonaise, servis en buisson sur quelques feuilles de laitue, tiennent mieux la route dans la friteuse. Il y a aussi des tomates poêlées et bien caramélisées, accompagnées simplement d’un fromage hongrois, le halloumi, passé en bassine d’huile. Conclusion: on aime frire ici mais il nous manque encore quelques notions de chimie. Alors disons-le: le lieu est vraiment sympa, mais la cuisine aurait besoin d’une légère prise de conscience pour être à point. Cependant, les prix, eux, sont raisonnables. Ceci suffit-il à justifier cela? Comptez une petite quarantaine de dollars à deux, avec les taxes, le service et deux bières pression.

Les Folies
701, avenue du Mont-Royal Est
Tél.: 528-4343

Amuse-gueule
Vous aimeriez découvrir les produits de l’Émilie-Romagne, l’Eldorado de la cuisine italienne raffinée? Le restaurant Le Muscadin, au 100, rue Saint-Paul Ouest, organise jusqu’au 17 octobre une seule petite semaine de promotion de cette cuisine, en collaboration avec la Délégation commerciale italienne. L’occasion est d’autant tentante que ce restaurant est l’une des meilleures tables italiennes de la ville, et que sa carte des vins, impressionnante, est reconnue comme l’une des plus savantes.
Information: 842-0588.

Francis Cabanes a laissé discrètement sa marque sur l’histoire récente de la gastronomie au Québec en devenant le premier pâtissier à faire des pâtisseries de luxe, mais aussi en initiant les Montréalais à des spécialités de son pays comme le foie gras. Nous lui devons beaucoup. Il a fondé la Pâtisserie de Gascogne, la seule institution de ce genre à avoir survécu et même à s’être multipliée! Francis Cabanes se raconte maintenant avec émotion dans un très bel ouvrage autobiographique Une histoire toute simple (Éditions Carte Blanche), dans lequel on traverse la seconde moitié du vingtième siècle, et le récit de sa migration du Sud-ouest de la France au Québec des années 50. On lit ça comme un condensé de notre histoire à nous, chargé d’anecdotes, illustré de photos d’archives personnelles, et parfois de petites recettes ici et là comme c’est devenu la norme dans ce type d’oeuvres. Je suis passé au travers de ce très joli livre en quelques heures, un ouvrage qui n’est pas que l’histoire d’un pâtissier mais celle, beaucoup plus attendrissante, d’une vie.