Le principe fondateur du fast-food est d’être rapidement servi et consommé. Inutile de méditer sur le décor ou le service, la plupart du temps, il n’y a ni l’un ni l’autre. Et même si le fast-food va comme un gant à la vie nord-américaine, toujours plus rapide, cette forme de restauration existe depuis des centaines d’années et ne converge pas nécessairement vers le junk food, un concept apparu, lui, avec l’industrialisation de la nourriture.
En Asie, le fast-food se manifeste dans des petites échopes, chacune se spécialisant dans un ou deux plats. Mutées à Montréal, avec notre climat et surtout nos lois municipales qui empêchent toute forme de restauration à même la rue pour des raisons de "salubrité", ces spécialités apparaissent au menu des restaurants. Les clients ne se doutent pas qu’un pad thaï se mange rarement dans un resto en Thaïlande et qu’une soupe pho est avalée à même le trottoir à Saigon.
C’est peut-être le principe qui se cache derrière Thaï Express, dont le but est de vous faire manger le plus vite et, surprise, le plus correctement possible. On connaît ce nom grâce à un premier comptoir qui s’est établi il y a quelques années boulevard Saint-Laurent. On y proposait des plats assez bien préparés, puisés à une certaine gastronomie populaire thaïe. Mais on servait tout ça dans des plats à réchaud de style cafétéria. Au bout de quelques heures, les sautés avaient l’air de panades, et les plats de légumes prenaient une coloration un peu glauque. Depuis, on a aménagé une annexe de l’autre côté de la rue qui accueille non seulement des étudiants fauchés, mais les joliment fringués du boulevard, quelques heures avant d’envahir les planchers de danse ou quelques heures après y avoir passé la nuit. On sert le même genre de nourriture, mais concoctée à la minute cette fois. Par des Thaïs, nous assure-t-on! Dans la mentalité "succursaliste" devenue la nôtre depuis l’invention du concept McDo, avec un décor bon marché exactement copié sur le premier – banquettes singulièrement inconfortables, et une ambiance de bazar oriental de centre commercial -, on a ouvert un troisième Thaï Express, celui-là au centre-ville.
La carte, inutilement incohérente, nécessite presque des études avancées pour la déchiffrer. Mais passé la confusion initiale, les plats servis sont exécutés minutieusement, avec de bons produits, et qui, pour une fois, goûtent vraiment la cuisine thaïe. Sans blague! Ainsi, un plat connu là-bas sous le nom de khanom chin, composé de nouilles de riz fraîches (par opposition aux sèches) sur lesquelles on verse une sauce à la noix de coco riche, parfumée au curry rouge, jaune ou vert (le rouge étant cependant la version authentique) au nam plaa, aux feuilles de coriandre et aux tomates, puis saupoudré d’un peu d’ail séché représente un mets sain et relevé qui vous changera des pad thaïs. On peut aussi choisir des plats sautés, de nouilles, de riz – excellent riz frit au basilic – ou de viande, des caris de crevettes, de porc, de poulet ou de boeuf, servis avec du riz vapeur, et quelques salades, ayant réellement le parfum et la morsure qu’il faut. On vous sert votre mets dans un joli bol en faïence chinoise; mais, de grâce, oubliez les baguettes, qui ne sont pas utilisées en Thaïlande, et optez plutôt pour la fourchette et la cuillère. De plus, sachez que vous ne défoncerez pas votre budget: à compter de 13 $ par personne pour un repas très copieux, incluant le service et les taxes.
Thaï Express
977, rue Sainte-Catherine Ouest
Tél.: 842-4356
Amuse-gueule
Petits Plats thaïs (Marabout), c’est le titre d’un ouvrage – sans auteur identifié – qui fait partie d’une nouvelle collection sur les cuisines et les produits asiatiques. Vendu à prix modeste, les recettes, les explications et les photographies qu’il renferme sont pourtant de très grande qualité. Et bien que le format soit presque celui d’un livre de poche, le contenu s’apparente à celui d’un beau livre. C’est l’occasion de faire des économies, en ne négligeant pas la précision et l’authenticité. On y décrit aussi les sortes de riz qu’utilisent les cuisiniers siamois, les fruits et les légumes tropicaux et les assaisonnements. Seul bémol: on ne trouve que dix-huit recettes, toutes parfaitement bien expliquées et illustrées cependant. Ouvrage d’initiation par excellence.
– Le Reine Élizabeth continue d’inviter des chefs de grande réputation à venir s’exécuter, le temps d’une quinzaine culinaire. Aux côtés du chef de cuisine Alain Pignard, ces vedettes du fourneau font mouche à tout coup, stimulent les brigades et apportent un souffle nouveau – en plus des recettes et des techniques – au personnel de cuisine. C’est l’équivalent d’une période de formation, histoire de s’ouvrir à d’autres idées. À partir du 25 octobre et jusqu’au 12 novembre, le chef invité est italien. Et chose étonnante dans ce métier, c’est une toute jeune femme, Cinzia Certosini, qui a travaillé entre autres auprès de Roger Vergé et de l’Italien Angelo Paracucchi et qui est maintenant propriétaire de son propre restaurant à Sienne. Pour information et réservation: 861-3511.