Restos / Bars

Ferrari : Auto cuisine

Le Ferrari, comme son nom l’indique, est un restaurant essentiellement italien. Comme il existe un rapport intime entre cette voiture de luxe et le Québec, il ne faut pas s’étonner de trouver au centre-ville cette mignonne trattoria où la télé reste allumée toute la journée et où le sport  règne.

Le Ferrari, comme son nom l’indique, est un restaurant essentiellement italien. Comme il existe un rapport intime entre cette voiture de luxe et le Québec – Gilles Villeneuve l’a conduite jusqu’à sa mort, cristallisant un lien unique entre la ville de Modène, où se trouvent les usines et le Musée de Ferrari, et notre pays -, il ne faut pas s’étonner de trouver au centre-ville cette mignonne trattoria où la télé reste allumée toute la journée et où le sport règne. J’imagine aisément le patron, en bon Émilien qu’il est, quand il y a course ou calcio!

Mais c’est la cuisine qui nous intéresse ici, et le menu du Ferrari, s’il est incontestablement italien, est placé depuis des années sous la gouverne d’une Québécoise. Lyne Côté est le genre de cuisinière dont on rêve: stable, soignée, une chef qui semble ne pas connaître l’excès et qui fait une cuisine techniquement impeccable, mais surtout propre. Je dis "propre" dans le sens de limpide, tant la pâte avec laquelle on fait la pizza que la pasta, tant les sauces, tant les desserts (qui ne sont pas tous préparés sur place toutefois) révèlent cette clarté dans le goût et dans l’allure qui fait défaut à plusieurs restos italiens où l’à-peu-près reste la norme. Cela prouve bien que la chef connaît et respecte les principes de cette cuisine.

Dans cet inénarrable décor moderne de céramique, de pierre et de bois, avec des tables et des banquettes placées autour d’une cuisine ouverte où tout s’inspecte, on propose un menu plus qu’honnête de pâtes et de pizzas. Entre les sauces Gigi et sicilienne, d’origine méridionale, aillées et tomatées, nous optons pour les goûts nordiques, ceux d’une cuisine plus sophistiquée, où trônent à égale distance le beurre et l’huile d’olive, le parmigiano et les noix. On y exhorte davantage les pâtes fraîches que dans la cuisine du Sud qui montre, elle, une nette préférence pour la pasta asciutta (séchée). Ainsi d’extraordinaires tagliolini (et je pèse mon qualitatif, je vous assure) aux oeufs, roulées et taillées à la main, sont proposées avec une sauce aux échalotes émincées, aux noix de pin, à l’huile d’olive et au parmesan. C’est riche, oui, mais c’est tellement bon qu’on a envie d’y tremper un bout de pain. Mais, ô hérésie, on ne vous servira pas de pain avec les pâtes, le pain étant aussi de la pâte, au cas où vous l’auriez oublié. Autrement, on vous propose ces pastas sautées avec du beurre, du zeste de citron frais râpé et du parmesan. Je vous vois saliver. Seul bémol: il y manque un peu de sel, sans doute la crainte de tous les cuisiniers d’ici qui ont une relation trouble avec le principal condiment de la nature, à propos duquel on nous casse les oreilles, à savoir qu’il menace notre pression artérielle. Or, la cuisine sans sel manque de vie, et les saveurs, de complexité, car le sel unit les parfums et contribue au mariage des composantes d’un plat. Sans sel, pas de vie. Cela dit, les pizzas sont toutes aussi bonnes, les soupes faites avec du vrai bouillon, les salades assaisonnées avec justesse et les desserts, telle la tarte aux pommes et au citron, sont plus québécois qu’italiens c’est vrai, mais nous laissent sur la confortable assurance qu’on a mangé un bon repas. Et si la cuisine reste celle d’un bistro dans la simplicité (et dans les prix modestes), on ne fait pas d’exception quant aux produits, tous de très bonne qualité. J’en veux pour preuve la fidélité de la clientèle composée d’hommes d’affaires, d’étudiants et de femmes seules, qui ont adopté ce lieu du centre-ville résistant, tel Astérix aux Romains, à la pression des pizzerias commerciales.

Même le café – suprême critère de qualité en Italie – se boit jusqu’à la dernière goutte sans faire de grimaces. Comptez 40 $ pour deux repas, taxes et service, avant le vin. Soir et midi.

Ferrari
1407, rue Bishop
Tél.: 843-3086

Amuse-gueule
Au Beaver Club de l’hôtel Reine-Élizabeth, jusqu’au 12 novembre, goûtez la cuisine très recherchée de la chef Cinzia Certosini de Sienne. Pour 99 $ par personne, le repas comprend une entrée chaude, puis une entrée froide, suivies d’un plat, d’un service de fromages, d’un dessert et de mignardises choisies parmi une carte impressionnante; chaque service étant accompagné d’un verre de vin de la maison Barone Ricasoli, du Chardonnay au Brolio. C’est une excellente occasion de se familiariser avec la touche toute particulière de la Toscane classique, tant sur les vins que sur les plats. On peut aussi préférer les plats à la carte; mais sachez qu’à ce prix, la table d’hôte est vraiment une occasion! Réservations: 861-3511.

En Italie toujours, Une vie al dente, le délicieux roman (dans tous les sens du terme) de Stefania Giannotti, publié dans la collection Littératures Autrement, s’intéresse au passé d’une jeune femme à travers la relation passablement gourmande qu’elle a entretenue avec sa grand-mère. Entrecoupée de recettes (on n’y échappe pas), on suit un peu la trajectoire de cette obsédée de la table dont la prose, légèrement affectée, me rappelle un peu celle d’Amélie Nothomb. Encore de quoi nous mettre l’eau à la bouche.