Ni un ni deux, mais trois apéros. Nous les avons éclusés pas loin de là, mon amie et moi, dans une ambiance de pré-Halloween bruyante à souhait. Nous avons tout de même marché en ligne droite jusqu’au Down Town qui ne laisse pas de nous intriguer depuis son ouverture. Passé l’entrée, deux énormes citrouilles jaunes montent la garde au haut de quelques marches d’escalier. C’est là qu’on nous accueille avec empressement et courtoisie avant de nous placer dans un angle de la pièce. La plupart des murs sont de briques rouges. À ma droite, un peu en retrait, un escalier raide file en direction de l’étage supérieur dont les murs clairs s’ornent de fresques dessinées à partir de photographies d’époque. Les haut-parleurs débitent du jazz sans discontinuer. La carte ouverte devant moi, je note ce qui me saute aux yeux, me tente ou m’intrigue: rillettes de saumon aux capucines et sauce tartare, penne au duo de piments (jambon cuit, oignons, olives noires, champignons et crème), tresse de saumon et pétoncles…. "De l’espionnage industriel?" demande en souriant celui qui nous a reçus. Je réponds que c’est justement ça mon hobby, "Peut-être que vous faites comme ce que disait un journaliste… Il prend toujours des notes dans les restaurants pour être sûr d’avoir du bon service…" Je lui affirme sans rire que c’est pour mes mémoires. Mon amie et moi trinquons au Trebbiano, nous interrogeant sur les mérites possibles du suprême de volaille, de l’escalope de saumon grillé au caviar de légumes, de la longe d’agneau et sa tapenade à la provençale. Le doré du lac au beurre ou l’"assiette tout canard et son chou braisé"? La table d’hôte l’emporte finalement. Je commence par les "cuisses de grenouilles et flan végétarien au coulis de tomates". Très bonne la sauce, faite de tomates concassées et de fines herbes; un peu acide, tout de même. On aurait dû y faire cuire directement les cuisses de grenouilles; elles y auraient perdu un peu de leur fadeur. Mais, ô surprise! Le flan!… Je crois rêver. Léger, goûteux, assaisonné sans excès: en un mot, parfait. Il hantera ma mémoire jusqu’à la fin du souper, jusqu’au coucher et au-delà. De son côté, mon invitée ne tarit pas d’éloges à l’endroit de son millefeuille de crevettes sur lit de fenouil et velouté de basilic. Il suffit d’une bouchée pour me convaincre. L’arrivée de nos plats de résistance se fait attendre. Un peu trop. Nous commentons ce qui se mange aux autres tables, la musique, les tableaux laminés accrochés ici et là… Puis ma caille farcie arrive, nappée d’une sauce brune très foncée, corsée et de bon goût. Quelques champignons s’y prélassent. En guise d’accompagnement, des pommes de terre à la dauphinoise, des courgettes et d’autres petits légumes qui m’intéressent moins que la chair fine et dodue des cailles. Dans l’assiette de mon invitée, quelques pétoncles habillés d’algues volent la vedette à la tresse de saumon qui, pourtant, se défend plutôt bien. Et nous mangeons, heureux et, surtout, contents de découvrir une table bien meilleure que ce que nous laissait croire le nom de l’établissement. En nous annonçant les desserts, on nous rappelle qu’ils sont confectionnés sur place par un pâtissier de profession. Alors, par simple curiosité, mon amie se fait servir un gâteau au mascarpone et poires surmonté de quelques tranches de kiwi. Je constate alors que la curiosité peut mener loin. Si loin que la petite assiette repart aussi nue qu’au jour de sa naissance.
Resto-bar Le Down Town
299, rue Saint-Joseph Est
Québec (Québec)
Tél.: (418) 521-3363
Menus du midi à partir de 5,75 $
Table d’hôte: 17,95 à 24,95 $
Repas pour deux (incluant boissons et taxes): 60,85 $
La santé au dessert
Une centaine de pages superbement illustrées par le photographe Pierre Paquin, "52 desserts allégés, sans noix ni arachides", tel est l’ouvrage que vient de faire paraître le maître pâtissier Didier Girol, professeur au Centre intégré en alimentation et tourisme de Québec. L’auteur s’est assuré la collaboration de la diététiste et enseignante Suzanne Beaulieu qui, après les derniers "conseils techniques de l’auteur", nous parle un peu de nutrition (p. 96). J’ai commencé par ouvrir le livre au hasard, comme à mon habitude. Pour un peu, je m’en serais désintéressé. Ce peu s’appelle "huile de canola" (pages 24 et 30) et me laisse perplexe. Je me suis demandé: "Quand on parle de santé, pourquoi ne pas utiliser un produit moins suspect? L’huile d’olive, par exemple?" J’y suis tout de même revenu, mais après plusieurs jours. La santé au dessert est un ouvrage bien structuré, pratique, où rien n’a été laissé au hasard. Il s’adresse à tous ceux qui, pour des raisons médicales, renoncent aux pâtisseries "traditionnelles". Pâtes à tarte, à choux, à pizza, gâteau des anges ou gâteaux de fêtes, muffins, mousses, crêpes, sorbets et yaourts se rangent sous neuf rubriques distinctes et, à l’occasion, renvoient à telle ou telle autre préparation. Chacune des recettes comporte invariablement la liste des ingrédients, la réalisation et le rendement (par exemple, huit portions de 85 g pour le clafoutis aux cerises noires). Sur le plan diététique, un petit tableau précise la teneur en calories, protéines, glucides, etc. (valeurs d’ailleurs rapportées dans un grand tableau qui clôt l’ouvrage). Pour finir, l’auteur nous laisse au bas de chaque page un conseil pratique du genre "Gardez la peau de l’orange et pressez-la au-dessus de votre sauce au chocolat…"
La santé au dessert
par Didier Girol
Éditions MultiMondes
2000, 100 pages